Humeur : Pourquoi la saison européenne 2021/22 est la plus belle du XXIème siècle
Par Quentin Gesp
Rarement une saison européenne ne nous aura réservé autant d'émotions. Des exploits successifs du Real Madrid, au retour en grâce des Rangers, en passant par les larmes de José Mourinho, cette saison 2021/22 restera comme l'une des plus belles du XXIème siècle. Humeur.
Le football est, par nature, imprévisible. S'il fallait une piqûre de rappel, la saison en cours s'en est chargée. Quel autre sport que le football est capable de transcender, d'unir, de renverser un ordre établi ? Quel autre sport peut offrir des surprises, rappelant constamment que rien n'est acquis ?
Dans une saison qui marquait le retour aux stades plein, aux déplacements européens, à trois coupes d'Europe, les clubs auront livré ce que ce sport a de plus beau en matière d'émotions.
La magie d'un sport
Trois finales, six pays représentés. L'Angleterre et l'Espagne en C1, l'Ecosse et l'Allemagne en C3, l'Italie et les Pays-Bas en C4. Quatre pays qui comptent parmi les cinq championnats majeurs et deux nations qui ont compté dans l'histoire du ballon rond, sans forcément avoir la reconnaissance et l'exposition qu'ils mériteraient ces dernières années.
Évidemment, l'absence d'un représentant français fait tâche, comme bien trop souvent. L'élimination regrettable de l'Olympique de Marseille, aux portes de la finale, restera un crève-cœur. D'autant que les Olympiens avaient les moyens de se hisser jusqu'à Tirana, avec un tirage au sort favorable.
Mais la dramaturgie participe pleinement à la magie du football. Un sport où un club dont le budget est estimé à 65 millions d'euros est capable de renverser un club au budget près de quatre fois supérieur au sien (250 millions d'euros estimés pour l'OM).
Un leitmotiv clair
Ce sport-là même qui a vu un modeste représentant du championnat moldave, le Sheriff Tiraspol, renverser en phase de poules pour sa première apparition en Ligue des Champions un club qui compte 13 titres en C1. Un club qui s'est finalement hissé jusqu'en finale de la même compétition, la même saison.
Ce sport-là même qui mène jusqu'en finale un club qui, dix ans jour pour jour plus tôt, était sacré champion de quatrième division écossaise, après avoir été relégué administrativement pour des problèmes financiers.
Ce sport-là même qui a ému aux larmes deux entraîneurs, José Mourinho et Carlo Ancelotti, qui comptent à eux deux 11 titres européens et des armoires à trophées qui n'en manquent pas. Deux entraîneurs pourtant sur la sellette après un début de saison loin d'être parfait, qui ont fini par marquer l'histoire et sont proches d'inscrire leur nom au palmarès d'une nouvelle coupe européenne.
Le football, c'est aussi un enseignement. Celui de toujours y croire : Villarreal a entretenu l'espace d'une mi-temps le rêve d'une remontada face à l'équipe la plus impressionnante d'Europe, malgré un déficit de deux buts à l'aller. Le Real Madrid a renversé Manchester City dans le temps additionnel d'une rencontre qui semblait pourtant actée. Les Rangers ont surmonté l'obstacle Leipzig malgré un infime pourcentage de chances de qualification. Feyenoord a conservé son avance dans l'enfer du Vélodrome.
Le sens du collectif à l'honneur
En parlant d'atmosphères, comment ne pas s'enthousiasmer des présences de Liverpool, de l'Eintracht Francfort, des Rangers ou encore de Feyenoord en finale ? Quelques-uns des clubs aux supporters les plus fidèles et passionnés, proposant des ambiances folles. Eux qui ont pleinement participé aux exploits de leurs équipes respectives. À l'image des 30.000 spectateurs qui ont garni les interminables gradins du Camp Nou, profitant de la revente de places de quelques milliers de Barcelonais, prenant pour acquis la beauté de disputer une coupe d'Europe.
La qualification du Real Madrid a aussi constitué un joli pied de nez aux quelques "supporters", qui avaient quitté les travées du Santiago Bernabeu avant le début du temps additionnel. Sans oublier ceux de Manchester City qui avaient déjà réservé leurs billets d'avion pour Paris.
Cette saison a aussi révélé ce que le football a de plus beau : le sens du collectif. Le Bayern Munich, le Paris Saint-Germain et Manchester City ont été punis pour avoir oublié l'un des principes de base de ce jeu. Les Rangers et Liverpool ont été récompensés pour avoir fait parler leur sens de l'unité, de l'effort commun, portant au firmament l'art du pressing. Le Real Madrid a fait briller ses individualités par la force de son groupe.
Déjouer les pronostics, relancer des clubs historiques, renverser des parties données pour perdues, c'est de tous ces éléments que s'est nourri ce fol exercice. N'en déplaise aux pragmatiques. La saison européenne 2021/22 a été une immense réussite. La plus belle, sans doute, depuis le début du siècle.