Euro 2020 : Les 8 enseignements à retenir du parcours raté de l'Équipe de France
Battue par la Suisse (3-3, 4-5 t.a.b.), lundi, au terme d'un match irrespirable et très indécis, l'équipe de France a prématurément été éliminée de l'Euro 2020, au stade des 8es de finale. Avec beaucoup d'amertume et de tristesse, nous devons tirer les premiers enseignements du naufrage des Bleus. Le tout en 8 leçons.
1. Deschamps n’était pas inspiré
En 2018, l'équipe de France a pu s'appuyer sur son guide Didier Deschamps, qui avait su trouver la bonne formule sur le terrain et insuffler un esprit conquérant à ses joueurs. Cette fois, le boss des Bleus a failli dans sa mission.
Au fil des matchs, DD a beaucoup trop tâtonné et n'a jamais trouvé le bon système. Le retour de Karim Benzema - un attaquant mobile capable de créer des espaces - était un peu l'arbre qui cache la forêt.
Oui, la France a adopté un jeu trop "simpliste", trop limité sur la durée. Et puis Deschamps s'est trop souvent raté dans ses choix.
De sa défense à 3, digne de Laurent Blanc un soir de PSG-Manchester City, à ses changements - on pense à l'entrée de Sissoko à la place de Griezmann - l'homme providentiel des Bleus a montré certaines limites et n'a même pas compter sur sa fameuse "chatte".
2. Un groupe déséquilibré
Nous avons remis en cause le coaching de Deschamps, sur cette compétition bien évidemment car il ne faut pas tout remettre en cause, et justement cela a démarré dès l'annonce de la liste. Sur le papier, le come-back de Benzema ainsi que l'attaque de feu française ont caché certaines failles.
Car force est de constater que certains joueurs ont été appelés dans une seule raison : la logique de groupe. On pense, malgré lui, à Leo Dubois, qui était le 2e latéral droit dans la liste et n'a jamais été utilisé alors même que Pavard était dans le dur tout au long de la compétition et que le Bavarois n'a pas joué contre le Portugal.
Le choix de Sissoko peut aussi interpeller, tout comme le fait d'avoir sélectionné Lenglet, en grande difficulté avec le Barça tout au long de la saison.
Enfin la présence du seul Lucas Digne pour accompagner un Lucas Hernandez très incertain était risqué. Et cela a donné un Rabiot titulaire comme latéral pour un 8e de finale...
3. Une défense bien trop fébrile
Vous l'aurez compris, le groupe français manquait de cohérence à certains niveaux et le talent des titulaires n'a pas suffi à combler nos lacunes.
Mais là où la France a manqué d'efficacité, c'est bien en défense. Si la charnière Varane-Umtiti semblait imprenable en 2018, l'axe Varane-Kimpembe a rencontré plus de difficulté à l'Euro.
Il faut dire que les deux hommes, lessivés d'une longue saison, ne sont pas arrivés dans les meilleures dispositions physiques et n'ont pas été aidés par les différents aléas rencontrés par nos latéraux. Mais si l'on s'inscrit dans une analyse plus globale, les Bleus n'ont pas pu s'appuyer sur une bonne assise défensive.
Et mine de rien, les dernières prestations de N'Golo Kanté, d'habitude omniprésent à la récupération dans l'entrejeu, n'ont pas franchement pu soulager notre arrière-garde.
4. Les Bleus ont manqué de régularité
Les problèmes défensifs étaient évidents, le manque de régularité des Bleus aussi. Sur leurs quatre matchs joués, les coéquipiers d'Hugo Lloris ont rarement impressionné ou même maitrisés.
S'ils ont battu l'Allemagne (1-0) en se montrant solides et tranchants sur les contre-attaques, les Français n'ont jamais tenu le ballon dans cette partie.
Pareil contre la Hongrie (1-1) où un but "heureux" de Griezmann nous a permis d'égaliser. Dans le contenu, la France a déçu. E
t les coups d'accélérateurs passés face au Portugal (2-2) puis la Suisse, avec les deux fois des doublés rapides de Benzema, ne doivent pas nous faire oublier que la France a globalement montré un visage pâle dans ce championnat d'Europe des nations.
