Interview - Hichem Boumbar, fervent étendard de la formation française aux Emirats

Hichem Boumbar s'est exilé aux Émriats arabes unis.
Hichem Boumbar s'est exilé aux Émriats arabes unis. / Andrew Redington/Getty Images
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Très rapidement focalisé sur sa passion, le football, Hichem Boumbar a tout mis en œuvre pour atteindre ses objectifs et vivre ses rêves dans le monde du ballon rond. Franco-Algérien, il n’a pas franchement misé sur une carrière de joueur, mais plutôt dans un rôle de technicien.


Aujourd’hui devenu directeur technique du club d’Hatta, aux Emirats Arabes Unis, il nous raconte sa vie, décrit le football local et met surtout en avant la qualité de la formation en France.

Présentation d’Hichem Boumbar

Tout d’abord, Hichem nous allons te demander de te présenter. Qui es-tu réellement et quel est ton lien avec le football ?

J’ai joué à Chartres, niveau National 3. Mais je n’ai pas vraiment axé mes ambitions sur un parcours de joueur. Dès l’âge de 19 ans, j’ai été blessé. Je ne jouais donc plus beaucoup et ce n’est pas parce que je n’étais pas bon. Car quand je suis arrivé en France après avoir joué en Algérie, j’avais beaucoup de contacts de centres de formation.

Et j’ai une famille beaucoup axée sur les études, qui ne m’a pas accompagné vers le sport, mais plus vers le cadre scolaire. Après avoir évolué chez les jeunes, j’ai donc très rapidement été promu en équipe première, pour jouer en DH. J’avais 16 ans quand j’ai joué mes premiers matchs en séniors. Mais voilà, j’étais beaucoup blessé et quand je suis parti à la Fac à 18 ans, j’ai commencé à passer mes diplômes.

Tu as rapidement compris que ton avenir dans le football ne se passerait pas en tant que joueur ?

Je savais que je ne voulais pas faire carrière dans le foot. Ma force quand j’étais jeune, c’était ma capacité à me remettre en question et à voir sur du long terme. Aujourd’hui, les gens me voient occuper le poste que j’occupe, à 30 ans, et trouvent que c’est très jeune.

Devenir joueur, ce n’était donc pas ma priorité. Ensuite, après mon cursus universitaire, j’ai passé les diplômes puis travaillé dans des clubs à plein temps. J’ai gravi les échelons. J’étais intervenant au niveau du district d’Eure et Loire. J’ai aussi intervenu sur des clubs étrangers en tant que formateur sur des sessions de travail, des échanges.

En termes de diplômes, j’ai l’UEFA A, j’ai le diplôme universitaire de prépa physique (université d’Evry), je passe également un diplôme de prépa mentale avec les nouvelles formations et j’ai beaucoup été en immersion au sein de clubs pro en France avec notamment des coachs confirmés.

Hatta, un challenge excitant

Tu es directeur technique au club d’Hatta. Comment t’es-tu retrouvé là ?

Avant d’arriver à Hatta, sur les trois dernières années (2018-2019), je restais sur de très bons parcours avec mes équipes de jeune à Chartres, notamment sur mes différents déplacements.

Certaines portes m’ont été ouvertes, que ce soit en Algérie, même en Belgique, Suisse, France ou Luxembourg. Et à ce moment-là, ce n’est pas que je n’étais pas prêt ; seulement, je ne voulais pas m’expatrier tout de suite.

Je privilégiais le côté familial de rester à Chartres et de continuer à apprendre. Avant le Covid, un gros contrat m’attendait d’ailleurs en Algérie pour occuper un poste équivalent sur une structure pro et j’avais refusé au moment de la signature. Puis le Covid est arrivé et le directeur sportif d’Hatta m’a contacté pour me proposer le poste. Et j’ai tout de suite signé.

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Quand le Hatta s’est présenté, j’avais trois clubs pro en France, ainsi qu’un club au Luxembourg qui joue l’Europa League, qui m’ont contacté pour entraîner l’équipe réserve. Plusieurs clubs étaient intéressés par mon profil et j’ai privilégié Hatta sur le projet, sur l’aspect familial.

