Les 8 moments qui ont forgé la légende Zinédine Zidane
Par Jean Dubas
"Tous les pays du monde qui n'ont plus de légende sont condamnés à mourir de froid", disait un poète français. Lui continue de réchauffer nos cœurs depuis qu'il a explosé à la face du monde, il y a maintenant 26 ans, lors de sa première sélection en Équipe de France. En tant que joueur, puis comme entraîneur, retour sur 8 dates qui ont forgé la légende Zinédine Zidane.
1. Des débuts en fanfare (17 août 1994)
Nous sommes un soir d'août 1994. Moins d'un an après le cauchemar "France - Bulgarie" des qualifications pour la Coupe du Monde l'année suivante. L'Equipe de France joue à Lescure, un match amical a priori anodin contre la République Tchèque. Les hommes d'Aimé Jacquet sont menés 2-0 à la 63e minute.
Le moment que choisit à l'époque le numéro 14 pour faire son entrée à la place de Corentin Martins. Un premier but de fou dont il a le secret, suivi d'une tête en lucarne sur corner, deux minutes plus tard. La légende Zinédine Zidane est en marche.
2. Sur deux coups de tête (12 juillet 1998)
Un premier corner tiré de la droite par Emmanuel Petit. Un deuxième frappé depuis la gauche par Youri Djorkaeff. Deux coups de têtes légendaires du même homme pour les reprendre.
Nous sommes le 12 juillet 1998. Il est environ 23 heures et Zinédine Zidane vient de placer la France sur la carte du monde. Les Bleus décrochent leur première étoile et la vie de Zizou ne sera jamais plus jamais la même.
3. La consécration (22 décembre 1998)
En 1998, tout réussit (ou presque) à Zidane. Vainqueur du championnat d'Italie et finaliste de la Ligue des Champions avec la Juventus avec bien sûr une Coupe du monde en poche. C'est donc logiquement que Zizou est sacré Ballon d'Or à la fin de l'année.
Il devance largement Davor Suker et un certain Ronaldo. Et puisque la légende ne s'arrête pas là, ZZ est encore à ce jour le dernier Français a avoir soulevé le sacre individuel ultime.
4. Le plus beau but (15 mai 2002)
Ils sont des buts qui n'auront jamais de qualificatifs assez puissants pour les décrire. C'est le cas de cette reprise de volée (du gauche) complètement indécente contre Leverkusen, en finale de la Ligue des Champions 2002.
Imaginez vous offrir le trophée européen ultime à votre équipe sur un coup d'instinct "Olive et Tomesque".
5. La partition parfaite (1er juillet 2006)
Un récital, une poésie, un film. Dans le rôle des victimes : Cafu, Roberto Carlos, Zé Roberto, Kaka, Ronaldinho ou encore Ronaldo. Dans le rôle du tueur en série : Zinédine Zidane. Ce premier soir de juillet 2006, ZZ est touché par la grâce.
Tout lui réussi. Passements de jambes, jongles, caviars de l'extérieur du pied, crochets, coup du sombrero... le seul Brésilien ce soir-là joue avec un maillot blanc. Devant les yeux médusés et les bouches grandes ouvertes des 48.000 spectateurs et 11 joueurs en jaune de la Commerzbank-Arena, Zizou récite la plus belle partition de sa carrière.
Un chef d'œuvre signé d'une passe décisive qualificative pour Thierry Henry sur coup-franc. Histoire de marquer le coup.
6. Du coup d'éclat au coup de sang (9 juillet 2006)
France - Italie, finale de coupe du monde 2006, 7e minute de jeu. Le moment choisi par Zizou pour rassembler toute la testostérone de l'Hexagone et assommer Buffon d'une panenka légendaire. Le geste est si osé que la barre transversale elle-même l'aide à rentrer.
Dans le stade comme devant les 715 millions d'écrans allumés à travers le monde, les gens sont dubitatifs. But ? Pas but ? Un seul ne doute pas. Zinédine Zidane célèbre déjà, presque sobrement, un coup de génie qui restera gravé dans l'histoire de la coupe du monde.
On pense alors que le "Maestro", comme vient de le surnommer Thierry Gilardi trois matchs plus tôt, ne nous gratifiera toute sa vie que du meilleur. Le moment choisi par Zizou pour nous gratifier du pire.
En prolongations, échaudé par les mots de Materazzi à son égard, l'impassible capitaine craque, se retourne et envoie, huit ans après, un troisième coup de tête, celui-ci tristement mythique, dans le torse de l'italien. La France s'inclinera ensuite aux tirs aux buts.
Un double déchirement dans le cœur des Français qui finiront par pardonner à leur chouchou, celui qui est sorti de sa retraite pour les faire vibrer jusqu'à ce 9 juillet 2006, avant de se retirer, cette fois-ci pour de bon.
7. Le retour du roi (28 mai 2016)
Deux ans plus tard, on retrouve le héros qui manquait au football français. Peu de choses ont changé finalement. L'Equipe de France n'a depuis pas remporté de titre majeur.
Aucun club français n'a atteint la finale de la Ligue des Champions. Le moment choisi par Zidane pour redorer le blason de la France. De l'autre côté du terrain, ZZ a troqué son maillot de joueur pour le costume d'entraîneur du Real Madrid, et ce depuis seulement six mois.
Tout sauf une anecdote. La légende continue de s'écrire. Après un cinquième tir au but transformé par Cristiano Ronaldo face à l'Atlético de Madrid, Zizou rejoint le club fermé des sept hommes à avoir remporté le sacre européen ultime en tant que joueur puis comme entraîneur.
8. Un triplé jamais vu (26 mai 2018)
On se retrouve deux années plus tard. L'eau mouille, le feu brûle et coach Zinédine Zidane vient de remporter sa troisième Ligue des Champions consécutive.
On écrit cela sobrement, comme si tout était normal. Mais d'un côté, en transformant l'irréel en réel, l'irrationnel en rationnel, l'irréalisable en possible, on peut vraiment se demander si Zizou n'a pas banalisé l'exploit.
Une chose est sûre, de nombreux records sont encore à casser et le dernier chapitre de l'histoire n'est pas encore écrit. On se retrouve dans quelques années, sur les Champs-Elysées avec une troisième étoile sur le maillot. D'ici là, joyeux anniversaire, Mister !