Interview - Romain Molina : "Je pourrai sortir un one-man show avec toutes les magouilles dans le monde du foot"
- Romain Molina nous a accordés une interview exclusive.
- Son livre est disponible chez Exuvie et les revendeurs.
- Le journaliste indépendant nous délivre ses impressions sur le foot actuel.
Par Olivier Halloua
Pour la sortie de son huitième livre L'Industrie du Foot français 1 (Editions Exuvie) , nous sommes allés à la rencontre de Romain Molina. Le journaliste indépendant a gardé son punch et a toujours la volonté de faire bouger les choses. Entre anecdotes croustillantes, infos exclusives et pirouettes sur son dernier ouvrage, entretien avec un personnage important de l'éco-système du sport français.
Olivier :
Alors mon cher Romain, tu nous as sorti ton huitième livre. Huitième. Quelle était la différence entre le premier et le huitième ? Quelle était la différence entre le Romain du premier et du huitième ?
Romain :
J'ai l'impression que ça fait presque une éternité. D'ailleurs, c'est là où tu te rends compte à quel point le temps passe beaucoup trop vite, même si tu as l'impression que c'est une éternité.
Parce qu'à l'époque déjà, j'étais quand même conscient de tout ce qui se passait derrière. Le premier, c'est Galère Football Club, c'est onze entretiens intimistes avec des joueurs francophones et également un coach.
Ca révélait certaines faces cachées aussi avec des menaces de mort, du chantage, des gens qui terminaient à la rue, des problèmes de drogue, certains joueurs qui ont tenté de se suicider. Mais il y avait une approche très humaine et vraie. Donc déjà, dans la conception, dans la forme, c'est complètement différent. Le premier est un recueil d'entretiens à la première personne, donc ça n'a rien à voir avec l'écriture d'un ouvrage où tu insères des citations et autres.
Forcément, dans la forme déjà c'est différent. Dans les contacts, à l'époque, je galérais un peu plus à avoir des contacts. La plupart des contacts que j'obtenais, c'était grâce à Facebook. Les réseaux, ça marche toujours parce que ce sont des joueurs méconnus même aujourd’hui. Moi je fais une enquête pour le Guardian sur l’Afghanistan et le premier endroit pour contacter les joueurs c’est les réseaux puis ensuite un joueur va me donner le contact de l’autre… Et maintenant je suis en contact avec 10 ou 15 joueurs de l’équipe nationale grâce à ça. Donc ça montre à quel point ça peut être facile surtout pour les joueurs méconnus. C’est vrai que ce point-là n’a pas changé. Par contre, le milieu a changé aussi.
C’est marrant parce que j’aimerais faire un Galère Football Club 2. Le premier, je l’aime beaucoup parce que je trouve qu’il est très attendrissant, très humain, très original. Un peu un ovni comme un peu tout ce que j’ai fait. Donc je pense que c’est très intéressant que chacun des livres soit très différent. Il n’y en a pas un qui se rapproche que ça soit sur le fond, la forme voire presque le style.
Donc oui, tu m’aurais dit tout ça quand j'ai sorti Galère Football Club, je l'aurais pas forcément cru, mais j’ai essayé de me donner à fond. Il y a un truc qui n’a vraiment pas changé c’est que j’ai fait Galère Football Club par amour et tous les livres que j’ai fait, ça a été comme ça.
C'est venu d'une envie parce que honnêtement, c'est pas pour l'argent que je le fais. Après moi, comme tous les êtres de cette terre, on change forcément. Ça va bientôt faire dix ans que Galère est sorti. Mais le fond n'a pas changé au final, c'est l'amour. Et toujours ce côté un peu humain, même si on parle de choses très sombres. ll y a des choses joyeuses mais il y a aussi des sujets très graves. Mais par contre c'est un livre qui est resté. Je crois qu’il fait à peu près entre 2800 et 3000 ventes. C’est celui que j’ai le moins bien vendu (avec celui du Yémen) mais moi j’en suis extrêmement fier de ce premier. Et de tous parce que je l’ai dit, j’y ai vraiment mis le cœur et je pense que ça se voit.
