Interview - Ludovic Giuly : "Messi a clairement pris ma place au Barça"

Ludovic Giuly a passé son diplôme d'entraîneur UEFA PRO en Espagne aux côtés d'anciens joueurs comme Raul, Victor Valdes ou encore Michel Salgado
Ludovic Giuly a passé son diplôme d'entraîneur UEFA PRO en Espagne aux côtés d'anciens joueurs comme Raul, Victor Valdes ou encore Michel Salgado / CHARLY TRIBALLEAU/Getty Images
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L'une des personnalités les plus appréciée dans le monde du football. Pour 90min, Ludovic Giuly est revenu sur les moments forts de sa carrière de joueur professionnel. L'ancien international français (17 sélections) en a aussi profité pour parler de ses ambitions futures en tant qu'entraîneur, lui qui a passé son diplôme UEFA PRO en Espagne.


"On peut dire que l'AS Monaco est mon club de cœur."

Ludovic Giuly

De vos débuts en pro à l’Olympique Lyonnais en 1994 jusqu'à votre retraite en 2016, quelle est la première chose qui vous vient à l’esprit quand vous retracez votre carrière ?

(il réfléchit) La fierté. Beaucoup de fierté je pense. Je suis vraiment fier d'avoir eu cette carrière.

Vous étiez milieu offensif de formation. Quel était votre poste préféré sur le terrain ?

J'ai commencé au poste de numéro 10. Quand j'avais le physique et les jambes, j'étais bien à droite. Mais franchement, je préférais jouer derrière l'attaquant ou à côté de l'attaquant. À ce poste, j'avais vraiment beaucoup plus de liberté.

Vous débutez votre carrière à l’OL, mais c’est à l’AS Monaco que vous vous faites un nom en France et en Europe. Est-ce qu’on peut dire que c’est le club le plus important de votre carrière ?

On peut dire que c'est mon club de cœur. J'ai passé pratiquement huit ans dans ce club, j'ai vécu des choses extraordinaires. Après, oui, c'est vrai que mon club formateur ça restera Lyon, j'ai grandi là-bas, j'ai marqué 16 buts sur une année - saison 1996-1997, mais mon club de cœur, c'est Monaco.

"La plus grande force de Deschamps, c'est qu'il croit en lui et en ce qu'il fait."

Ludovic Giuly
Ludovic Giuly a porté le brassard de capitaine sous les ordres de Didier Deschamps à l'AS Monaco
Ludovic Giuly a porté le brassard de capitaine sous les ordres de Didier Deschamps à l'AS Monaco / MIGUEL RIOPA/Getty Images

De 2001 à 2004, vous côtoyez un certain Didier Deschamps à l’ASM. Comment s'est déroulée votre collaboration avec lui ? Êtes-vous surpris de sa trajectoire en tant qu’entraîneur et de ses différents succès ?

Il m'a expliqué que c'était bien d'être passionné par le football, mais il m'a surtout fait comprendre que c'était d'abord un métier, qu'il fallait avoir une excellente hygiène de vie et des objectifs importants pour aller le plus haut possible. En réalité, il m'a rendu encore plus professionnel que je ne l'étais.

Non, je ne suis pas surpris par sa trajectoire. Il était comme ça en tant que joueur et en tant qu'entraîneur. C'est un bosseur, il sait où il va. Il sait ressentir les choses et il a aussi la capacité à se remettre en question quand il le faut.

Est ce qu'il a changé depuis ses débuts en tant qu'entraîneur ? Quelle est sa plus grande force pour vous ?

Non, je ne pense pas qu'il ait changé. Je le côtoie assez souvent et je trouve que c'est toujours le même. Il a juste plus d'expérience maintenant. En tout cas, dans son caractère, il n'a pas changé.

Sa plus grande force, c'est qu'il croit en lui et en ce qu'il fait. On peut dire beaucoup de choses sur lui, mais il fermera les yeux et il continuera à faire son truc. Il s'est forgé une carapace. Il a des objectifs et il veut les atteindre. Et à 90%, il les atteint.

Avec l’AS Monaco, vous remportez la Ligue 1 lors de la saison 1999-2000. Mais on retient surtout votre saison 2003-2004, où vous allez jusqu’en finale de la Champions League. Que retenez-vous de cette saison ? Avez-vous des regrets ?

