Histoire d'Euro : Panenka, pour l'éternité

Zidane, Pirlo, Ramos, Postiga, Messi, Totti... Tous ont réalisé ce geste de grande classe sans pour autant l'avoir inventé. Dans des circonstances plus ou moins importantes, ce geste est à double tranchant, et bon nombre de footballeurs se sont essayés à l'exercice, en vain. Mais finalement, d'où vient ce geste ? 90min vous propose un cours d'histoire et un voyage temporel jusqu'en 1976 pour connaitre l'origine de la "Panenka".

Saviez-vous qu'avant même d'être le nom d'une manière de tirer un penalty, Panenka est un joueur de football tchécoslovaque ? Et bien oui, la fameuse Panenka tire son nom de son créateur. Mais pour comprendre l'importance et la singularité de ce geste qui est rentré dans l'histoire pour l'éternité, il faut remonter dans le temps.

Des parcours respectifs honorables

Avant de rentrer dans le cœur du sujet, retraçons ensemble le parcours de la Tchécoslovaquie et de la RFA dans cet Euro 1976. Dernière édition à seulement 4 équipes en phase finale, la Tchécoslovaquie affronte les Pays-Bas de Johan Cruijff en demies et de l'autre côté la RFA est opposée à la Yougoslavie (hôte du tournoi).

Les coéquipiers d'Antonin Panenka se défont des Pays-Bas aux prolongations (3-1) après que les Néerlandais soient réduits à 9 contre 10 (2 cartons rouges néerlandais, 1 tchécoslovaque). Quant à la RFA, elle réussit l'exploit de revenir à égalité après avoir été menée 2-0 et remporte finalement la rencontre aux prolongations (4-2).

La finale tant attendue

Après que les deux équipes se soient qualifiées pour la finale, l'Europe entière voit la RFA remporter la rencontre, championne en titre, et avec un effectif de bien meilleure qualité, rien ne pourrait empêcher l'Allemagne de soulever une deuxième fois le trophée.

Rien ? En êtes-vous sûrs ? C'est sans compter sur une vaillante équipe tchécoslovaque.

Au bout de 25 minutes, les Tchécoslovaques mènent déjà 2-0, les espoirs d'un second sacre s'effacent pour Sepp Maier et sa bande. Cependant, un sursaut d'orgueil arrive trois minutes plus tard (28ème) lorsque Müller (Dieter pas Gerd) marque le premier but allemand.

Rien ne se passe jusqu'à un corner anodin pour l'Allemagne à la 89ème minute. Alors que la Tchécoslovaquie pense s'offrir son premier titre Européen, Bernd Hölzenbein vient gâcher la fête et convertit ce coup de pied arrêté.

Coup de sifflet final, l'arbitre déclare le début des prolongations. Pendant 30 minutes, aucune équipe ne prend l'ascendant sur l'autre et pour la première fois de l'histoire, l'issue de la rencontre va se décider aux penalties.

Effectivement, Après des années et des années durant lesquelles les matchs à élimination directe qui finissaient sur un match nul, devait être rejoués ou que le vainqueur était décidé sur tirage au sort, l'Euro 1976 marque donc un tournant dans l'histoire de la compétition.

Ainsi, le 20 juin 1976, à l'issue du temps réglementaire et de la prolongation, les deux équipes ne sont pas parvenues à se départager (2-2) et une séance de penalty d'anthologie va voir le jour.

Panenka, pour l'éternité

Alors que les trois premiers tireurs de chaque équipe ont réussi à convertir leur penalty, Ladislav Jurkemik s'élance pour la Tchécoslovaquie et trompe Sepp Maier. C'est désormais au tour de l'Allemand, Uli Hoeness, de tenter sa chance pour permettre aux siens d'y croire encore.

Hélas, après une course d'élan trop importante, l'attaquant de la RFA envoie le ballon au-dessus des cages d'Ivo Viktor. Vous l'aurez compris, il ne manque plus qu'un penalty aux Tchécoslovaques pour soulever l'Euro 1976.

Mesdames et Messieurs, c'est à ce moment que Panenka entre dans l'histoire à tout jamais. Parce qu'au-delà d'inscrire le tir au but victorieux, il humilie Sepp Maier et créé un geste qui restera pour l'éternité dans les mémoires des fans du football.

"Un gardien qui reste debout et encaisse un penalty se voit toujours soupçonné de n’avoir pas tenté un arrêt."

- Antonin Panenka

Après six pas d'élan pour indiquer au gardien adverse qu'il va frapper fort dans les buts, Antonin Panenka trompe le portier allemand et tir doucement en cloche en plein milieu des cages.
La balle retombe en feuille morte et Panenka offre la victoire aux siens.

45 ans plus tard, "Panenka" est devenu un nom commun et est considéré comme l'un des gestes les plus compliqués et audacieux à réaliser.

La création de ce geste

Bien des années plus tard, le joueur de foot tchécoslovaque est revenu sur ce geste devenu mondialement connu.

Quelques mois avant l'Euro 1976, Panenka tire les penalties normalement mais en rate deux dans le même match. Il décide alors de s'entrainer à cet exercice. Avec son coéquipier Zdenek Hruska, gardien remplaçant de la Tchécoslovaquie, il parie des chocolats, de la bière ou de l'argent lors de leurs entrainements. Après plusieurs paris perdus, il explique comment lui est venue l'idée de la Panenka :

"Au début, Zdenek a fait beaucoup d’arrêts, parce que c’était un bon gardien. Alors j’ai réfléchi à d’autres façons de marquer. Une nuit, où je ne dormais pas, je me suis dit que les gardiens choisissaient généralement de partir sur un côté. Car un gardien qui reste debout et encaisse un penalty se voit toujours soupçonné de n’avoir pas tenté un arrêt", résumait-il, pragmatique.

Mais si on frappait très fort au centre, ils pouvaient quand même arrêter la balle en tendant le pied. En revanche, si le contact avec le ballon était plus léger, il serait impossible au gardien de faire demi-tour pour repousser le ballon. J’ai essayé comme ça et j’ai commencé à remporter mes duels avec Hruska… Je grossissais à force de gagner du chocolat !"

Plus réfléchie que ce que l'on imagine, voici comment est née une véritable œuvre d'art : la Panenka.