Chelsea : Course au titre, Maresca, mercato, Nkunku... Entretien exclusif avec Christophe Lollichon !

Ancien entraineur des gardiens à Chelsea (de 2016 à 2022), Christophe Lollichon garde un oeil sur l'actualité externe et interne de l'équipe de Londres. Le désormais consultant Canal+ nous a accordé un entretien, dans lequel il répond aux questions sur son ancien club.

Cette saison, Chelsea mérite toute l'attention des observateurs. Au-delà de ses résultats plus que convaincants en Premier League comme en Conference League, l'équipe londonienne, reprise en mains cet été par Enzo Maresca après le mandat de Mauricio Pochettino, est surtout l'une des plus agréable à voir évoluer depuis le début d'exercice. Pourtant, le projet Chelsea avec Todd Boehly, investisseur américain, aux commandes, a pris du temps à prendre forme. Arrivé en 2022, l'homme d'affaires et son projet dans le football ont souffert lors des deux premières saisons. Christophe Lollichon, ancien membre du club en tant qu'entraineur des gardiens et parti en 2022, explique comment cette transition s'est produite au sein des Blues.

"C’est un tout autre club aujourd'hui, nous raconte l'ancien entraineur des gardiens des Blues. Ce n’est plus le club que j’ai connu. Depuis l’arrivée des Américains, tout a changé. Ils ont d’abord « purgé » le club. La politique actuelle est bien différente de celle que j’ai connu. Pourquoi ça a eu du mal à démarrer ? Parce que le changement est tel que ça ne pouvait pas marcher dès le départ. Ils se sont séparés de pas mal de monde. Dont le staff médical, parfois par coup de visio de 3,30min. Les premiers entraineurs n’avaient pas forcément une indépendance totale. Donc ça a été le brouillard au départ explique Lollichon, qui avoue avoir "encore des antennes au club." Il reste très peu de personnes qui étaient là à l’époque d’Abrahamovitch. Au départ, certains avaient la crainte d’être viré. Des gens m’ont dit « je n’arrive plus avec le sourire à Cobham ». Pour ceux qui y sont encore, certains se sont faits tout petits pour ne pas être dans la charrette. Beaucoup de postes ont changé. Entraineurs, staff, domaine médical… Moi je suis parti juste quand ils sont arrivés, en juin 2022. Après ça a été compliqué et des gens n’osent pas parler. Il y avait de la crainte et de l’incertitude autour de la direction que prenait le club."

Le projet enfin lancé, un titre envisageable ?

La question brûle les lèvres des acteurs de Chelsea. Enzo Maresca, comme ses joueurs d'ailleurs, ne veulent pas entendre parler du titre en Premier League. Et ce malgré leur deuxième place au classement, à deux points de Liverpool à l'heure où ces lignes sont écrites. Pour Christophe Lollichon, il est encore trop tôt pour penser à être champion d'Angleterre.

"Le titre ? Honnêtement, je ne sais pas. Il est évident que dans le jeu, quelque chose se dégage de cette équipe, avec toujours des difficultés défensives mais offensivement, c’est impressionnant. Tout le mérite revient à Maresca, qui est un bon entraineur avec beaucoup de matière première. Un titre, ça me parait compliqué car Liverpool, voire Manchester City et Arsenal, sont expérimentés dans la lutte d’un trophée de champion. Chelsea manque encore d’expérience et de cohérence par rapport à ces trois équipes. L’accumulation de matchs peut aussi jouer, avec la Conference League. La C4 est à la portée de Chelsea, comme l’Europa League quand on l’avait gagné à l’époque (2019)."

Equipe A, équipe B, une stratégie ? Non, une conjoncture

En dehors de ses bons résultats et de son jeu attractif, Chelsea a surtout fait parler de lui, ces dernières années, par son activité sur le marché des transferts. Si aujourd'hui, l'effectif grandeur nature des Blues est parfaitement géré par Enzo Maresca qui a confectionné une équipe A et une équipe B assez clairement, pour Christophe Lollichon, il ne s'agit pas d'une stratégie pensée au départ.

"Quand vous avez un effectif plus large que la taille du vestiaire, c’est compliqué. Cet effectif ne manque pas de qualité mais il faut le faire fonctionner. Maresca a une idée franche, contrairement à ses prédécesseurs. Je ne pense pas que ce soit une volonté au départ d’avoir autant de joueurs. C’est une conjoncture qui a fait que Chelsea en est là" nous lance l'homme de 61 ans.

Les gardiens, et Christopher Nkunku

Pour Christophe Lollichon, Chelsea devra se renforcer au poste de gardien de but s'il veut espérer remporter des titres majeurs à l'avenir. Pour l'ancien entraineur des portiers du club, ni Sanchez ni Jorgensen n'ont le niveau nécessaire pour permettre aux Blues de retrouver les sommets anglais et européens.

"Le niveau de ces deux gardiens est en dessous de ce qu’a pu connaitre le club, évidemment. Sanchez prend de la place mais au pied il n’est pas très rassurant. Il n’est pas l’assurance tout risque en terme de lecture du jeu. Ce ne sera pas suffisant si le club veut continuer d’avoir des bons résultats. Jorgensen, c’est un bon gardien, mais ça a des limites aussi, surtout par rapport à ce que souhaite faire Maresca en termes de jeu."

"Qui pourrai-je proposer à Chelsea ? Je pense à un Français qui est en Angleterre déjà. Meslier est intéressant. Sinon, Lucas Chevalier, évidemment. Les très très bons gardiens sont rares. Tout dépendra des ambitions du club. Des ambitions de titre, ou de trading ? La question est là."

Concernant Christopher Nkunku, qui ne trouve pas de place dans l'équipe A qui dispute la Premier League et qui se contente de miettes en Championnat et de matchs de phase de ligue en Conference League, Christophe Lollichon nous parle de l'avenir du Français.

"On me dit qu’un choix va devoir être pris par le joueur ou le club. Nkunku ne peut pas rester une éternelle doublure, c’est impossible. Je ne sais pas ce qui va se passer, mais ce joueur doit jouer."

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