Tout ce que je fais, même quand je fais mes enquêtes et autres. Si je ne le faisais pas par amour et parce que j’y crois, je ne le ferais pas parce que ça m’attire quand même plus d’emmerdes qu'autre chose. Je pourrais faire des trucs beaucoup plus simples, qui ne me feraient pas d’emmerdes, qui seraient plus rémunérateurs..
Vu l'audience que j'ai, je ferais du 5 000 €/ 6000€ par mois net facile et pas d’emmerdes. Maintenant est ce que c'est ce que j'aime ? J'avoue que j'aime bien fouiller aussi. Je suis curieux de savoir le pourquoi du comment. Quand tu aimes le sport en général et les gens, tu te dis au bout d’un moment il faut arrêter tout ça quand tu as le pouvoir de faire quelque chose.
Olivier :
Justement tu me disais que tu aimes le sport mais est ce que tu aimes encore le football par exemple ?
Romain :
J'adore les qualifs de Coupe du monde des petites nations. La coupe de France aussi, il y a des histoires marrantes, les clubs d’Outre Mer j’aime bien par exemple. Là je ne peux pas mais sinon je serais allé faire soit les Seychelles qui font les qualifs de la Coupe du monde en groupe pour la première fois de leur histoire. Mais je t'avoue que le petit Palestine - Liban qui va se jouer… En plus c'est aux Émirats, celui-là je l’aurais bien fait. Et j'adore l'Afghanistan, l'Irak, le Yémen. Pareil en CONCACAF, quand on va avoir les préliminaires de zone d'Océanie, les Caraïbes...
Parce que moi je me le suis tapé le Pakistan - Cambodge en streaming. Je peux te dire que c'était pas toujours magique, j’ai dû le chercher sur YouTube. Le Pakistan qui gagne pour la première fois un match de qualif Coupe du monde, exceptionnel. 1 - 0, ils ont gagné à Islamabad. Enfin, ils ont pu rejouer à domicile. Je me suis un peu tapé le Mongolie - Afghanistan, où les joueurs ont viré le coach la veille du match, c'est exceptionnel. Farshad Noor, le capitaine historique de l'Afghanistan, qui marque.
Donc non, ça j'adore toujours. Par contre, je suis les toutes premières rencontres de Coupe d'Europe aussi, un poil moins, tout ce qui se fait en division inférieure anglo-écossaise également. Ce n'est pas moi qui vais regarder un match de Ligue des champions.
Puis forcément, quand tu connais aussi certains joueurs, coach, etc… qui ne sont pas des mecs médiatisés comme les Cubains, les Afghans, le staff technique espagnol du Bangladesh, le coach du Yémen…
Et tu ne peux pas avoir ça dans le football d’élite parce qu’il y a trop de barrières et vu que moi, je m'en fous, j'aime bien avoir des relations, tout part de l'humain. Et puis attention, il y a énormément de salopards aussi à petit niveau mais c’est vrai qu’il a plus de contacts.
Olivier :
Comment décrirais-tu ton métier en tant que tel ? C'est un métier à part quand même.
Romain :
Fouteur de merde ? (Rires). Disons que j’embête certaines personnes. Certains disent journaliste, auteur, tu mets le terme qui te plait.
Je pense que j’ai une méthode d’investigation journalistique à tous les niveaux parce que je ne donne jamais mon avis, je ne suis pas un éditorialiste. Mon avis, on en a rien à branler. Par contre, quand je parle c’est toujours qu’en amont le travail a été fait. Je travaille autour des coursives du sport principalement.
Pas que le foot maintenant, j’ai publié un truc sur l’escrime. Très folklorique d’ailleurs, et alors là ça me plaît. On a un président qui démissionne, il ne veut pas dire pourquoi. Ils ne veulent pas répondre, paranoïa dans l’escrime française.
