Et si... Ludovic Giuly ne s'était pas blessé en finale de Ligue des Champions en 2004 ?

Une seconde, un souffle, une image et une blessure qui a probablement changé le cours de la finale de la Ligue des Champions en 2004 entre l'AS Monaco et le FC Porto (0-3).

""Avec des si on ne refait pas le monde et encore moins avec des 'on en parlera plus tard'""

- Patrick Louis Richard (1958)

Et si Ludovic Giuly ne s'était pas blessé à la 23e minute de cette finale historique pour les Monégasques au stade de Gelsenkirchen ? Quelle serait l'issue de cette rencontre ? Howard Philips Lovecraft semble déjà avoir la réponse : "le temps, l'espace, la vue et la réalité ont leurs tours et leurs détours que seul un rêveur peut percer à jour." Place au rêve.

L'ASM sur le toit du monde

Au cours d'une folle année qui verra deux mois plus tard le sacre de la Grèce à l'Euro 2004, l'AS Monaco est devenue la deuxième équipe française a soulevé la Coupe aux grandes oreilles dans l'histoire de la Ligue des Champions, au terme d'une soirée où Ludovic Giuly se sera mué dans la peau d'un passeur, par deux fois, à destination de Fernando Morientes. Le FC Porto est au tapis. L'avenir de José Mourinho bascule.

Annoncé avec insistance du côté de Chelsea à l'été 2004, l'entraîneur portugais, encore méconnu avant la victoire en Coupe de l'UEFA en 2003, est finalement rétrogradé dans l'esprit de Roman Abramovitch qui préfère tout miser sur Didier Deschamps, qui connaît bien le nord de Londres après y avoir passé une saison (1999-2000). Un mois plus tard, le Français signe un contrat de trois ans en faveur des Blues. Le début d'une nouvelle ère pour ce club décrit outre-Manche comme "nouveau riche".

L'échec cuisant en Premier League

Pleinement investi de ses fonctions, Didier Deschamps reçoit carte blanche sur le marché des transferts où le tacticien français n'hésite pas une seule seconde à investir en France. Dans un mercato "made in France", les observateurs anglais demeurent sceptiques sur la capacité d'adaptation d'une jeune génération, aux exigences de la Premier League. Loin d'être convaincue par le projet du nouvel entraîneur de Chelsea, la presse anglaise titre au matin du 20 août, quelques jours avant le début des festivités : "French Action". Le ton est lancé.

Au soir de la 8e journée de la Premier League, malgré un nul encourageant sur le papier face à Liverpool, les dirigeants londoniens commencent déjà à perdre patience après une anecdotique neuvième place au classement. Le constat est flagrant. La mayonnaise ne prend pas dans le vestiaire. Et la raison semble toute trouvée par les journalistes anglais, qui ciblent l'égoïsme apparent de la colonie française, "non concernée par l'envergure du projet".

En danger sur le banc des Blues, Didier Deschamps doit absolument entreprendre un plan de sauvetage au risque de sauter lors des prochaines rencontres. Sur la sellette, l'ancien capitaine de l'é-Équipe de France décide de suspendre provisoirement Patrice Évra, qui l'avait notamment rejoint à l'intersaison, afin de marquer le coup auprès de l'état-major.

La grande purge de Deschamps

Face à l'inconstance sur le terrain et l'indiscipline en dehors du pré, l'ancien milieu de terrain de la Juventus n'hésite pas à sanctionner individuellement et disciplinairement plusieurs joueurs de son effectif. Une manœuvre confirmée au journal l'Equipe par le principal intéressé :

""Vous savez, il y a deux catégories de footballeurs: ceux qui travaillent, et ceux qui se contentent de leur talent. Je ne suis pas contre l'idée de laisser certaines libertés à mes joueurs. Mais, je ne peux pas tolérer qu'un joueur menace la cohésion de l'équipe, surtout quand ce dernier invite l'ensemble de l'effectif à ne pas descendre du bus lors de la rencontre face à West Ham.""

- Didier Deschamps

Sans dévoiler l'identité du joueur, la presse britannique a fait écho ce jeudi 12 février 2005 d'une attaque ciblée envers le latéral gauche français. Une position qui pourrait fragiliser encore un peu plus la suite de sa carrière en raison d'un premier écart vivement réprimandé en début de saison.

Un nouveau départ

Malgré son charisme et sa force de caractère, les résultats ont raison de Didier Deschamps, limogé au soir de la 37e journée de Premier League après avoir échoué à qualifier le club à la prochaine Ligue des Champions. Personnellement tenu responsable de cet échec, le natif de Bayonne est contraint de se faire oublier pendant un temps au risque de sérieusement compromettre sa carrière d'entraîneur.

Oublié de tous et reclus dans une petite maison dans sa ville natale, Didier Deschamps en oublie presque le football au point de se voir proposer un poste de directeur général à l'Aviron bayonnais. Complètement décomplexé par cette nouvelle perspective, le champion d'Europe 2000 fait abstraction du ballon rond pendant plusieurs années. L'heure d'un nouveau départ pour un homme qui était prédestiné à prendre un jour les commandes de l'Équipe de France.