Dans cette saison, il y avait tout. Pour un joueur, c'est incroyable. On a vécu une épopée magnifique. On était comme une famille. Après, le plus gros regret et la plus grosse déception, c'est de ne pas avoir gagné ce dernier match qui nous manquait pour réaliser quelque chose d'historique.

D'ailleurs vous sortez sur blessure lors de cette finale...

C'est sûr que la blessure, elle vient au mauvais moment. Mais en réalité, elle passe clairement après le résultat. Si le scénario était que je sorte et qu'on gagne la Ligue des Champions, j'aurais signé tout de suite avec les deux mains.

Cette blessure me fait aussi louper l'Euro 2004. Mais bon, ça fait partie de la vie et d'une carrière. Il faut accepter les choses.

Ludovic Giuly et Ronaldinho ont remporté les plus grands trophées au Barça
Ludovic Giuly et Ronaldinho ont remporté les plus grands trophées au Barça / Bagu Blanco/Getty Images

"Techniquement, je n'ai jamais vu un joueur aussi fort que Ronnie."

L.G

Cette saison de haute volée, vous permet de signer au FC Barcelone par la suite. Comment s’est fait le contact avec la direction catalane à l’époque ?

C'est grâce à mon agent. Un docteur du FC Barcelone est venu chez moi pour voir l'état de ma blessure. Il m'a dit qu'elle n'était pas méchante et que j'en aurais pour un mois et demi. Du coup, je suis parti en vacances et à mon retour le contrat était prêt. Le Barça reprenait les entraînements un peu plus tard donc j'en ai profité pour faire des soins tout en apprenant l'espagnol en même temps.

Vous changez de dimension au FC Barcelone. Vous évoluez avec les plus grands joueurs et vous remportez les plus grands trophées dont la Liga et la C1. Quel est votre meilleur souvenir au sein de ce club ?

Tout. Que des bons souvenirs. C'est une fierté d'avoir joué dans ce grand club et d'avoir gagné la Ligue des Champions. À Paris en plus.

À cette période, le joueur de phare de l’effectif s’appelle Ronaldinho. Que pensez-vous du joueur ?

Un joueur exceptionnel. Techniquement, je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi fort et de ce niveau. Ce qu'il faisait à l'entraînement, c'était énorme, on avait jamais vu ça. Il m'a vraiment impressionné. Humainement, c'est aussi quelqu'un de génial.

"C'est clairement lui qui a pris ma place, il n'y a aucun problème avec ça."

Ludovic Giuly à propos de Leo Messi

Vous avez aussi croisé la route d’un autre extraterrestre : Leo Messi. On dit souvent que c’est lui qui vous a poussé vers la sortie. En le voyant arriver, est ce que vous pensiez qu’il réaliserait une carrière aussi exceptionnelle ?

(il coupe) Ah oui, c'est clairement lui qui a pris ma place, il n'y a aucun problème avec ça. À son arrivée, je savais que c'était un crack et qu'il allait exploser. Ce qui est sur, c'est qu'on savait qu'il avait du talent. Tu n'intègres pas le groupe professionnel du Barça à 16 ans si tu n'as pas de talent.

En plus de ça, Leo a travaillé et il a beaucoup appris auprès des grands que ce soit avec Ronnie, Deco ou Eto'o qui lui ont donné de nombreux conseils. C'est un phénomène. C'est vraiment énorme ce qu'il fait sur la longévité.

Après le Barça, vous faites un bref passage d’un an en Serie A à l’AS Rome. Avez-vous apprécié cette étape italienne ?

Franchement, quand tu pars du Barça et que tu te retrouves en Italie, c'est un peu compliqué. Ce n'était pas trop mon style de jeu, c'est pour ça que je ne suis resté qu'un an à la Roma. Même si j'ai remporté la Coupe d'Italie et qu'on a fini deuxième de Serie A, je ne me plaisais pas trop à Rome.

L’Italie est réputée pour être le pays de la tactique et de la défense. Est-ce vrai que les séances d’entraînements sont le plus souvent tournées vers l’aspect défensif ?