5. Une ambiance parfois délétère...
Tant dans le jeu que le comportement sur le terrain, la France a pu décevoir. Et un autre enseignement est ressorti : l'ambiance en interne ne paraissait pas autant au beau fixe que lors du sacre mondial en Russie en 2018.
Déjà, nous avons rencontré l'épisode Mbappé contre Giroud, quand le Parisien voulait répondre publiquement à une critique indirecte de son coéquipier.
On a aussi pu voir un échange de mots musclé entre Didier Deschamps et son ailier Kingsley Coman, qui refusait de sortir malgré une douleur à la cuisse, lundi soir face aux Suisses.
On sait que l'ambiance dans une équipe est primordiale au moment d'une grande compétition et si celle mise par les Bleus était bonne, elle n'a pas semblé parfaite.
6. Mbappé, un tournoi complètement manqué
La grande déception du tournoi, à n'en pas douter. Forcément, au vu de sa dernière saison au Paris Saint-Germain avec des buts importants inscrits en Ligue des Champions, on attendait Kylian Mbappé à un niveau exceptionnel. Finalement, cela n'a absolument pas été le cas. Le petit de Bondy n'a pas marqué le moindre but.
Et surtout, il n'a pas franchement eu l'impact espéré dans le jeu. Oui, Mbappé a parfois su utiliser sa vitesse, comme lorsqu'il a obtenu un pénalty contre le Portugal (cela aurait aussi dû être le cas face à l'Allemagne), mais techniquement il a trop peu pesé avec parfois des dribbles non-essentiels.
Et forcément, lorsqu'on voit le naufrage collectif rencontré face aux Suisses à partir du 3-1, inutile de lui tomber dessus pour son pénalty raté... Les critiques peuvent surtout tomber pour sa prestation globale de lundi, mais aussi dans le tournoi.
7. Le patron, c’est Pogba
Lui par contre n'a pas déçu. S'il ne coule pas de paisibles jours avec son club, Manchester United, Paul Pogba sait élever le niveau dès qu'il vient en équipe de France. Cela avait été le cas pour le dernier Mondial, cela l'a encore été à l'Euro, la "Pioche" a joué en "patron" dans une grande compétition.
Brillant au milieu de terrain, le natif de Lagny-Sur-Marne a régalé par ses dribbles, ses interventions défensives et surtout ses magnifiques transversales. Hormis un coup de mou contre la Hongrie, Pogba a réussi tous ses matchs. Encore lundi, face aux Suisses, il pensait avoir marqué le but de la qualification avec un chef d'œuvre d'enroulé envoyé depuis l'extérieur de la surface.
Et puis, s'il perd la balle sur l'action de l'égalisation helvète, Pogba n'a rien lâché et a même brillamment inscrit son pénalty lors de la séance perdue. Un vrai leader !
8. Benzema a fait taire ses détracteurs
Son retour avait réjoui une grande partie de la France, et déçu l'autre. Pourtant, sur cet Euro, nous pouvons affirmer que Karim Benzema a mis tout le monde d'accord.
Certes, le phénomène du Real Madrid a dû attendre le 3e match pour ouvrir son compteur de buts, mais il a su marquer dans des matchs importants.
D'abord avec un doublé contre le Portugal en poule, qui a permis aux Bleus de tenir le match nul et leur première place, puis face aux Suisses, pour remettre la France devant au tableau d'affichage.
Mais surtout, KB19 a fait du bien aux champions du monde, dans la construction. Alors que Griezmann a brillé par intermittence, l'ancien Lyonnais s'est lui évertué à libérer des espaces pour ses partenaires d'attaque avec des mouvements bien sentis.
Deschamps ne doit absolument pas regretter de l'avoir rappelé. En tout cas, Benzema a démontré qu'il était bien venu dans cet Euro avec l'objectif de rattraper le temps perdu. Et justement, de voir les Bleus sortir à ce stade de la compétition nous fait d'autant plus de mal que le natif de Bron semblait en mission.