Euro 2022 : malédictions brisées, défense retrouvée... les enseignements de France - Pays-Bas
En s’imposant (1-0) après prolongation face aux Pays-Bas, les Bleues ont décroché la première demi-finale de leur histoire dans un Euro. Dix ans qu’elles n’avaient pas atteint ce stade de la compétition d’un tournoi majeur.
La joie contenue de Corinne Diacre tranchait avec les sauts endiablés accompagnés de chaleureuses accolades dans lesquels s’étaient lancées ses joueuses quelques secondes plus tôt. Sa voix trahissait néanmoins une certaine émotion, quand, interrogée à la fin de la rencontre, elle basculait déjà sur la suite des événements : à savoir une demi-finale explosive le 27 juillet contre des Allemandes particulièrement impressionnantes depuis le début de l’Euro.
""On a fait un gros match. Physiquement, on a apporté quelques réponses, Il faut surtout qu’on se repose bien parce qu’on joue la demie dans trois jours.""
- Corinne Diacre, sélectionneuse
S’il n’y a pas eu d’avalanches de buts, comme face à l’Italie (5-1), l’équipe de France a sûrement rendu sa meilleure copie, samedi soir. De quoi sortir de ce match avec des bases plus assurées sur lesquelles s'appuyer pour la suite, mais également avec un lot d'alertes à ne pas négliger.
Deux malédictions brisées
Parmi les points positifs à relever, deux évidences. D’abord, la qualification en quarts de finale. C’est la première fois que les Bleues s'invitent au dernier carré d’un Euro. Mieux encore, après avoir échoué en quarts de finale lors des 5 dernières compétitions majeures disputées par les Tricolores (Euro 2013, Mondial 2015, JO 2016, Euro 2017, Mondial 2019), les Françaises "brisent enfin la malédiction' des mots de Kadidiatou Diani. Les Bleues reprennent (enfin) leur marche en avant.
Les coéquipières de l’attaquante du PSG ont aussi profité de l’occasion pour effacer la série embêtante qui les poursuivait depuis le début de cet Euro. Les 8 buts marqués par les joueuses de Corinne Diacre l’avaient été en première période. Si l’équipe de France attend techniquement toujours de marquer en deuxième période, le but sur pénalty d’Eve Périsset (a.p. 102e) est venu prouver à ces Bleues qu’elles sont aussi capables de trouver le chemin des filets en fin de rencontre.
Une défense retrouvée
C’était le point noir des phases de groupe de l’Euro. Le voilà effacé. La charnière la plus expérimentée du groupe et l'une des meilleures d'Europe, Mbock-Renard, alignée pour la deuxième fois, a fait étalage de sa classe et a pu montrer toute l’assurance qu’elle peut apporter à cette équipe de France.
Tacles debout, anticipations léchées, relances longues comme courtes d’une précision létale, apport offensif intéressant (Renard aurait pu planter son premier but de la tête sans l’excellente performance de la gardienne adverse Daphne van Domselaar). Le duo a parfaitement cadenassé la surface sur coups de pieds arrêtés comme dans le jeu courant. Revoilà nos tours de contrôles.
Un déchet offensif important
Ce serait mentir et passer à côté d'un détail qui n'en est pas vraiment un que de ne pas l'évoquer. On a longtemps cru que les vieux démons allaient revenir toquer à la porte de Bleues outrageusement dominatrices, mais incapables de marquer, leur proposer une salsa et les renvoyer à la maison aussitôt.
Car si le trio offensif porté par une Delphine Cascarino intenable, puis revigoré par l’entrée de Selma Bacha à l’heure de jeu, a brillé pour se créer des occasions, il a lourdement pêché dans la finition.Au bout de 25 minutes, les Bleues avaient déjà frappé 8 fois... contre un tir néerlandais. Au final, les Tricolores comptent 33 tirs (contre 9) pour seulement 13 cadrés.
Van Domselaar et sa défenseure centrale van Der Gragt ont eu beau sortir des perf d’anthologie, avec notamment deux ballons sauvés sur la ligne par cette dernière (37e, 43e), Sandie Toletti (frappe totalement dévissée, 23e), Diani (face à face loupé, 16e) ou encore Melvine Malard (bien lancée dans la profondeur par Geyoro, 25e), devront faire beaucoup mieux si les Tricolores veulent avoir une chance contre l’Allemagne au prochain tour.
Un banc pas si profond
L'autre interrogation concerne les remplaçantes. Au fil des rencontres, les options solides pour amener peps, assurance, peu importe du moment que l'équipe de France ne perd pas ou peu au change, s'amenuisent pour Corinne Diacre. Si Selma Bacha, nommée joueuse de la rencontre, et Clara Mateo, ont de nouveau enfilé avec succès leur costume de supersub et permis de confirmer qu’elles représentent des solutions tactiques plus qu’intéressantes en cours de partie, la doublette est bien seule.
En attaque, Ouleymata Sarr, a de nouveau marqué par ses hésitations devant le but en plus d’être à l’origine du dernier coup franc dangereux des Pays-Bas (elle avait offert le pénalty de l’égalisation à l’Islande lors du 3e match de poule). La latérale droite, Marion Torrent, a quant à elle manqué de cannes et de justesse technique pour couper les offensives néerlandaises et conserver un ballon précieux quand son équipe avait besoin de souffler.
Alors que les changements s’avèrent particulièrement importants dans ce type de compétition pour lisser les efforts, ils le sont d'autant plus pour cette équipe usée physiquement par la lourdeur de sa préparation. Certaines cadres, sur lesquelles ont a tiré sur la corde, traînent également les pieds (Diani en tête).
Et dire que les Bleues auront 48h de récupération en moins avant leur demi-finale contre l'Allemagne... Pour l'ancienne internationale et actuelle adjointe à l'OL, Camille Abily, une solution s'impose : "Il va falloir les mettre au frigo et les sortir pour jouer le match et c'est tout."