On a aussi le Kickboxing, après dix mois de travail, c'est sorti sur BLAST. Je fais des trucs aussi sur le basket, bientôt sur la lutte. Donc voilà c’est toujours dans la coursive du sport.
Je reste toujours indépendant. Il y a The Inquisitor qui s’est monté, c’est une plateforme un peu multisports à l’international avec quelques pointures et je suis dedans, j’en suis assez content. Donc voilà, un peu regarder ce qui se passe ici et là. Après, j'essaye de varier aussi les sujets mais la méthode par contre, c'est toujours la même.
C'est à dire qu'avant de faire un sujet sur vidéo, écrit ou ce que tu veux, avant il y a toujours 50 000 appels. Mais je travaille trop, je suis un stakhanoviste. Certaines personnes pourront le confirmer… Mais je vois que les choses comme ça, parce que c'est ma manière aussi de travailler. C'est pour ça que quand tu lis notamment mes ouvrages, certains pourraient très bien se dire :“C’est qui cet allumé, qui ne sait pas se coiffer avec des tee shirt Sonic et qui te balance des trucs, ça paraît trop gros pour être vrai ?”. Ce que je comprends. Sauf que, par exemple, avec tout ce qui sort de la commission d'enquête actuellement, on se rend compte que c’était vrai. D'ailleurs, il y a eu aussi M6 qui a publié un documentaire sur la pédophilie dans le foot français qui en parle.
Je pense que si tu as autant de sujet à ce niveau-là, c'est parce que justement avant j'ai déblayé le truc. Je parle énormément de petites affaires. Je fais beaucoup de sujets sur les clubs de National. Là, j'ai fait des histoires de racisme en Régional 1. Mais j’ai remarqué que derrière ça permet que d’autres après reprennent. Donc parfois c'est aussi pour se battre pour des causes auxquelles on croit. Et puis, malheureusement, depuis trois ans et demi c'est vrai que j'ai eu énormément d'affaires d'abus sexuels dans le sport international.
Ça, c'est vrai que c'est aussi ce qui est un peu l'essentiel de mon travail aujourd'hui. Puis faire le suivi, l’accompagnement parce que tu ne peux pas rester simplement dans ton cadre journalistique. Moi j’ai quelqu'un qui a été exfiltré d’Haïti, au Gabon je fais aussi tout le suivi et je peux te dire que c’est long. C'est une épreuve parce que si tu ne le fais pas, tu sais qu'il ne va rien se passer.
Donc, c'est aussi beaucoup de prise de tête avec la FIFA, notamment la commission d'éthique. C'est des gens complètement déconnectés de la réalité. Donc, tu dois te battre à ce niveau-là parce que c'est tout simplement pour publier, vu la gravité des faits derrière… Donc oui à ce niveau-là, c'est un peu particulier. Mais après toujours rester dans mon coin sans appartenir à personne.
Olivier :
Et justement, ton Romain Molina - métier comme on pourrait l'appeler, c'est beaucoup de pression autour de toi, beaucoup de tension. Tu le dis, tu es un peu un emmerdeur professionnel. Mais est ce que du coup tu t'es pas dit un moment que ça va trop loin ? Est ce que je ne vais pas m'arrêter ?
Romain :
Mais c’est même pas voulu hein ! Moi je serais ravi de dire des trucs où tout va bien. Moi ça me fait chier… Voir des types racheter des clubs et quasiment mettre en péril les clubs français, ça ne me fait pas plaisir... Voir ce que fait la Ligue de Football Professionnel qui est de l'inconscience générale et généralisée parce que là il va y avoir une autre faillite qui va être préjudiciable au contribuable français, ça ne m'amuse pas. Quand à l'époque il y a eu les trucs de Mediapro, j'étais le seul imbécile qui disait : "Attention, Mediapro". Bon, ça ne m'a pas amusé. Est ce que tu sais que parfois je me faisais insulter par les mecs de Sète ? Par exemple, j'ai fait une vidéo Du Rififi à Sète, l’année d’après ils font faillite. Niort pour l'anecdote, t'as un ami de la direction qui avait fait des espèces de remix de Tintin avec moi.
