Comment Unai Emery a révolutionné Aston Villa

Unai Emery a transformé Aston Villa cette saison
Unai Emery a transformé Aston Villa cette saison / Chris Brunskill/Fantasista/GettyImages
facebooktwitterreddit

Arrivé tel un pompier de service au chevet d'un club malade et destiné à lutter pour son maintien en Premier League, Unai Emery a permis à Aston Villa de faire sa révolution pour devenir, au fil des semaines et des victoires, un vrai prétendant à une place en coupe d'Europe la saison prochaine. Eclairages sur la méthode Emery, l'homme qui fait rêver Villa en très grand.

Aston Villa est à la croisée des chemins. Dans une fâcheuse posture après un début de saison raté, qui a coûté à Steven Gerrard sa place sur un banc, le club de Birmingham s'est remis en question. Pour avoir des ambitions européennes, il fallait se donner les moyens d'y parvenir, en s'entourant de spécialistes, d'expérience et d'idées.

C'est ainsi qu'est arrivé Unai Emery un soir de novembre chez les Claret and Blue. Une nomination aussi soudaine que surprenante, tant Emery, demi-finaliste de la Ligue des Champions 2022, semblait éloigné du parcours sinueux et bien loin des projecteurs du football européen des Villans.

Aston Villa, un défi de taille pour Unai Emery

Mais Unai Emery est un homme de défis et surtout un manager de caractère. Moqué en Angleterre pour son accent prononcé, critiqué pour son passage à Arsenal - pourtant proche des standards d'Arsène Wenger et Mikel Arteta -, critiqué en France pour la remontada pour laquelle il a été tenu pour seul responsable ou presque, l'Espagnol a quitté Villarreal pour se lancer dans cette aventure.

Une aventure risquée pour sa réputation, mais replacer Aston Villa parmi les grands d'Angleterre et s'offrir une seconde chance dans "le championnat le plus relevé du monde", selon ses propres dires, est une opportunité qu'Emery attendait. Pour sa première sur le banc de Villa Park, Emery et ses hommes envoient déjà un message : victoire 3-1 face à Manchester United. La machine était (re)lancée.

Désormais pleinement relancé et bien loin de la zone rouge de Premier League, Aston Villa est aujourd'hui un véritable prétendant à une place en coupe d'Europe la saison prochaine. Une remontée aussi spectaculaire pour le club qui végétait à la 13e place (15 points) que fulgurante, avec une 6e place actuelle (50 pts).

Nombre de points d'Aston Villa depuis l'arrivée d'Unai Emery

Créé via Canva
La progression linéaire des Villans sous Emery /

Replacer McGinn et Douglas Luiz, installer Alex Moreno

Pour y parvenir, Unai Emery s'est appuyé sur des axes forts et l'envie de relancer des joueurs mis au placard par Steeven Gerrard, son prédécesseur. Destitué de son capitanat à l'inter-saison, Tyrone Mings était installé de façon durable par Unai Emery, qui en a fait l'axe fort de sa défense centrale qui retrouve des couleurs (11 clean sheets), au point d'être l'une des meilleures défenses de Premier League sur la période mars-avril (2 buts encaissés en 7 matchs).

C'est aussi lui qui replace John McGinn dans un rôle bien plus adapté à son style box-to-box, en le plaçant dans un rôle de numéro 8 avancé, facilitant ses nombreuses projections. C'est aussi lui qui fait de Douglas Luiz le premier relanceur de l'équipe en transformant le milieu central en un regista, similaire à un Andrea Pirlo dans ses grandes années. Facile techniquement, intelligent tactiquement, il a pris une autre dimension sous Unai Emery de par sa capacité à claquer ses passes vers l'avant.

Que dire d'Emiliano Buendia, chef d'orchestre d'une attaque qui a retrouvé des couleurs (12 buts sur les 5 derniers matchs), à l'image d'un Ollie Watkins intenable depuis le début de l'année 2023 et parmi les joueurs les plus décisifs d'Europe en 2023 (11 buts, 3 passes décisives en 15 matchs).

Mais relancer les uns et les autres n'est pas le seul choix fort d'Unai Emery, qui a changé sa paire de latéraux. Pas assez incisifs à ses yeux, Lucas Digne et Matty Cash (actuellement blessé) ont perdu leur place. L'immortel Ashley Young occupe avec brio le couloir droit tandis qu'Alex Moreno, première recrue d'Unai Emery, s'installe sans contestation possible sur le côté gauche.

Alexandre Moreno Lopera
Alex Moreno est l'une des recrues les plus performantes / Visionhaus/GettyImages

Étincelant depuis son arrivée, l'Espagnol est l'un des joueurs les plus impressionnants de l'ère Emery. "Sérieux et en progression contante" comme le rapportait l'entraîneur basque, Moreno a apporté la touche technique et de la verticalité au jeu des Villans, qui penche désormais fortement à gauche. Une bonne pioche à un coût abordable (13,5M€).

C'est aussi Emery qui fait revenir Bertrand Traoré de retour de prêt au Istanbul Basaksehir cet hiver, permettant au Burkinabé d'inscrire deux buts décisifs face à Leicester (2-1) et Nottingham Forest (2-0).

