Comment Unaï Emery a replacé Aston Villa sur la carte de l’Europe

Fort d’une réputation de spécialiste des coupes d’Europe, Unaï Emery est retourné en Angleterre en novembre 2022 pour sauver le navire Aston Villa, qui tanguait dangereusement en eaux troubles. En un an et demi, il s'est déjà bâti à Birmingham un héritage de légende du club. 

«Here is to you, Unaï Emery, the Villa loves you more than you will know. » Ces mots à eux seuls résument la relation privilégiée que partagent les supporters d’Aston Villa avec leur entraîneur. « Aston Villa t’aime plus que tu ne le sauras jamais. » Des mots souvent réservés aux joueurs de légende, aux stars parfois éphémères comme Philippe Coutinho, ou aux idoles du passé. 

Le passé, c’est d’ailleurs souvent le temps privilégié par le club de Birmingham. Illustre équipe des années 1980, vainqueur de la coupe des clubs champions en 1982, Aston Villa a, bien trop souvent ces dernières décennies, vécu avec l’œil dans le rétro. Dès son arrivée, Unaï Emery avait placé les objectifs du club : remporter un titre et disputer la coupe d’Europe. 

La Ligue des Champions, du rêve à la réalité

Il ne lui aura fallu que sept mois pour parvenir au deuxième objectif. Passant de la 16ᵉ à la 7ᵉ place du championnat le plus relevé du monde, il a mené ses Villans à Edimbourg, Mostar, Alkmaar, Varsovie, Amsterdam, Lille et Le Pirée. Si les siens ont finalement échoué aux portes de la finale d'Europa Conference League, face à l’Olympiakos, l’appétit est venu en mangeant. Solidement installés dans le Top 5 de Premier League depuis le mois de septembre, les Claret and Blue ont affiché leur folle ambition : disputer la Ligue des Champions. 

Ce mardi, sur les coups de 22h00 heure locale, les hommes d’Unaï Emery ont validé leur ticket pour la C1 new look. Une victoire de Manchester City à Tottenham permettant aux Villans de valider définitivement leur 4ᵉ place. Le tout, une journée avant la fin du championnat. Une ascension fulgurante : cinq ans plus tôt, les Villans évoluaient encore en Championship (D2 anglaise), échappant à la redescente immédiate lors de l’ultime journée de Premier League la saison suivante. 

Sir Alex Ferguson impressionné

La saison avait pourtant démarré difficilement pour Villa. Trois jours avant de se déplacer à Newcastle pour la première journée, Emiliano Buendia était victime d’une rupture des ligaments croisés à l’entraînement. Contre Newcastle, c’est Tyrone Mings qui subissait le même sort. Un match dans lequel les Villans auront encaissé un cinglant revers 5-1.

Face à la pluie de critiques, un homme s’était dressé : Sir Alex Ferguson. Répondant à une question sur l’équipe qui l’avait le plus impressionné, l’illustre ancien manager de Manchester United avait répondu : «En voyant le score, je n’en croyais pas mes yeux. Aston Villa a pratiqué un football fantastique.» Une déclaration qui avait fait grand bruit auprès des observateurs, jugeant que le poids des années avait fait effet chez Fergie. Une fois encore, le manager écossais avait tout vu, avant tout le monde. 

Les semaines qui suivirent lui donnèrent raison. La patte Unaï Emery prenait forme petit à petit. Hormis une leçon reçue à Anfield face à Liverpool (3-0) et une sortie prématurée de Carabao Cup contre Everton (1-2), Aston Villa montait en puissance. Le point culminant de ce début de saison abouti étant incarné par cette démonstration face à Brighton à Villa Park (6-1). 

Emery, le Panoramix des Villans

Avec une défense solide et un piège du hors-jeu parfaitement rôdé une bonne partie de la saison, c'est par des attaques éclair et une utilisation redoutable des couloirs que les Villans ont brillé. Avec la vitesse d'un Leon Bailey retrouvé, allié au sens du placement de l'incontournable Ollie Watkins (19 buts, 13 passes décisives en championnat), Unaï Emery a aussi su s'appuyer sur un milieu de terrain en mode rouleau compresseur.