J'étais plus ou moins devenu un genre de Tintin nazi, c'était assez marrant. Donc tu vois des trucs comme ça, c'est assez lunaire. Parce qu'on ne dirait pas mais les petits clubs attention. Bordeaux, je ne t’en parle même pas, premier rachat par GACP, j'explique, ils vont dans le mur les mecs. J'ai pris des salves d'insultes comme tu n'as pas idée ! Et après les mecs reviennent et disent ; “Ah bah non t’avais raison”.
Mais ça fait chier d’avoir raison ! Je pense que les gens à Lyon sont en train de se rendre compte que t'as l'acrobate de la finance qui est en train de te faire un jeu aussi... A Sochaux quand tu dis mais il manque de l'argent, c'est juste des consignes politiques. Sochaux ne doit jamais être repêché. J'ai rien contre Sochaux, bien au contraire. Par contre il faut être réaliste, tu ne peux pas faire une loi spéciale Sochaux et pas pour les autres. Alors que si tu prends une vue globale sur tout ce que j'ai fait, j'ai tapé sur tout le monde : petit, gros, France, ailleurs mais moi ça m'emmerde.
J'aimerais qu'il n’y ai que des clubs comme Concarneau. Concarneau, la LFP qui les déteste. Ils vont tout faire pour les pourrir et en plus la mairie ne les aide pas avec les délais encore repoussés pour les rénovations.
Moi, ça m'embête mais c'est parce que j'aime ça. Et j'essaie aussi de parler de choses un peu plus positives. Il ne faut pas être manichéen, il y'a a pas que des mauvaises personnes, loin de là. C'est vrai qu'au Comex de la Fédération française de foot, il faut les trouver les bonnes personnes, mais il y a toujours du bon de partout.
Il y a des choses que je garde secrètes parce que j'aime pas les gens qui font pleurer dans les chaumières parce que souvent quand tu fais ça, c'est pour prendre de l'argent aux gens, je n'aime pas cette méthode. Moi je ne suis pas comme ça. Il n'y a pas de financement particulier. En fait, les gens du sport ne font que légitimer ce que je dis. Quand tu parles de système mafieux, tu le vois parce que si ce n'était pas le cas, je ne recevrais pas autant d'emmerdes, ça c'est sûr… Maintenant, il y a des choses, je suis un peu enquiquiné c’est vrai. Mais ce serait trahir les idéaux. Donc quand on commence quelque chose on le termine.
Olivier :
Mais là où ça peut t'embêter, tu le mets d'ailleurs dans tes remerciements sur ce nouveau livre, c'est pour tes proches. Tu parles justement des emmerdements que reçoivent ta maman et ta partenaire. Et c'est peut être là où il y a cette tension qui peut vraiment s'installer autour de toi. C’est sur tes proches non ?
Romain :
Oui mais il n'est pas né celui qui pourra aller au bout. Parce que j'ai quand même quelques bombinettes. Il faut toujours en garder. Et c'est pour ça que parfois, il y a même des gens qui ne comprennent pas. Mais parfois il y a des messages, ce n'est pas pour les gens c’est pour éviter certaines choses. Maintenant, oui il y a de la pression mais ça va. Il y en a qui font bien pire que moi. Largement.
Il faut réussir à gérer. Le plus compliqué en fait, c'est de faire abstraction du "quand dira-t-on" pour les proches. Parce que si tu écoutes certains, je serais plus ou moins un suppôt de Satan mélangé à je sais pas trop quoi alors que j’ai envie dire quand tu vois certaines choses… Je sais que ça peut être aussi dur les campagnes de diffamation.