De la patience et de la précision

La méthode Emery, c'est aussi responsabiliser ses joueurs, leur accorder des libertés tout en suivant un plan de jeu bien défini. Un plan de jeu fait de transitions rapides mais aussi de patience. Comme il l'a répété à de nombreuses reprises en conférences de presse, Unai Emery est un homme serein et sa philosophie de jeu s'appuie sur une capacité à construire calmement avant de piquer au moment opportun. A l'image de cette interminable séquence au quart d'heure de jeu le week-end dernier face à Newcastle (14e), qui s'est terminée par une frappe sur la barre de Jacob Ramsey.

Une capacité à garder le ballon et à faire mal, c'est exactement ce qu'Aston Villa ne savait plus faire depuis près d'un an. Un instinct tueur qui s'accompagne, forcément, d'une précision diabolique. Car Unai Emery c'est aussi ça : le sens du détail, le football comme une science exacte où tout est affaire de travail et de répétitions. C'est aussi en cela que l'ancien entraîneur de Villarreal a révolutionné Villa : par le biais de séquences vidéo et d'apprentissage tactique pendant plusieurs heures chaque semaine, comme le rapporte The Athletic.

Un apprentissage tactique qui fait aussi travailler au moindre détail les combinaisons sur phases arrêtées. Dès lors, l'entraîneur des coups de pieds arrêtés, Austin MacPhee a pris une autre dimension depuis le retour de la Coupe du monde. Plus actif sur le banc, constamment mis à contribution, il s'est révélé comme un atout de plus dans le staff recomposé par Unai Emery, où nombreux ont été les changements internes.

Austin MacPhee
Austin MacPhee, spécialiste des coups de pieds arrêtés / Ian MacNicol/GettyImages

Une assise défensive retrouvée

Le travail portant ses fruits, les bons résultats s'enchaînant, la confiance est, elle, grandissante. En témoigne l'état de forme d'un Emiliano Martinez qui soigne ses statistiques. Avec 5 clean sheets sur ses 7 derniers matchs, le portier argentin revit sous Unai Emery. Si certaines frictions semblaient apparaître après la défaite concédée face à Arsenal (4-2, la dernière en date des Villans, le 18 février dernier), elles ont bien vite été oubliées. Emery avait publiquement critiqué la décision de son gardien de monter sur un corner qui avait mené au dernier but de l'après-midi, conclu par Martinelli dans un but vide.

Unai Emery ne lui en avait pas tenu rigueur bien longtemps. En conférence de presse après la rencontre face à Nottingham Forest (2-0), Unai Emery avait déclaré que le portier qu'il avait connu avec Arsenal est l'un des "meilleurs gardiens du monde". Logique : il est aussi à l'origine de ce changement de cap défensif : si 21 buts avaient été encaissés en 14 journées, seulement 19 ont été concédés depuis l'arrivée d'Emery en 18 journées, dont 14 contre Manchester City, Liverpool, Leicester et Arsenal en quatre matchs.

Une statistique qui fait écho à une autre. Si Aston Villa avait connu la défaite à 7 reprises en 14 journées avant l'ère Unai Emery, seulement 6 défaites ont été essuyées en 18 journées depuis son arrivée. Les Villans sont d'ailleurs sur une série folle de 8 matchs consécutifs sans défaite, et 5 victoires consécutives. Vertigineux.

La dernière révolution se situe dans le lien avec les supporters des Villans. Son arrivée a été célébrée par l'ensemble des fans, comme le ravivage d'une flamme qui vacillait dangereusement. L'une des principales raisons du départ de Steven Gerrard, outre les résultats décevants, se situe dans sa relation avec les suiveurs des Claret & Blue.

Si l'histoire avait bien débuté, elle s'est vite estompée et l'ancien managers des Rangers s'est rapidement mis à dos Villa Park, qui lui reprochait de ne jamais venir saluer les supporters et d'imposer une distance entre l'équipe et ses fans.

Les résultats aidant forcément, Unai Emery a, lui, réussi à créer une unité, une "famille" autour du club de Birmingham. Evoquant sans cesse l'importance des supporters lors de ses conférences de presse d'après-match, l'Espagnol est parvenu à créer un climat propice à une improbable "remontada".

Entre respect des traditions et volonté d'union sacrée, il a su redonner vie à un stade qui ressemble de plus en plus à une forteresse, où l'atmosphère est désormais brûlante comme aux plus belles heures du club. Face à Newcastle (3-0), le lion a rugi de plaisir le week-end dernier. Comme par magie, la qualité de jeu est montée crescendo, elle aussi.

Jacob Ramsey
Jacob Ramsey célébrant son but face à Newcastle / Matthew Ashton - AMA/GettyImages

Si la révolution ne fait que commencer, les bases solides qu'est en train d'apposer Unai Emery font espérer à Aston Villa des jours radieux du côté de Birmingham. Comme un phénix qui renaît de ses cendres, Unai Emery tient peut-être avec les Claret & Blue sa revanche tant espérée avec le football anglais.

Top 90, c’est l’émission YouTube de 90min dans laquelle on débat foot sous forme de top listes ! Dans ce nouvel épisode, Alexis AmsellemDavy Diamant et Quentin Gesp jugent les opinions foot de ChatGPT ! Abonnez-vous à notre chaîne Youtube !