La qualité de relance de joueurs comme Douglas Luiz et Boubacar Kamara, conjuguée à l'hyper-activité de John McGinn ont fait des merveilles jusqu'à la blessure du milieu français. Ajoutez à cela la montée en puissance de Youri Tielemans, au firmament contre Arsenal en avril dernier (2-0), vous obtenez la potion magique du druide Emery.

Faisant de Villa Park une véritable forteresse, battant tous les records du club, Unaï Emery a surtout bâti une équipe capable de briller par sa régularité. Dans les résultats, d'abord. Dans les performances, aussi. En témoigne cette folle semaine de décembre, où les Villans l'ont emporté consécutivement face à Manchester City et Arsenal, les deux prétendants au titre en Premier League.

Fidèle à sa "culture sans excuse" qu'il théorisait dans le programme de match du 24 février dernier en préambule de la réception de Nottingham Forest, Unaï Emery a tout réussi ou presque cette saison. À commencer par sa volonté de ne jamais se cacher derrière les blessures, pourtant nombreuses et régulières. "Nous devons être prêts à gagner." La maxime du stakhanoviste manager espagnol depuis son arrivée dans les Midlands de l'ouest.

La clé dans la régularité

La gagne, c'est bel et bien ce qui a défini les Villans - un temps engagés dans la course au titre - tout au long de la saison. Quatrièmes ex-aequo à l'extérieur (40pts), les hommes d'Unaï Emery auront affiché tout autant de régularité à l'extérieur (28pts, 4ᵉ meilleur total), symbole d'un changement drastique de mentalité depuis le départ de l'insipide Steven Gerrard.

Ces Villans ont impressionné à bien des égards. Pep Guardiola, Jürgen Klopp, Mauricio Pochettino, Thomas Frank, Roberto De Zerbi, tous ont loué les qualités d'Unaï Emery et de son équipe. Une équipe avec de la ressource et du caractère, mais surtout une envie folle d'être actrice de son propre destin.
"Je ne veux pas penser à Tottenham parce que c'est entre nos mains", avait déclaré Unaï Emery en conférence de presse après la défaite contre Brighton le 5 mai dernier (1-0). Ironie du sort, c'est bien une défaite des Spurs qui a permis aux siens de valider leur billet pour la C1 ce mardi soir, en pleine cérémonie de remise des prix du club. Une défaite qui n'a pas manqué de susciter la joie du manager espagnol. "Cest un jour très spécial. C'est notre rêve, nous avions débuté la saison pour être à cette place", confiera-t-il au cours de la soirée.

Si les titres attendront encore un peu, replacer Aston Villa en Ligue des Champions, l'année des 150 ans du club fondateur de la Football League, est déjà un sacré tour de force. Il faut ainsi remonter 41 ans en arrière pour voir les Villans prendre part à la coupe aux grandes oreilles. Un aboutissement ? Bien au contraire. Le début d'une nouvelle page glorieuse d'un géant d'Angleterre, bien de retour sur ses deux pieds.

Le fruit du travail acharné d'un homme qui refuse constamment la lumière. Un professeur à l'académie de la performance, qui ne jure que par l'esprit d'équipe et l'unité de tout un club, associant supporters, joueurs et dirigeants dans une quête commune de succès. Un sage prêt à consacrer des heures avec ses joueurs à l'analyse vidéo. Un manager qui ne croit qu'aux valeurs du travail, de la soif d'apprentissage et de la répétition consciencieuse et répétée des efforts.

"Et sur de grands exploits, bâtir sa renommée", selon la formule consacrée de Pierre Corneille dans le Cid. Celle d'Unaï Emery n'est plus à faire. Elle continue de s'écrire.

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Formé au Stade Lavallois et passé par l'Olympique Lyonnais, Oumar Solet a rejoint, en 2020, l'ambitieux Red Bull Salzbourg. Pilier de la défense du champion d'Autriche, il s'est confié en exclusivité pour 90min. Il évoque son parcours, ses rêves de grand club, de football international et l'Euro 2024, où l'équipe de France croisera le fer avec son pays d'adoption, l'Autriche.

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