Mais encore une fois, les gens qui me connaissent savent ce que je fais et pourquoi je le fais. Ils savent très bien la vérité. Il faut aller au bout du truc parce que si c'est pour commencer et ne pas aller au bout, je ne vois pas l’intérêt.
Olivier :
Et justement quel était mon objectif dans ce huitième livre ?
Romain :
Écoute, c'est une série qui commence. Déjà c'est un livre à petit prix et qui a un format qui est ni trop petit ni trop grand. J'essaie de m'adapter à l’ère moderne. C'est une série qui aura un ouvrage tous les six mois à peu près. C'est un peu comme les séries télé.
En fait, c'est partant d'un constat où je me dis l'idée c'est de vulgariser le plus possible pour montrer réellement ce que c'est. Parce que les gens oublient que ceux qui dirigent réellement le football ce sont les présidents de fédérations. Qui va voter pour la Coupe du monde ? Bon maintenant il n’y a plus vraiment de votes… Mais qui va décider le nouveau format de la Ligue des champions, où va se jouer la finale, toutes ces questions là. Pour la Copa Libertadores, la Coupe d’Afrique etc ce sont les présidents de fédérations, secrétaires généraux, vice présidents qui ensuite vont siéger dans des commissions sous régionales type l'Asie centrale, type l’UNIFFAC qui est l'Afrique centrale etc…
En fait, ce sont des cumulards. Par exemple, un des membres du Congrès de la FIFA qui est le président de la Fédération de Chypre, un mec très folklorique aux multiples trucs offshore et tout, il est dans toutes les enquêtes. Il est au congrès exécutif aussi de l'UEFA donc c'est-à-dire que c’est ce genre de mecs là, dont personne ne parle, qui vote l'avenir du football. Ce sont eux qui ont le foot entre leurs mains. Donc en fait, ce sont eux qui ont réellement le pouvoir. Il ne faut pas l’oublier, il y en a pas beaucoup qui votent et en fait ce sont des cumulards, ils sont dans toutes les commissions quasiment.
Donc en fait, c'est m'intéresser vraiment à ça et tous ces liens avec la criminalité. Et puis ce que j'appelle un cartel qui est le cartel de Zurich FIFA. Moi, mon but à la fin de cette série c'est de montrer que la FIFA, dans un monde normal (donc pas le nôtre), aurait dû être considérée comme une organisation criminelle de type mafieux. D'ailleurs, il a été jugé de la sorte par la justice américaine. C'est aussi reposer la base du premier livre qui est le Fifagate où tout avait été dit, c’est pour ça qu’aujourd’hui on peut parler de ça librement. Ce n'est même pas choquant. En fait, aujourd'hui on nous fait croire que ça a changé.
Olivier :
Et tu en parles d'ailleurs dans ce livre, des Etats-Unis qui eux ont été peut-être les premiers à dire publiquement que la FIFA, il y avait de la corruption etc… C'était justement sur la Coupe du monde 2022.
Romain :
Ouais mais sur pleins de Coupe du Monde. Ce qui est marrant c'est qu'ils ont poursuivi la FIFA en RICO, c'est-à-dire ce qui est utilisé pour les groupes mafieux. Mais ce qui est savoureux, c'est que tu prends Loretta Lynch qui est à l'époque la procureure générale des États-Unis qui se fait une campagne de presse incroyable grâce à ça, il ne faut pas l’oublier. Mais en fait, l'intérêt du livre aussi, c'est de montrer que c'est un énorme concours de circonstances. Cela part d'une partie de poker à la Trump Tower. Ça n’a rien à voir avec le foot. Et en fait, tu vois tous ces gens qui gravitent : des espions, des anciens espions... Et de voir aussi l'importance des chefs d'Etat, c'est-à-dire à quel point là tu as la très grande politique : les Clinton, Trump, Poutine etc…
C'est un peu ça aussi l'idée derrière. Et de voir à quel point les présidents de fédérations, ce sont des présidents à l’intérieur même de leur pays. Suffit de voir l'histoire de Jack Warner à Trinité-et-Tobago, c'est quand même assez lunaire. Je ne parle pas de mon ami dominicain qui a quand même essayé de faire un putsch avec l'aide du Ku Klux Klan. Ça… Le mec a été intronisé au Hall of Fame de la CONCACAF. Donc je pense que là on peut mettre un “Say No to Racism” quand un mec qui avec l’aide du Ku Klux Klan fait un coup d'état, le tente, tombe en taule et derrière t'as la FIFA qui dit “Say No to Racism”. Le Hall of Fame de la CONCACAF, on a mis un mec qui est avec le Ku Klux Klan, c'est l'hypocrisie. C'est se foutre de la gueule du monde.