Pourquoi ce projet t’a convaincu ? Le seul aspect sportif a influencé ta décision ?

Honnêtement, je ne voulais pas quitter la France car c’est là que je voulais faire mon trou. Mais le projet de partir aux Emirats tombe déjà au moment où la France avait un retard sur la gestion de la crise sanitaire - eux avaient tout ouvert et la reprise du foot a été actée. Je ne voulais pas prendre le risque de rester en France. Et l’autre chose qui m’a convaincue, le projet de formation, de restructuration. On me donnait un poste vraiment important dans ce club pour développer toutes ces parties-là.

Surtout, la Fédé des Emirats travaille en partenariat avec la FFF. Cela m’a davantage motivé à y aller, pour travailler notamment ce libre-échange avec la France. Enfin, le passage des diplômes professionnels - plus accessible dans le Golfe qu’en France - m’a aussi motivé.

Je me suis dit pourquoi pas y aller, pour créer un certain statut en termes de compétences, de diplômes et d’expérience, avant de revenir ensuite en France pour mettre en œuvre cette expérience internationale.

Le club d’Hatta vient de descendre en deuxième division. Quelles sont ses ambitions et ses objectifs dits réalisables ?

On vient de descendre oui. Pour ma première année, j’ai travaillé en première division. Là on est descendu et l’objectif est de remonter dès la saison prochaine. Il y a eu des erreurs de faite lorsque je suis arrivé. Ces erreurs étaient déjà présentes. Je leur avais annoncé en juillet 2020 que cela risquait d’être compliqué ainsi, avec un risque de descente.

Finalement, c’est arrivé. Il faut maintenant accepter cette descente pour préparer la remontée en première division avec des bases solides. Le club fait l’ascenseur oui, après moi je suis le genre de techniciens qui axe le projet d’un club sur la continuité. Que ce soit le pole jeune ou sénior, ils doivent travailler avec une même ligne directrice. Et cette ligne-là n’était pas présente.

"Aujourd’hui, le championnat des Emirats, je le vois comme de la Ligue 2. "

Hichem Boumbar

Comment faire avancer le club dès maintenant ?

Le projet que j’essaye aujourd’hui de mettre en place est de créer un fonctionnement commun dans le club, sur l’aspect technique. Avec un projet de formation lié au projet de l’équipe première. Cela comprend la recherche d’un style de jeu, un recrutement lié à l’équipe fanion, et surtout il faut miser sur le développement du joueur dès le plus jeune âge. Le joueur doit être formé et développé aux exigences du haut niveau.

Il faut aussi avoir une politique précise concernant le mercato de l’équipe première. Il ne faut pas recruter pour recruter mais le faire au service de l’effectif avec l’objectif d’attirer des joueurs pour répondre aux besoins de l’effectif. Les erreurs étaient-là.

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Le football emirati, en voie de développement ?

Parlons du championnat des Emirats. À ce jour, quel regard portes-tu sur le niveau la première division émiratie ? On parle souvent du Qatar avec Xavi, mais très peu des Emirats…

C’est du niveau Ligue 2 française. La première partie de tableau dans notre championnat c’est de la Ligue 2. Et la deuxième moitié c’est de la bonne National. Il y a un petit écart, à cause de la réglementation notamment.

Dis-nous-en plus sur ces règles.

La réglementation sur place nous permet d’avoir trois joueurs professionnels étrangers par club, de n’importe quel âge, que ce soit 25 ou 35 ans. Elle permet aussi d’avoir trois autres joueurs étrangers, de moins de 21 ans.

Ce qui nous donne un total de 6. Au-delà de ces joueurs, on peut aussi avoir trois autres joueurs étrangers, à la condition qu’ils soient au pays depuis leurs 18 ans, soit la majorité. Aujourd’hui, le championnat des Emirats, je le vois comme de la Ligue 2.

