AC Milan : Les 6 raisons de la longévité impressionnante de Zlatan

Zlatan Ibrahimovic est un surhomme : ses 39 bougies ne se remarquent absolument pas sur les terrains. De la volonté, couplée à un physique adéquat.
Zlatan Ibrahimovic est un surhomme : ses 39 bougies ne se remarquent absolument pas sur les terrains. De la volonté, couplée à un physique adéquat. / Alessandro Sabattini/Getty Images
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Irrésistible, Zlatan Ibrahimović réalise un début de saison canon avec l’AC Milan : avec 12 buts en seulement 8 matchs de Serie A, le géant suédois porte les Lombards en tête du championnat. À 39 ans, Ibra s’élève plus que jamais vers les hautes sphères du ballon rond. Un pur paradoxe ? Pas tellement.


Son retour s'annonce comme une excellente nouvelle pour Milan qui, sans lui, a tout de même continué d'avoir le vent en poupe cette saison. Éloigné des terrains depuis le 22 novembre pour une blessure à la cuisse, Zlatan Ibrahimović a retrouvé les terrains depuis la semaine dernière, en prenant part à un match de coupe face au Torino. Auteur d'un doublé ce lundi face à Caglari (0-2), c'est encore et toujours lui qui fait la pluie et le beau temps au club.

L'aura qu'il dégage change à elle seule la face du groupe milanais : ainsi, la formation de Stefano Pioli trône en tête de la Serie A pour la première fois depuis 2012. L’époque pré-Juventus. Celle des Seedorf, Thiago Silva, Inzaghi, Nesta…et Ibrahimović, déjà. Avec Ibra, Milan a retrouvé petit à petit sa gloire d'antan.

Un retour au bercail salvateur

Mais c'est surtout qu'à Milan, Ibrahimović se sublime. Parti la saison suivant le titre des Rossoneri (2012) pour marcher sur la Ligue 1 avec l'émergeant Paris Saint-Germain, le golgoth de Malmö a bouclé son tour d'Europe par une pige de deux ans à Manchester United (2016-2018). Avant de s'envoler pour la MLS et les Los Angeles Galaxy, dans ce qui pouvait s'apparenter, à 37 ans, à une forme de pré-retraite bien méritée sur la côte ouest des Etats-Unis.

Mais Ibra est un éternel prédateur. Une tour imprenable du pléthorique paysage européen du 21ème siècle. Sans conteste l'un des joueurs les plus marquants du début du millénaire. Adulé en messie pour son retour en Lombardie en décembre 2019, le Suédois a régalé et permis à Milan, dans cette saison contrariée par la crise sanitaire, d'accrocher les joutes européennes pour la saison 2020-2021.

Patron d'un des effectifs les plus jeunes d'Europe (Donnarumma, 21 ans ; Dalot, 21 ans ; Tonali, 20 ans ; Leão, 21 ans), l'avant-centre est parvenu à construire un vrai plan de jeu autour de son imposant mètre 95. À lui seul, le Suédois a transformé les Rossoneri d'équipe apathique à "formation offensive, dynamique et rapide." Et ça, c'est R9 lui-même qui le dit.

L'orgueil d'un chef Viking

"J"ai placé la Suède et le France sur la carte du Monde" (...) "Je n'ai pas besoin du Ballon d'Or pour savoir que je suis le meilleur." (...) "Ce que fait John Carew fait avec un ballon, je le fais avec une orange" : comme George Best ou Éric Cantona avant lui, Zlatan Ibrahimović a su entretenir sa légende par un croustillant lot de punchlines énigmatiques.

Derrière ce supposé jeu de rôle bien senti, Ibrahimović est un pur orgueilleux. Pourquoi avoir choisi, à 38 ans, de rentrer en Europe alors qu'il aurait pu toucher le triple dans des destinations plus exotiques ?

Ibra est obsédé par un seul crédo : celui de marquer l'histoire. Celui de toujours chercher la gloire, au détriment de l'argent ou de la facilité. Dans ce cas, autant retourner dans l'un des bastions footballistiques les plus prestigieux au Monde.

D'ailleurs, si le géant de 39 ans, monstre de travail, est aussi affuté aujourd'hui, c'est avant tout dû à une mentalité bien définie : Zlatan ne veut pas se voir vieillir, ni baisser en intensité. Il n'acceptera jamais de partir en étant sur le déclin. Car Ibra n'acceptera jamais de faiblir. L'égo serait trop dûrement touché. Pour se faire, il a choisi de lutter avec son seul véritable ennemi : le temps. Et l'échéance est incroyablement bien retardée.

Une soif de buts toujours intacte

L'ADN de Zlatan Ibrahimovic se caractérise avant tout par un sens inné du but. L'ancien joueur de l'Ajax dispose de l'une des plus grosses frappes de mule de l'histoire, et n'est plus très loin de franchir les 500 réalisations en carrière (496 actuellement). Ils ne sont que 29, toutes périodes et championnats confondus dans l'histoire du ballon rond, à avoir atteint ce chiffre.