En fait, faut fouiller parce que les gens s'en tapent de ce qu'il se passe. Mais ce mec là, c'est l'un des mecs qui avait le pouvoir de voter pour la Coupe du monde, il est l’un des dirigeants les plus importants du football mondial. Bon, il est mort maintenant depuis.
Bref, pour revenir à mon propos, les Etats-Unis avaient sonné la tirette. Mais au final, tu remarques que toutes les autres justices, elles non. En fait, tous les gens qui ont été condamnés, c'est parce l'argent a transité notamment dans une banque américaine. Mais, cette corruption systématique liée aux droits TV tu crois qu’elle se fait qu’en Amérique Latine, aux Caraïbes et en Amérique du Nord ?
Et en fait il y a personne qui dit quoique ce soit. Alors la palme pour la justice suisse qui dit toujours faire quelque chose mais il n’y a jamais rien. C'est assez exceptionnel, c’est pour ça que la plupart des fédérations internationales était là-bas et tu as les Allemands qui ont essayé un truc mais ils se sont chopés une prescription. Mais tu remarques que ça n’a rien déclenché.
Il y a aussi des trucs assez marrant quand même. Lié à la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. Il y a beaucoup de publications comme cela dans le livre qui permettent de montrer un système de corruption généralisée, qui continue et qui perdure aujourd'hui.
Avec l'hypocrisie de voir aujourd'hui l'ancienne procureur des États-Unis donner des conférences pour la FIFA pour dire à quel point la FIFA est belle. Cette même FIFA où il y a sept ans, elle les poursuivait selon le RICO, c'est à dire pour un truc réservé aux groupes mafieux. Il paraît que ça a changé.
Là, le tome 1 ce ne sont que les bases, le socle. C'est un livre essentiel pour comprendre réellement ce qu'est le foot et tous les liens qu’il y a autour. Ce n'est même pas à donner d'ailleurs qu’aux gens du foot, je pense que quelqu'un qui aime la politique peut le lire pour l’investigation.
Mais le numéro deux, c'est violent. Moi, je vais ramener un gars, attention, accusé de crimes contre l'humanité. C'est honorable quand même ! (Rires). J'ai quand même du trafiquant de drogue international, c'est un classique mais c'est toujours intéressant. On a attentat à la voiture piégée liée aux matchs truqués, triades chinoises, pédophilie ça, c'est le classique du sport mondial. J'ai seigneur de guerre, détournement d'aide humanitaire, mec recherché par Interpol qui se fait choper dans une mission FIFA et meurtrier de masse.
Et, j'ai même un ancien djihadiste. Tout ça : Président de fédération a un moment donné. Alors là, j'ai envie de dire comment on m’explique que la FIFA est encore considérée comme une organisation légale quand tu vois le panorama qui la compose. Et attention, j'ai aussi trafiquant de chair humaine, trafiquants d'êtres humains, ce n’est pas drôle sinon, toujours en exercice, sans problème. Je ne te parle pas des magouilles financières etc… Là je taquine un peu mais le numéro deux va envoyer…
Le but c’est ça, permettre aux gens d’avoir un livre facile à lire pour bien tout comprendre, mais qui va aussi dans les détails et qui te permet de réellement comprendre ce qui se passe.