Quand je suis arrivé en Italie, j'ai mangé de la tactique tous les jours. J'avais 30 à 40 minutes de tactique à chaque fois. Il y avait beaucoup de musculation aussi. C'était vraiment l'opposé de ce que j'avais connu au Barça où il n'y avait quasiment que du jeu et du ballon.

"Le PSG peut gagner la Ligue des Champions. "

Ludovic Giuly
Ludovic Giuly aux côtés de Charles Villeneuve lors de sa signature à l'été 2008 au PSG
Ludovic Giuly aux côtés de Charles Villeneuve lors de sa signature à l'été 2008 au PSG / FRANCOIS GUILLOT/Getty Images

À l’été 2008, vous revenez en Ligue 1 en signant au Paris Saint-Germain. Pourquoi le PSG ?

Parce que j'ai eu l'opportunité de revenir en France et que Paris s'était positionné. Je n'ai pas hésité. Il faut dire aussi, que je n'avais pas beaucoup d'offre. Le challenge était beau. Ils voulaient reconstruire une équipe et ils avaient failli descendre en Ligue 2 la saison précédente. Le projet me plaisait bien et puis, il y avait Gregory Coupet et Claude Makelélé qui débarquaient aussi.

Le club français est d’ailleurs racheté par QSI l’été de votre départ. Que pensez-vous de l’évolution du club depuis toutes ces années ?

Ils sont en train de construire quelque chose de puissant et de fort. Ils l'ont démontré avec les joueurs importants qu'ils ont recruté. C'est un beau projet, sur le long terme. Ils peuvent gagner la Ligue des champions qu'ils ont loupé l'année dernière de très peu. C'est bien pour le club et pour le football français.

"Je ne pensais pas prendre ce chemin mais l'appel du football a été plus fort que moi."

L.G

Passons à votre reconversion. Après un passage dans les médias en tant que consultant vous semblez aujourd’hui vous diriger vers une carrière d’entraîneur. Pourquoi cette voie ?

J'avais un manque. Le terrain, et même le vestiaire. En commentant les matchs et en parlant aux joueurs quand j'étais consultant, je me suis dit qu'il me manquait quelque chose. Et à partir de là, tu n'as pas 50 solutions. Soit tu passes tes diplômes, soit tu vas du côté des dirigeants. Je ne pensais pas prendre ce chemin, mais l'appel du football a été plus fort que moi.

Comment envisagez-vous le métier d’entraîneur dans les prochaines années ?

Pour le moment avec le coronavirus, c'est compliqué. On attend que la saison se termine et que tout s'arrange. Après, on repartira sur de bonnes bases.

Vous avez connu de nombreux coachs dont Didier Deschamps, Frank Rijkaard, Luciano Spalletti, et d’autres. Quel coach vous a le plus appris ? Lequel est la plus grande source d'inspiration ?

Comme tu dis, j'ai eu de la chance de côtoyer tous ces entraîneurs. Je pense que je vais m'inspirer de tous les coachs que j'ai eus. Mais ce sera à moi aussi de "me faire" et de bien mixer tout ça. Forcément, tous ces managers m'ont inspiré. Que ce soient la rigueur de Deschamps ou la confiance et le management de Rijkaard sur ses joueurs.

Il n'y a pas de mode d'emploi. Être entraîneur ça se vit sur le terrain, ça se vit avec le groupe et ça se ressent. Les expériences vont me servir, mais ça sera à moi de trouver les solutions.

Vous avez joué avec des champions. Quels sont les 3 joueurs qui vous ont le plus impressionné ?

(il réfléchit) Je dirais Messi, Ronaldinho. Mais trois ce n'est pas suffisant (rire). Je rajoute Xavi, Eto'o et Iniesta. J'aurais pu mettre Zidane, mais je ne l'ai pas trop côtoyé.

Et si tu devais retenir un seul match de ta carrière...

Barcelone - Arsenal, la finale de C1 en 2006. C'est le plus beau cadeau et le plus grand trophée que j'ai eu en tant que joueur.

Et pour finir, le plus beau but

Le plus beau, celui contre Lens avec Monaco et le plus important, je dirais contre le Milan en demi-finale de C1 avec le Barça et celui contre le Real Madrid avec Monaco également.