Guillaume Norbert, entraîneur du Racing CFF avant le choc de Coupe de France face au LOSC : “Beaucoup d'excitation”
- Le Racing Club de France affronte le LOSC en seizièmes de finale de Coupe de France
- Le club a notamment été sacré champion de France en 1936
- 90min s'est entretenu avec le manager du RCF, Guillaume Norbert
Par Quentin Gesp
Monument historique du football français, le Racing CFF a rendez-vous, une fois de plus, avec son histoire ce dimanche. Opposé au LOSC (17h30), le club francilien rêve d’une place en huitièmes de finale de Coupe de France et d’un exploit à la hauteur de son héritage : immense.
Il est 19h00 passées au stade Walter-Luzi Chambly, dans l’Oise. Dans le froid glacial de janvier, le Racing Club de France vient d’inscrire l’un des buts les plus importants de son histoire. Lilian Ricol venait d’envoyer les Ciel et Blanc en seizièmes de finale de Coupe de France.
Un résultat anodin pour les uns, historique pour d’autres. Car le RCF n’a plus le même éclat que celui dont il disposait dans les années 1930 à 1960. Ce club historique qui a, par le passé, régné sur l’Hexagone, en est aujourd’hui à sa reconstruction, année après année, dans la jungle hostile du National 2.
Un championnat impitoyable, divisé en quatre groupes, où les plus nostalgiques pourront retrouver des grands noms du football français, l’AS Cannes de Zinédine Zidane ou encore le SC Toulon de Jean Tigana. On y retrouve également d’innombrables “petits poucets” qui ont marqué l’histoire de la Coupe de France.
Cela tombe plutôt bien : deux semaines plus tard, le Racing va retrouver le petit stade camblysien, où il espère de nouveau frapper un gros coup. Celui d’éliminer le LOSC, pensionnaire de Ligue 1.
Au cœur de ce beau parcours, Guillaume Norbert, manager des Ciel et Blanc. Au club depuis 2018, il a pleinement participé à la (re)montée en puissance du club francilien. Il s’est confié en exclusivité pour 90min, à quelques heures du choc face à Lille.
90min - Comment abordez-vous cette rencontre de Coupe de France ?
Guillaume Norbert - Avec beaucoup d'excitation. On a hâte d'y être, forcément. C'est très excitant de jouer contre un club de Ligue 1, surtout une équipe du calibre de Lille qui est régulièrement en haut du classement français, régulièrement européen. Mais on a surtout hâte d'être à ce match parce qu'on sait que c'est une opportunité de se qualifier pour un huitième de finale de Coupe de France et ce n’est pas du tout anodin. On sait que ce sera un match difficile, on n'est pas favori. Mais en tout cas, on compte défendre toutes nos chances du mieux qu'on peut.
90min - Et comment préparez-vous une équipe relativement jeune pour créer un tel exploit ? Le match contre Chambly au tour précédent avait déjà marqué les esprits…
G.N : C'est vrai qu’on a fait un très bon match contre Chambly. Déjà il y a une chose dans ces matchs là. Pour la motivation, il n’y a pas besoin d'en faire plus que ça parce que naturellement les joueurs sont très motivés. Après, il faut davantage faire attention à la charge émotionnelle que ça peut apporter parce que, forcément, il y a une forme de stress. Et, ce que j'expliquais à mes joueurs, notamment sur le match contre Chambly, c'est qu'à un moment, ce stress, c'est déjà un privilège de le ressentir.
Parce que ça veut dire qu'on a fait ce qu'il fallait pour pouvoir jouer des matchs à enjeu tels que ces matchs là. Et surtout, c'est un bon stress parce que ça nous permet d'être en état d'alerte et de pouvoir aller chercher encore des ressources qu'on n'arrive pas à aller chercher autrement. Donc surtout ne pas se faire bouffer par ce stress, l'accepter et comprendre qu'au contraire, c'est quelque chose qui peut nous tirer vers le haut.
Et puis après, sur un match comme ça, contre Lille, je pense qu'il ne faut pas avoir de complexe. Bien sûr, c'est une équipe de Ligue 1, ce sont des joueurs professionnels, mais ce sont des joueurs de foot comme mes joueurs sont des joueurs de foot. Ce sont des garçons qui avaient ce rêve de devenir professionnel, qui ont réussi aujourd'hui à l'atteindre. J'ai aussi dans mon équipe des joueurs qui aspirent à être professionnels. Donc c’est le genre de match où il faut montrer qu'on a le niveau pour aspirer à ça. C'est aussi pour les garçons une bonne façon de pouvoir s'étalonner.
90min - Et à titre personnel, vous avez une histoire un petit peu particulière avec le monde professionnel. En quoi votre expérience peut-elle vous aider à surmonter cette appréhension d'affronter un gros de Ligue 1 ?