"Ils mettent les moyens sur les infrastructures, sur les terrains, les pelouses. C’est du niveau international."

Hichem Boumbar

Sur quels axes de progression tu insisterais pour augmenter le niveau du championnat local ?

Déjà, je trouve cela bien que le gouvernement, la Fédération, le Ministère ou encore le Dubaï Sport Consult essayent en général de mettre les moyens nécessaires pour faciliter le développement du sport. Avec une volonté d’exister et de faire de leurs activités des références.

Ils mettent les moyens sur les infrastructures, sur les terrains, les pelouses. C’est du niveau international. Pareil pour le matériel, on est sur du high-tech et tout est réalisé pour permettre la réussite. De son côté, Dubaï Sport Consult met même à disposition des techniciens, des coachs internationaux pour apporter leur vécu et leur savoir-faire auprès des entraîneurs, des joueurs. Avec des conférences, des séminaires.

Juges-tu les clubs assez structurés ?

Il faut aussi savoir que les clubs n’agissent pas comme ils le veulent. Chaque projet doit être validé par la Fédé et le Dubaï Sport Consult, qui ont le «cahier des charges» de la FIFA. Tout est réglementé. Les clubs sont donc structurés. La difficulté est de savoir quel accompagnement apportent les clubs au niveau des jeunes ?

Sur un plan technique, certains clubs manquent de structuration, de projet, de méthodologie. C’est sur ce domaine que j’ai travaillé. Sur la volonté d’apporter un accompagnement technique avec des programmes, des tests, des bilans, des réunions, des séances et échauffements-types. Mon idée, c’est que l’entraîneur des U10 ou des U19 travaillent de la même manière. Voilà l’axe d’amélioration à avoir.

Et justement, est-ce que ce pas en avant passe, selon toi, par l’arrivée d’entraîneurs étrangers et notamment français, en matière de formation notamment ?

En rapport avec ce qu’il se passe aujourd’hui aux Émirats, avec la présence d’Hollandais, de Belges ou encore d’Espagnols, je dirais que la France est une référence en matière de formation. La formation de jeunes joueurs, mais aussi sur le contenu de formation des diplômes proposés par la FFF. Il y a un savoir-faire proposé en France qui est en avance sur d’autres Fédérations.

Déjà car en France on détient le deuxième meilleur vivier du monde, en Île-de-France. Mais aussi car on a des statistiques et un pourcentage fou de joueurs qui jouent au haut niveau, la Ligue des Champions. En plus, de cela on a gagné la dernière Coupe du monde. Aujourd’hui, la France existe dans le monde international. Mais je pense qu’on devrait promouvoir davantage ce savoir-faire.

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"Quand un gars comme Longoria dit des âneries comme cela, cela les fait doucement rire."

H. B

Représentons-nous une référence à ce point ?

Moi qui arrive de France aux Emirats, je me rends compte que le contenu proposé par la Ligue du Centre, est d’un niveau largement supérieur à celui d'autres formations proposées en Europe. Tout ça sur la base du même diplôme. Et puis, il est surtout largement avancé par rapport à des diplômes asiatiques ou africains.

Je suis venu de France avec un savoir-faire, une rigueur, un contenu de formation et un fonctionnement des clubs professionnels en avance. Aujourd’hui, on peut parler de ce savoir-faire car il y a eu des preuves, des statistiques qui le confirment. Avec des joueurs qui jouent dans les meilleurs clubs.

Moi-même qui représente le football français à Dubaï, en étant le seul directeur technique tricolore aux Emirats, la Fédération est admirative sur le projet présenté. Ce projet a été écrit sur les bases d’un fonctionnement de la politique technique de la FFF.

