Le président du RC Lens détruit DAZN et considère cette erreur plus importante que Mediapro pour le foot français

Alors que le football français traverse une nouvelle crise liée aux droits télévisés de la Ligue 1, Joseph Oughourlian a considéré cet épisode comme plus important que celui de Mediapro.

Le football français va de crise en crise et les droits télévisés en sont en grande partie la cause. En pleine crise d'abonnés, DAZN s'est élevé contre la Ligue et les clubs, arguant que le piratage lui nuisait. Dans un entretien accordé au Parisien, Joseph Oughourlian, le président du RC Lens s'est indigné de cette situation.

"L’erreur DAZN est pire que celle de Mediapro. Pour Mediapro, on peut dire : « j’ai fait une erreur mais je ne vais pas la refaire. » Mais avec DAZN, on a persévéré dans cette erreur et on a perdu le consommateur. Il y avait entre 2 et 3 millions d’abonnés à Canal + venus spécialement pour le foot. Avec Amazon, on a eu entre 1,2 et 1,3 million de personnes sur le foot et, maintenant, on entend que DAZN se trouve à moins de 500 000 abonnés. La baisse est catastrophique. C’est insensé dans un pays fan de foot comme la France", a-t-il déclaré.

Réunis depuis vendredi, les présidents de clubs sont de nouveau convoqué lundi prochain pour tenter une sortie de crise, qui pourrait encore causer beaucoup de tord à la Ligue 1 et aux clubs. "Il y a un problème de fond. En six ans, on ne peut pas changer de diffuseur tout le temps. On ne peut pas émietter notre produit. Cela a conduit à perdre nos clients, les consommateurs de foot sur la télé payante et c’est la responsabilité de la Ligue et de son président", a poursuivi Oughourlian.

Une sortie de crise grâce à Canal+ ?

Pour sortir de la crise, Oughourlian voit ainsi deux solutions : "La première serait de faire notre propre chaîne. Beaucoup de gens ne le comprennent pas à la Ligue et certains conflits d’intérêts font que cette option sera très compliquée à mettre en place. La deuxième est de retourner voir des gens sérieux comme Canal +. Quand ces derniers prennent un produit, ils savent le mettre en valeur à leurs téléspectateurs. Si vous voulez que les gens payent, il faut aller chez un bon diffuseur. Ce n’est pas compliqué à comprendre."

Dans cet entretien accordé au Parisien, le président en profite aussi pour adresser un gros tacle à la ligue et aux présidents de clubs, qui ont tourné le dos à Canal+ par apât du gain. "Les clubs ont toujours préféré les solutions financières à court terme à des solutions industrielles à long terme. Pourtant, il ne faut pas être un génie de l’économie pour comprendre que si vous avez un produit, que vous cherchez à le vendre et à le mettre en valeur, vous n’allez pas changer constamment de distributeur."

Le mercato du RC Lens, un autre sujet chaud

Avant d'embrayer sur la situation du RC Lens, rassurante à ses yeux : "Je suis content de dire que le club est à l’abri. On n’a pas de soucis de liquidité et de fonds propres. Et on a déjà anticipé le mercato estival où on pourra même éventuellement se renforcer." Avant de détailler : "On était dans une situation financière compliquée en raison d’un dérapage spectaculaire de notre masse salariale et de deux ventes de joueurs pour 40 millions cet été qui ont avorté au dernier moment (Danso et El Aynaoui, ndlr)."

"Nous avions calculé qu’en décembre on n’avait plus d’argent donc on est allé chercher un emprunt auprès d’une banque américaine pour avoir des liquidités. On a également demandé à nos actionnaires minoritaires, qui avaient une dette convertible avec nous, de convertir leurs dettes en actions pour près de 11 millions d’euros. Cela a renforcé nos fonds propres et fait baisser l’endettement du club", a aussi ajouté le président lensois.

Enfin, il a abordé le mercato hivernal : "On s’est mis en tête de faire un mercato d’hiver assez agressif. On ne voulait pas vendre Brice Samba et Przemysław Frankowski. Mais ils voulaient absolument partir donc on a réussi à obtenir des prix satisfaisants. Je savais également depuis juillet dernier que le deal avec DAZN était très fragile. (...) J'essaie de remettre le club dans une situation économique pérenne. Évidemment, on est moins compétitif mais on avait un problème de liquidités en décembre. On ne peut pas tout miser sur une hypothétique qualification en Ligue des Champions et de mettre le club en défaut de paiement."

Une interview choc qui ne manquera pas de faire parler, à Lens comme ailleurs en Ligue 1.

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