G.N : Disons que c'est quelque chose que j'ai vécu dans ma carrière, la Coupe de France. J'ai eu la chance de la gagner avec Lorient. Des matchs de Ligue 1, j'en ai joué. Peut-être que le fait de savoir ce que c'est, peut-être que je m’en fais moins une montagne que des personnes qui pourraient n'avoir jamais vécu ça.
Encore une fois, c'est vraiment ça que j'essaie de transmettre à mes joueurs : leur faire comprendre que là, on ne va pas jouer contre des extraterrestres. On va jouer contre des très bons joueurs de foot et ça va être un match à onze gars contre onze gars sur le terrain. Et à un moment, si on est solidaire, si on fait des efforts ensemble, si on joue en équipe tel qu'on l'a fait contre Chambly, l'espoir est permis.
90min - Donc l'idée, c'est surtout de désacraliser un petit peu ce match, c'est ça ?
G.N : Oui, vous pouvez le dire comme ça. C'est pas le désacraliser, mais c'est juste de les ramener dans la réalité et pas dans quelque chose de fantasmé. Parce que souvent, le fait de voir les gens à la télé, de les voir en Coupe d'Europe, on se fait des idées. Forcément, ce sont de très bons joueurs de foot, ça, il n'y a rien à dire, ils seront favoris. C'est Lille qui sera favori sur ce match là, c'est évident. Mais ça reste un match de foot et on a aussi des qualités à faire valoir et il ne faut pas qu'on soit timide : il faut qu'on joue le coup à fond.
"Contre Lille, je pense qu'il ne faut pas avoir de complexe."
- Guillaume Norbert
90min - Si vous deviez présenter un petit peu les qualités de votre équipe au grand public, que nous diriez-vous sur ce Racing ?
G.N : Déjà c'est un groupe qui est solidaire, ce sont des joueurs qui ont un esprit collectif et qui se battent pour le collectif, pour l'équipe. C'est déjà quelque chose d'important. Après, il y a de la jeunesse, il y a de la qualité, du talent et aussi de l'inexpérience. Et ça c'est aussi à moi de pouvoir leur apporter ça et de les corriger sur certaines choses. Mais si je devais ressortir une chose, je dirais que c'est une équipe qui a de la fougue.
90min - Avez-vous changé vos habitudes ces derniers jours pour préparer cette rencontre par rapport à une rencontre de National 2 ou, au contraire, l'idée est de vraiment les garder dans le même moule ?
G.N : Non, on n'a pas particulièrement changé les choses. On est sur un match qu'on essaie de préparer le mieux possible. On a fait le retour vidéo de notre match contre Guingamp, ce qu'on fait toutes les semaines. On revient toujours sur le match qu’on a joué le week-end précédent, sur ce qu'on a bien fait, ce qu'on a moins bien fait, ce qu'il faut corriger. Et puis après, on s'est concentré sur Lille, sur les problématiques qu'on risque de rencontrer, sur quelles problématiques nous pouvons leur poser. Et puis après on va s'entraîner pour préparer les garçons au mieux.
"Wenger est quelqu'un qui est très humble. (...) Ce sont ses qualités humaines qui sont ressorties."
- Guillaume Norbert, sur Arsène Wenger
90min - Quelles sont les plus grosses différences entre un club comme le Racing Club de France et le LOSC ?
G.N : Pour le coup, la différence est énorme. Parce que c'est une question de moyens, tout simplement. Quand vous voyez le budget de Lille, en comparaison avec le budget du Racing, c'est un budget qui est énorme. Les salaires, ce sont des salaires de footballeurs professionnels, mais de très haut niveau. Ils ont un grand public avec un stade qu’ils remplissent avec une grosse billetterie.
Donc le fait d'avoir une telle différence en termes de moyens, forcément, vous pouvez mettre en place des choses. Vous pouvez mettre en place une cellule médicale avec un médecin qui est toujours au club, avec des kinés qui sont toujours au club, avec du matériel sur lequel vous pouvez investir.
Quand on a repris le club, on s'entraînait au début en National 3. On s'entraînait trois fois dans la semaine, on s'entraînait le soir, les gars travaillaient. Maintenant, depuis qu'on est passé en National 2, on s'entraîne tous les matins. On a quand même un kiné qui est là à chaque séance. On a essayé de professionnaliser les choses. Mais c'est sûr qu'aujourd'hui Lille est dans une autre dimension, ça c'est évident.
90min - En parlant d’autre dimension, en face, il y a une équipe qui a inscrit douze buts face au Golden Lion. Il y a notamment un joueur qui avait vraiment marqué les esprits : Jonathan David, avec trois buts et quatre passes décisives. Qu'est ce qu'il a de si différent avec les attaquants que vous pouvez affronter en National 2 ?