La formation française sous-cotée

On parle de la formation française. Voilà quelques mois maintenant, le président de l’OM Pablo Longoria avait critiqué les intentions de jeu de certaines équipes de Ligue 1…

Récemment, j’étais avec le DTN (Hubert Fournier, ndlr), on a eu cet échange. Je te disais tout à l’heure que le produit français doit s’exporter à l’étranger. On en a parlé, et il m’a justement dit que quand un gars comme Longoria dit des âneries comme cela, cela les fait doucement rire…

Moi personnellement, je note juste qu’un joueur français formé aujourd’hui dans des infrastructures en France sort intelligent, avec une qualité technique au-dessus de la moyenne et des capacités athlétiques impressionnantes.

Après la Ligue 1, c’est un championnat très difficile. Avec des paramètres à prendre en compte. Mis à part le PSG, ce n’est pas une ligue qui attire des grands joueurs de renommée internationale. Donc pour pouvoir exister en Ligue 1, des clubs aux moyens financiers limités n’ont pas d’autres choix que de rechercher une certaine solidité défensive par exemple.

Mais est-ce qu’il n’a pas raison quand il insiste sur le fait que certains miment de s’approprier le succès de la formation française ?

Je vais donner une anecdote. Nous, quand on va chercher un gars pour entraîner des U15 par exemple, on va bien insister sur le fait que son sort ne sera pas conditionné par les résultats. Imaginons qu’il perde trois matchs, il va y avoir une pression sur le résultat, alors que ce n’était pas le discours tenu.

Forcément, cet entraîneur il va commencer à changer son approche pour obtenir un résultat. Il va certainement refuser le jeu et d’autres choses pour axer sur le résultat. L’idée deviendra de jouer fermé, en attendant un exploit pour gagner.

Mais cela ne marchera qu’à court terme…

Ce garçon-là, pourquoi il fait cela ? Pour gagner son pain, car il a la pression des résultats. J’utilise cette comparaison car en Ligue 1, c’est à peu près la même chose. On va refuser le jeu et jouer en contre-attaque sur les coups de pieds arrêtés pour exister, et ne pas perdre. Si tu joues, forcément tu te livres et y a des espaces… Mais vu que ce n’est pas un championnat qui joue, t’es obligé de prendre ce paramètre en compte.

On peut aussi penser que personne ne remet vraiment la formation française en cause, mais que le message de Longoria consistait plutôt à critiquer le style de jeu.

Oui, c’est le style de jeu. Après, à l’époque il y avait Joe Barton à Marseille qui disait «en Angleterre, on nous demande de marquer. Ici, c’est de ne pas prendre de but.» Il s’agit là de deux cultures différentes. L’une n’est pas mieux que l’autre. Maintenant, quand tu prends l’équipe de France. Deschamps a gagné la Coupe du monde sur ces principes d’assise défensive solide.

Aujourd’hui, qu’est-ce qu’on demande à un coach ? Sur une grande compétition ou un tournoi international, à un moment c’est bien de jouer, mais gagner c’est mieux.

Pour jouer, c’est une philosophie que tu dois avoir sur plusieurs années. Regardez Deschamps, sa première Coupe du monde avec la France il perd en 2014. Quatre ans plus tard, il a retenu les leçons et compris qu’il n’avait pas le temps de préparer une équipe joueuse.

Comment tu expliques ces différences ?

Sur un championnat, si tu prends le Real Madrid, parfois cela joue et d’autres non. En Angleterre pareil, c’est spectaculaire car on attaque et on est sur du box-to-box. Et on voit aussi que les cinq grands championnats sont tous différents avec notamment les caractéristiques du public.

En France, on est un pays avec une forte immigration, avec un public axé sur le Français de souche, le Maghrébin, l’Africain… Et aujourd’hui cela rassemble. En équipe de France, tu vois des joueurs de toutes les origines.

Et la variété des joueurs se voit aussi sur le plan technique et athlétique. En Espagne, tu dois axer ton jeu sur les transmissions courtes, la possession et le mouvement car tu n’as pas le joueur fait pour répéter les efforts.

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Les Emirats s'inspirent de l'étranger

Revenons-en au sujet de base. Aujourd’hui, le championnat des Emirats compte-t-il beaucoup d’entraîneurs étrangers ?

