Interview - Andrew Jung : L'ambitieux meilleur buteur de National 1
Par Kristen Collie
Dans l'ombre des ligues professionnelles, le championnat de National 1 permet aux jeunes talents de s'aguerrir et de se révéler aux yeux des meilleurs clubs français.
Auteur de 14 buts en seulement 15 matchs cette saison, l'artilleur de Quevilly Rouen Métropole, actuel leader de N1, en est la parfaite illustration. En exclusivité pour 90min, l'avant-centre de 23 ans est revenu sur sa saison idyllique, ses ambitions et les moments marquants de sa carrière.
Olivier Giroud (Istres 2007-2008), Moussa Marega (Amiens 2013-2014) ou plus récemment Nicolas Pepe (2015-2016), ces joueurs évoluant aujourd'hui dans les meilleurs clubs du Vieux Continent ont pour point commun d'avoir enchaîné les buts en National avant d'exploser au plus haut niveau.
L'analogie est encore prématurée pour Andrew Jung, mais difficile de ne pas prédire un avenir prometteur au goleador de Quevilly Rouen Métropole, meilleur buteur de N1 avec ses 14 buts inscrits en seulement 15 rencontres de championnat.
"Je suis quelqu’un d’ambitieux et je n'ai que 23 ans. Je veux aller le plus haut possible. En France c’est la Ligue 1, j’ai envie d’y aller. "
- Andrew Jung
Formé au Stade de Reims
Le National 1 est cependant bien plus qu'une parenthèse pour le buteur appartenant à Châteauroux depuis juillet 2019. C'est la rampe de lancement d'une carrière professionnelle démarrée en Ligue 2, du côté du Stade de Reims.
"Ma période rémoise c’est un très bon souvenir. J'ai rejoint le club à 15 ans, c’est toute ma formation. Ce sont aussi mes débuts en Ligue 2 avec Michel Der Zakarian, souligne Jung, auteur de trois entrées en jeu lors de la saison 2016-2017. Suffisant pour convaincre la direction de lui offrir le précieux sésame :
"Je me rappelle au début je jouais surtout avec la réserve mais j’ai persévéré pour finalement signer pro à 20 ans."
- A. J.
Le bel exil breton
À peine le contrat pro signé, Jung vire de cap vers le Finistère : "Dès la signature de mon premier contrat pro, j’ai été prêté à Concarneau pour avoir du temps jeu et m’aguerrir. Ça s’est plutôt bien passé et j’ai mis des buts malgré quelques pépins physiques", témoigne-t-il, fort de ses 10 réalisations en 34 rencontres avec les Thoniers.
Bluffé par l'efficacité actuelle de l'éphémère Concarnois, Denis Vergos, correspondant et suiveur assidu du National 1 et de l'US Concarneau pour Le Télégramme, ne retient que de bons souvenirs du joueur prêté successivement par Reims et Châteauroux entre 2018 et 2020 :
"Jung a forcément beaucoup compté et l'US Concarneau aurait bien aimé bénéficier d'un nouveau prêt le concernant. Ses deux passages ont été marquants. Lors de sa première saison complète (2018-2019), il termine meilleur buteur du club avec sept buts. Mais il aurait pu viser la bonne douzaine s'il n'avait pas raté pas mal de matchs pour suspensions ou blessures."
De son passage en Bretagne, l'image marquante restera son doublé face à Lyon Duchère (3-0), décisif dans le maintien des Thoniers :
"Je crois que c'est son match qui m'a le plus marqué. C'était la première sur le banc du nouveau coach Laguillier après l'éviction de Benoît Cauet et il s'est forcément passé quelque chose ce soir-là, car les Thoniers ont ensuite ajouté trois autres victoires qui leur ont permis d'assurer de justesse leur maintien", se remémore Denis Vergos.
Le torpilleur de National 1
Au sein du troisième échelon du football hexagonal, on ne parle désormais que de lui. L'attaquant redouté par tous les défenseurs et les coachs des équipes adverses. Celui qui, sur une finition chirurgicale, peut anéantir vos chances de succès.
"Je ne vais pas dire que je sais tout faire mais en tout cas j’essaie de savoir tout faire sur le terrain."
- A.J.
Grand artisan du beau début de saison de QRM, brillant leader après 15 journées, Jung refuse pourtant les éloges individuels :
"Je ne suis pas seul dans l’équipe. Notre force c’est le collectif, souligne le buteur de 23 ans. Je suis bien entouré avec Ottman Dadoune qui a pas mal marqué aussi (7 buts, NDLR) et Manoubi Haddad qui nous met dans de bonnes dispositions (5 passes décisives, NDLR). On s’aide les uns les autres sur le terrain et on marque tous ensemble."
Un état d'esprit exemplaire et plein d'humilité, en contraste avec son arrogante idole : un certain Zlatan Ibrahimovic. Grand par la taille (1m92), comme le Suédois, le natif de Remiremont dans les Vosges (89), se définit comme un attaquant complet : "Je ne vais pas dire que je sais tout faire mais en tout cas j’essaie de savoir tout faire sur le terrain. Je peux jouer en pivot vu que je suis grand et prendre la profondeur avec ma vitesse".
15 matchs, 14 buts. Le secret de cette réussite ? "La confiance. Celle que j’ai en moi et surtout celle de mes coéquipiers et de mon coach Bruno Irlès. Je suis conscient de mes qualités et je travaille beaucoup devant le but".
Seule ombre au tableau, un jeu de tête à perfectionner, en témoigne son unique petit but dans ce domaine cette saison. Son premier, par ailleurs, sous les couleurs du club normand contre Le Mans lors de la deuxième journée de N1. "Je fais plus d’1m90 donc c’est un domaine qui doit devenir un de mes points forts. C’est un grand axe de progression et j’essaie de le travailler à fond", admet-il.
Un avenir en Ligue 1 ?
Appartenant actuellement à Châteauroux, son avenir à court-moyen terme le mène vers la Ligue 2. "J’évite de trop me projeter. Pour l’instant je suis bien à QRM et concentré sur cette saison. Je n’aime pas penser l’avenir à long terme. Chateauroux je n’y pense pas pour le moment, précise le joueur prêté par les Castelroussins.
Un attaquant qui marque des buts attire les regards, c’est sûr. En marquant 14 buts en 15 matchs j’imagine que c’est normal d’attiser les convoitises. Après moi je suis loin de tout ça et je me concentre sur mon football et le match de vendredi contre le Red Star."
Concentré sur l'instant T, le meilleur buteur de N1 n'en reste pas moins ambitieux pour la suite de sa carrière : "Je veux aller le plus haut possible. En France c’est la Ligue 1, j’ai envie d’y aller. "
Une ambition loin d'être démesurée, mais qui doit impérativement passer par la Ligue 2.
"Avec de telles stats actuelles, cette belle régularité sur trois ans en National et une progression constante. Il a certainement ce qu'il faut pour la Ligue 2, présage Denis Vergos, notre confrère du Télégramme.
C'est en tout cas toujours comme ça que ça se passe pour les très bons joueurs de National. Mais on voit bien le fossé qui sépare les deux niveaux, prévient-il. La L1 franchement je ne sais pas. Mais Andrew a une telle volonté de réussir que pourquoi pas ? Mais d'abord le palier Ligue 2, step by step".
De quoi augurer une ascension progressive vers les sommets ?