G.N : Ce sont des attaquants de niveau européen, qui peuvent jouer dans tous les grands championnats. C'est un garçon qui est complet, qui a de l'explosivité, qui est rapide, qui sent les coups, qui est capable de bien finir, qui est capable de jouer dans différents registres. Qu’est-ce qu'il a de plus que les attaquants qu'on a l'habitude de rencontrer ? Il sent peut-être mieux les coups, il a peut-être une meilleure compréhension des choses. Dans le football, les intelligences sont multiples.
On voit que, notamment en Ligue 1, les joueurs jouent très simple et ne compliquent pas les choses. Ils sont souvent beaucoup plus justes. Ils voient plus vite parce que la prise d'information, ils la prennent avant et beaucoup plus souvent. Voilà, c'est plein de choses qui font des différences et à un moment, le football c'est arriver à gagner du temps sur l'adversaire, arriver à se trouver dans des zones où on peut avoir du temps pour enclencher des actions et des attaquants du calibre de Jonathan David, ils savent faire ça. Et c'est peut-être là où se situe la différence.
90min - Vous êtes passés par le centre de formation d'Arsenal. Vous avez notamment côtoyé Arsène Wenger, même si c'était plutôt avec les équipes de jeunes. En quoi peut-il être une inspiration pour vous dans un match comme celui-là ?
G.N : Inspiration, le mot est fort, mais disons que ce qui m’avait vraiment sauté aux yeux quand je l'avais découvert les premières fois, c'est quelqu'un qui a une grande expérience, qui a vécu de grandes choses, qui est un grand entraîneur, respecté. Et malgré ça, c'est quelqu'un qui est très humble, qui a beaucoup de respect pour l'humain, pour les joueurs et qui est à l'écoute, qui est ouvert. Et ce sont ses qualités humaines qui sont ressorties.
Et puis après il y a aussi l'aspect tactique, parce que c'est un entraîneur qui sait bien mettre une équipe en place, qui sait aussi bien choisir les joueurs, parce que l'équipe qu'il avait composée à Arsenal, c'était des joueurs qui étaient très bons mais surtout très complémentaires. C'est ce qui faisait la force de cette équipe.
Après, dans ma carrière d'entraîneur, ma jeune carrière, c'est des choses que j'essaye aussi de mettre en place. Essayer de recruter pas forcément les meilleurs joueurs, mais de recruter des joueurs qui sont les plus complémentaires possibles pour avoir un collectif fort. Je suis aussi quelqu'un qui est proche des joueurs et qui accorde beaucoup d'importance à l'humain. Voilà peut-être des choses sur lesquelles il a pu m'inspirer.
90min - Quels sont les entraîneurs qui vous inspirent dans votre carrière comme dans vos choix ?
G.N : Honnêtement, je ne saurais pas vous dire parce que je ne peux pas vous répondre à cette question. Je n'ai pas d’entraîneurs qui m'inspirent particulièrement en fait. J'essaie de fonctionner par rapport à mon ressenti, par rapport à ma compréhension des choses et, forcément ce sont des choses qu'on m'a apprises pendant ma carrière, pendant ma formation. Des choses que je trouve très importantes, que j'essaie de mettre en place, d'autres peut-être un peu moins et que je vais laisser de côté.
Après, je regarde aussi - j'essaie de regarder parce que je ne peux pas tant regarder que ça des matchs au niveau professionnel - beaucoup de matchs au niveau amateur, ne serait-ce que pour repérer des joueurs pour pouvoir recruter. Et puis également tous les matchs de nos adversaires, quand il faut analyser les matchs, etc. Comme ça, je ne pourrais pas ressortir des entraîneurs.
Je sais que certains entraîneurs diraient : “moi, j'essaie de m'inspirer de Guardiola, d’untel ou untel”. On a tous envie de faire un parcours comme Guardiola, d'avoir une équipe qui joue comme la sienne. Mais je pense qu'à un moment, il faut suivre aussi sa personnalité, sa compréhension des choses.
Du Paris Saint-Germain de Zlatan Ibrahimovic au Championship, le parcours atypique de Yakou Méïté, attaquant de Cardiff City. L'international ivoirien s'est confié à 90min au cours d'un long entretien où il a évoqué sa carrière, l'Angleterre, son passage au centre de formation du PSG, ses plus belles anecdotes avec les Titis Parisiens, de Moussa Diaby à Christopher Nkunku, en passant par Mike Maignan, Presnel Kimpembe ou encore Kingsley Coman.
Abonnez-vous à notre chaîne Youtube !