Auteur de 22 buts en 32 matches toutes compétitions confondues, dont 10 buts en 7 journées de Serie A cette année, Ibrahimovic affiche des standards de haut rang depuis son retour en Lombardie. Plus présent dans les duels aériens, le Scandinave semble même avoir progressé dans un exercice qui était loin d'être son point fort tout au long de sa carrière. À 39 ans, Zlatan se sert enfin de son gabarit imposant. Et c'est tout le Milan AC qui en profite.

Une adaptation dans le jeu

La force des plus grands, c'est après tout de savoir s'adapter. Ibrahimović n'a plus ses jambes de 20 ans. Celle de l'Ajax et de la Juve, époque révolue d'un joueur moins efficace dans la zone de vérité, mais qui proposait un parfait alliage de puissance, technique et vélocité. Demandez donc aux pauvres défenseurs de NAC Breda, qui doivent encore tituber 16 ans plus tard... (vidéo ci-dessus)

Alors, pour continuer de performer à bientôt 40 ans, le géant de Scandinavie s'est affranchi de quelques fantaisies, en épurant drastiquement son jeu. Fini les décrochages systématiques, l'avant-centre des Rossoneri, qui touchait en moyenne 65 ballons par match dans sa dernière saison au PSG (2015-2016, une stat quasi anormale pour un attaquant), participe moins au jeu avec l'âge.

Cette saison, avec une moyenne de 50 ballons joués par rencontre, Ibra filtre sa contribution dans l'animation offensive. En faisant les choses simplement. Et justement. Sur ses 22 buts marqués sous le maillot de Milan ces 11 derniers mois, le droitier a inscrit 17 réalisations en une touche de balle, les cinq autres étant en seulement deux touches.

Disposant toujours d'une frappe de mammouth d'une précision chirurgicale et d'une dextérité technique toujours hors-norme pour un tel gabarit, Zlatan Ibrahimović demeure la menace n°1 pour les défenses adverses.

Une hygiène de vie irréprochable

Certes, sa contribution défensive, insuffisante par le passé, est aujourd'hui inexistante. Mais l'ex joueur du Barça dispose à son âge d'une vision du jeu toujours aussi exceptionnelle. Zlatan connaît ses qualités, mais aussi ses défauts. Qu'il parvient à dissimuler merveilleusement.

Son déficit de vitesse, aujourd'hui criant, est compensé par un placement offensif quasi-parfait : il n'hésite pas à partir en profondeur à la limite du hors-jeu, prenant parfois de court les charnières adverses.

Remiseur d'élite pour les attaquants qui gravitent autour de lui, le Nordique pèse toujours autant sur les défenses. À sa manière. Sa médaille noire de taekwendo demeure une arme de destruction massive dans la surface. Avec sa souplesse légendaire, Ibrahimović demeure aujourd'hui un attaquant unique en son genre, auteur de buts 'zlatanesques' et bien souvent ahurissants.

Ahurissant comme son retour en forme. Eternel, Zlatan peut jubiler. Son retour en force en Europe a réussi à faire taire les derniers sceptiques, qui le pensaient rouillé après un an et demi passé en Amérique. Mais le meilleur buteur de l'histoire de la sélection suédoise rugit toujours avec hargne. 

Ses partenaires d'entraînement ont, de tout temps, toujours été impressionnés par sa détermination lors des séances d'entraînement, de musculation. Le travail foncier extraordinaire de Zlatan Ibrahimović, contribue, c'est une certitude, à un rajeunissement spontané de son corps.

Zlatan est un cas unique dans le football

La cure de jouvence de Zlatan Ibrahimovic, magnifique, ne peut que mettre en valeur cette hygiène irréprochable du géant technicien. A l'instar de Roger Federer en tennis, Ibra est le symbole même de l'évolution de la qualité de vie des sportifs professionnels, qui disposent de meilleures infrastructures et d'un bien meilleur suivi pour durer au sommet. 

Pourtant, le Suédois le sait : son statut d'indéboulonnable n'est pas éternel, surtout au sein d'un club en reconstruction, et qui vise avant tout sur l'avenir. Le contrat d'Ibrahimovic doit expirer à l'été 2021. La réponse ne dépend donc pas seulement de lui, mais l'issue pourrait s'avérer joyeuse.

Car Zlatan est un cas à part dans le paysage footballistique mondial. Partout où il est passé, le natif de Malmö a su marquer les esprits, faisant de lui l'outsider numéro 1 des Messi, Ronaldo, Ronaldinho ou Neymar pour le statut si subjectif de "meilleur joueur du début du siècle". Qui d'autre que Zlatan, le Milan AC accepterait-il encore dans son écurie à presque 40 ans ? Des légendes, et rien d'autre. Le Suédois en fait indéniablement partie.

La direction des Rossoneri serait d'ailleurs prête à prolonger son contrat d'une année supplémentaire. Histoire de participer (peut-être), à une dernière croisade européenne. Si ce souhait se concrétisait, Zlatan Ibrahimović rejoindrait le club très fermé des plus de 40 ans ayant évolué en Serie A : Totti, Zanetti, Maldini. Tous ont pris leur retraite à 41 ans. Quid d'Ibra ? L'histoire serait belle.