Euro 2022 : Les raisons d’espérer pour l’équipe de France en vue du Mondial 2023 et des JO 2024
En chutant de nouveau contre l'Allemagne en compétition officielle, mercredi en demi-finales de l'Euro féminin 2022, l'équipe de France a mesuré l'écart qu'il lui reste à combler pour s'inviter dans le cour des grandes et décrocher sa première finale. Ce match et le parcours des Bleues augurent néanmoins de belles promesses pour l'avenir.
"Tout n’est pas à jeter. A l’instant T, la déception prime. On ne peut pas se satisfaire de perdre. On a construit des choses, on a un socle solide", résumait à chaud, la sélectionneuse des Bleues, Corinne Diacre après la courte défaite (2-1) de Bleues torpillées par Alexandra Popp, mercredi.
Si cette rencontre a cristallisé des failles et mis en lumière certaines limites à ne pas négliger pour espérer franchir un nouveau palier lors des prochaines échéances (Mondial 2023, JO 2024), ce match, comme le parcours des Bleues, ont aussi amené leur lot de satisfactions et de promesses.
Un demi-finale historique
Déjà, parce que Diacre, son staff et leur groupe, ont réussi quelque chose d'inédit. En écartant des Pays-Bas, certes diminués, les Bleues ont fait un pas de plus que leur prédécesseurs : ce soir-là, contre l'Allemagne, la France a négocié la première demi-finale de son histoire dans un Euro, la première demi-finale toutes compétitions confondues depuis 10 ans et celle des Jeux de Londres.
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L'avenir viendra donner plus ou moins d'épaisseur à un moment qui aura eu le mérite de rappeler à tous, joueuses et supporters compris, que l'équipe de France est capable de se hisser à ce niveau, et qu'elle n'a pas de complexe d'infériorité à nourrir. Complexe, qui a parfois muselé plus ou moins consciemment les précédentes générations, comme l'indiquait notamment la consultante pour Canal+ et ancienne internationale, Laure Boulleau avant la compétition. La malédiction des quarts de finale est brisée, voilà une bonne chose de faite.
Un nouveau groupe, pour une nouvelle vie
La parfaite affaire pour un groupe, considérablement rajeuni et modifié par rapport à celui du Mondial 2019 (12 nouvelles joueuses), que de se délester d'un poids qui écrasait les anciennes. Le collectif détruit de 2019, gangréné par les tensions et les clans, n'est plus. Les prises de bec de Le Sommer et d'Henry avec la sélectionneuse, leur auront peut-être coûté leur place (plus probable pour la deuxième que la première), elles auront eu le mérite de mettre fin à une situation mortifère.
Les témoignages en coulisses sont unanimes, Corinne Diacre a changé, a lissé sa communication, s'est rapprochée des joueuses. La voir célébrer certains buts avec un lâcher-prise qu'on ne lui connaissait pas abonde également en ce sens. Le groupe vit tellement bien que la sélectionneuse s'est même permis la mise en concurrence des potes Tounkara et Mbock pour tenter de trouver la meilleure formule en défense centrale aux côtés de Wendie Renard.
Avec cet Euro, la France a presque fini de tourner la page de la génération Renard. Un nouveau chapitre, qui a permis aux joueuses de la génération championne du monde U17 en 2012, (Geyoro, Diani, Mbock, Toletti, Cascarino), seule génération tricolore à avoir raflé ce trophée, de recevoir les clés du camion. Si Mbock avait son trou en défense centrale avant d'être rattrapée par des blessures, Grace Geyoro a impressionné dans l'entre-jeu et par ses qualités de finisseuse (3 buts). Delphine Cascarino et Kadidiatou Diani ont également signé des performances solides sur leurs ailes.
D’une Renard et d’une Geyoro à la pointe du combat contre l’Allemagne, des feux follets aussi culottés que talentueux que sont Mateo et Bacha, en passant par la gouaille de Mbock et le discours musclé de Bilbault, à deux doigts d'attraper Palis par le col lors de son entrée en jeu contre les Pays-Bas. Ces Bleues ont montré, match après match, une faim et une hargne collective certaines, gage de leur excellent état d'esprit.
Une jeunesse opportuniste
Difficile de ne pas évoquer plus précisément les Malard, Palis, Bacha, Mateo, Baltimore, même si certaines se sont plus démarquées que d'autres. Bacha (21 ans 11 sélections), par sa qualité sur coup de pied arrêté, son peps, sa capacité à couvrir le poste de latérale et d’ailière gauche, s’est installée comme une vraie option tactique, et mériterait d’être testée autrement qu’en supersub. Même constat pour Clara Mateo (24 ans, 16 sélections), ses deux passes décisives, son application à casser les lignes et à offrir d’une passe laser des occasions de buts a déstabilisé les défenses.
Si Malard, Palis et Baltimore, n’ont pas réussi des débuts aussi fracassants, elles ont engrangé une expérience précieuse et ont montré, par séquence, assez de choses intéressantes pour que l’on demande un rappel.
Les cages sont bien gardées
Dans les cages, Pauline Peyraud-Magnin, qui vivait sa première grande compétition avec les Bleues, a beau avoir concédé 5 buts, a réalisé un Euro solide. Si la gardienne de la Juventus a montré de la fébrilité dans le secteur aérien et notamment sur coup de pied arrêté, secteur où la France doit collectivement hausser son niveau, elle a aussi livré des arrêts de grande classe.
On pense à ce face-à-face gagné du bout du pied, sur une parade digne d’une gardienne de hand en début de match contre l’Italie, ou à cet horizontal pour sortir le coup franc de Popp en demi-finales.
La copie rendue est d’autant plus précieuse que la joueuse de la Juve a évolué derrière une charnière centrale longtemps à la peine. Pourtant, pas une bourde à l’horizon. Et ajoutez à cela, des relances propres à la main comme au pied. Peyraud-Magnin a apporté une assurance dans les cages que l’équipe de France n’avait pas connu depuis longtemps.
De quoi se tourner avec avidité et non sans impatience vers les prochaines échéances : la Coupe du monde 2023 en Australie et en Nouvelle-Zélande pour laquelle elles sont déjà qualifiées et les JO de Paris 2024. Même si le chemin est long et les chantiers certains.