Oui, il y a des Serbes, des Néerlandais, des Roumains, des Espagnols. Mais pas de Français. Cela emmène divers styles de jeu. Après chaque entraîneur aura son approche, mais il faut s’adapter au football local et aux caractéristiques des joueurs locaux.

"Je pense qu’à l’avenir, ce sera des pays qui vont pouvoir attirer beaucoup de joueurs étrangers de qualité. "

H. B.

Sens-tu que le football prend une place grandissante dans la vie locale ? Qu’il y a une volonté d’emmener les jeunes à pratiquer le football ?

La politique de la Fédération et sa réglementation poussent les clubs à axer leurs équipes premières sur des produits issus du club et des équipes locales. Et aujourd’hui, avec l’évolution du football et la physionomie financière, on amène les clubs à produire des joueurs. Les clubs axent de plus en plus leurs politiques sur de la formation, en mettant en œuvre les moyens humains et financiers nécessaires.

Le football local a donc évolué au cours des dernières années. Et je pense qu’à l’avenir, ce sera des pays qui vont pouvoir attirer beaucoup de joueurs étrangers de qualité.

Effectivement, il y a un certain cadre de vie qui attire…

Voilà, au-delà du sport, tu as un cadre de vie, tu as une certaine sécurité, du divertissement qui t’amènent à vivre bien et paisiblement en famille.

Selon toi, certains joueurs locaux auraient leur place dans un championnat comme la Ligue 1 ?

Oui, il y a des bons joueurs. Par exemple, sur mon pole jeune, un ou deux joueurs, des 2003, ont le niveau aujourd’hui pour évoluer en Ligue 2 ou National par exemple.

Sens-tu que les jeunes ont envie de réussir ? Ou bien font-ils ce métier car c’est une opportunité ?

Concernant le football, ce n’est pas un peuple de passionnés. Ce n’est pas comme en France où tu sors de chez toi et au premier city stade tu vois des jeunes jouer au football. Avec l’évolution du football mondial, européen et aussi les grandes sommes d’argent en jeu, aujourd’hui les jeunes émiratis veulent réussir dans le football.

Et quand des techniciens comme moi par exemple, leur parlent au sein des clubs du football européen et de ses exigences, avec la possibilité de réaliser des stages en France, de se confronter à des clubs, cela leur donne une motivation supplémentaire. C’est un facteur motivationnel pour eux.

L’année prochaine se tiendra la Coupe du monde au Qatar, sens-tu qu’aux Emirats on attend aussi une "heure de gloire", avec la volonté de briller au foot ?

Le Qatar est un pays concurrentiel, on a deux voisins avec des tensions économiques, etc. Les Emirats ont envie d’accueillir ce genre d’événements dans le futur. D’où leur priorité et leur objectif même de développer rapidement le football et leurs structures. Avec l’idée de mondialiser leur image.

Tu nous disais que cette progression passera par l’arrivée d’acteurs étrangers, de joueurs à entraîneurs. Penses-tu que pour favoriser ce bond en avant, la Fédération devrait songer à lever son quota ?

Les quotas sont là. Notamment au niveau des entraîneurs. Chez les jeunes, on va te demander de mettre soit un entraîneur local dans le staff ou au moins en tant qu’adjoint. La présence d’un entraîneur local est obligatoire dans chaque catégorie. En deuxième division émirati, la Fédé donne la priorité aux staff locaux, avec la prise en charge des salaires.

A l’avenir, on sera amené à avoir plus d’entraîneurs locaux dans les championnats professionnels des Emirats et chez les jeunes.

La promotion du football et du vivier local est une très bonne chose en matière de développement sur le long terme.

Exactement, leur politique c’est d’amener le savoir-faire étranger, tirer le maximum des compétences pour se former, se développer puis prendre ensuite la relève.

Hichem Boumbar, un homme très ambitieux

Dans ton équipe, sens-tu un réel potentiel. Y a-t-il la matière pour faire de grandes choses ?

Moi, je reste très optimiste dans l’idée de faire de mon club une référence en matière de formation et de structure dans les prochaines années. J’en suis persuadé car j’ai une équipe dirigeante qui me laisse travailler et qui a aussi cette ambition de réussir.

Et puis, les moyens financiers comme humains sont là. A un moment donné, il faut prendre conscience de la qualité présente dans ton club, et je suis persuadé qu’à un moment donné, Hatta Club sera dans les trois clubs les plus structurés en matière de formation et que l’équipe première sera composée majoritaire de joueurs issus du vivier du club.

Donc tu comptes rester sur la durée à Hatta.

Pour le moment, je veux finir mon cycle de travail avec Hatta. Mais je ne te cache pas qu’après Hatta, j’aurais des envies de revenir en France et d’exercer avec un club français, jusqu’en National par exemple.

Tu es directeur technique, quelle évolution tu aimerais encore connaître ?

Attention, dans une structure de club, directeur technique, cela représente déjà la plus haute fonction. Après je pense que c’est dans ce rôle-là que je suis le meilleur, avec un rôle de manager, de technicien, de fédérateur, dans la mise en place de projet. C’est ce que je sais faire.

A un moment donné, j’aimerais être sélectionneur, diriger une équipe de France jeunes sur un tournoi international comme un Euro sur les prochaines années. Il est important de se fixer des objectifs, et il faut garder ce facteur motivationnel, savoir ce qui va te motiver à progresser. «Je suis à Hatta, près de Dubaï, pourquoi je suis parti là-bas ? Pour avoir des diplômes, de l’expérience et pour ensuite revenir confirmer en France dans un club pro. Si tu confirmes en France, tu peux arriver à la tête de U19 ou U20.»

Cela fait du bien d’entendre de tels discours, tu ne te reposes pas sur tes acquis.

Par moment, des gens arrivent à une place car ils ont une image d’ancien professionnel. Moi je n’ai jamais été «pro», le plus haut niveau où j’ai joué c’est la National 3. Et puis en matière de coaching, j’ai entraîné à Chartres et prouvé sur le niveau régional, DH et R1 (en U17 et U18). Chaque année où j’ai pris une équipe, j’ai fini champion.

Mais à un moment donné, je me suis fait seul. Quand j’étais à Chartres, j’allais chaque année faire des stages dans des structures pro pour voir et apprendre auprès de directeurs de centre de formation, de staffs et de coachs.

Il faut savoir emprunter des routes différentes pour arriver à ton objectif. Ce n’est pas parce que je suis directeur technique que je n’ai rien à prouver. Au contraire, c’est maintenant que je dois prouver. Pour rester au sommet, il faut être novateur, aller dans l’inédit.

Comme je l’ai dit, j’ai envie de réussir en club avant de me tourner potentiellement vers une sélection. Est-ce que je le ferai avec la France ou l’Algérie, je ne sais pas, mais aujourd’hui ma motivation réside dans l’envie de représenter la France pour la remercie de tout ce qu’elle m’a donné.

Et si demain tu as l’opportunité de devenir le DTN de la Fédération des Emirats, est-ce que tu pourrais te laisser séduire ?

C’est un poste intéressant. Après, honnêtement, j’aime les structures où il y a de la compétition, dans les clubs notamment. Donc être le directeur technique des équipes nationales, pourquoi pas. Mais DTN, un peu moins.

C’est plus un poste administratif mais moi j’ai besoin de terrain. Tous les jours, je suis au contact des différentes catégories, je rentre sur les séances, je fais les séances, voilà pourquoi je te disais que c’est ce que j’arrive à faire le mieux. Car j’arrive à apporter à chaque staff une plus-value.

Chaque jour, je travaille avec une catégorie différente. Par exemple, le lundi je vais travailler avec les U15, le lendemain avec les U19 ou encore le surlendemain avec la réserve. Je suis auprès des staffs, on a de l’échange, on essaye d’aller toujours plus haut, on a de la réflexion. Donc directeur technique national pourquoi pas, mais de préférence devenir directeur technique des équipes nationales ou de club.