Et puis surtout, c'est la somme de tout le boulot que je fais depuis tant d'années. J'ai la chance de parler anglais et espagnol, j’ai la chance d’avoir fait des sujets sur pleins de pays. C’est ça, montrer tout ce qui se passe ici et là. Parce qu’il n’y a pas que la France, l'Angleterre ou l'Espagne.
Olivier :
Et du coup en lisant ce livre je me suis dit ça en devient même un livre politique. C'est à dire que c'est le foot par le prisme d'autre chose. Donc, on se rend compte qu’il y en a qui disent depuis récemment que le football est devenu politisé, mais en fait, on se rend compte que c'est depuis toujours.
Romain :
Depuis toujours ! Je te prends un exemple au Zimbabwe, quand c’était Mugabe le président, c'était l'un des membres de sa famille (son fils je crois) qui était président de la fédération de football. Il a été couvert sur plein de trucs etc... Alors le foot avec Mugabe au Zimbabwe ça a été quelque chose…
Mais il n’y a pas que ça, ça a toujours été éminemment politique. Tu prends par exemple au Salvador. Ils ont plus ou moins fait changer le président de la fédération parce que les Bukele, donc Nayib qui est le président du Salvador et son frère Yamil que je connais, gèrent tous les deux plus ou moins le sport. Ils ont changé le président pour avoir un gars qu'ils peuvent contrôler. Et en même temps, la fédération était très corrompue il est vrai. Donc évidemment, c'est éminemment politique.
Là, tu prends l'Erythrée qui a fait forfait pour les qualifs de la Coupe du monde là ce n'est pas la fédération qui veut ça, c'est le commissaire politique qui est au-dessus parce qu'ils ont peur que les joueurs s'enfuient.
Le foot a toujours aidé des régimes, mais aujourd'hui, tu prends pas qu’en France, en Afrique, en Amérique latine ou autre. Tu te rends compte qu’une qualification Coupe du monde, à la CAN ou encore à la Coupe d’Asie, c'est une victoire politique. Aujourd'hui, tu as des états qui misent sur le football directement.
Donc, c'est important au niveau étatique, donc situation interne, c'est également important dans une situation diplomatique. Par exemple à la CAF, tu as cette espèce de conflit larvé entre le Maroc et l'Algérie. Le Maroc est en train de largement gagner pour le moment à ce niveau-là. On ne va pas dire que c’est à eux la CAF mais ils ont une influence vraiment très très grande.
Il faut rappeler quand même qu'au Caire, au sujet de la CAF, qu’ils ont un statut d’immunité diplomatique comme c'était le cas aussi à Asuncion dans le siège de la CONMEBOL à l'époque, donc en Amérique du Sud. Donc, tu te rends compte à quel point ça va très haut.
Je te donne un exemple tout bête, mais Paul Kagamé, le président du Rwanda il a misé sur le sport en cyclisme aussi, le basket avec la basketball african league, mais aussi le foot. Aujourd'hui, la FIFA a ouvert un nouveau centre régional à Kigali. Quel est le nouveau haut responsable de la Chambre d'éthique de la FIFA ? C'est l'ancien procureur général du Rwanda. Où s'est passé la dernière élection de Gianni Infantino ? Au Rwanda. Parce que le Rwanda, c'est devenu aujourd'hui la nouvelle mode. Donc le sport est important bien entendu.
Olivier :
Et là on a un nouvel exemple de tout ce que tu racontes justement. Avec la Coupe du monde 2032, qui va être attribuée à l'Arabie Saoudite.
Romain :
Voilà ! Les Saoudiens ont fait leur offensive mais ils n'ont pas que la Coupe du monde : Les Jeux d'Asie, la Coupe d'Asie en dépit de tout. Tout ce qu'ils organisent aussi sur leur sol car ça n’a rien à avoir avec le Qatar, eux ils veulent vraiment que les gens viennent. Ils disent “venez en Arabie, le tourisme, les investissements etc”.
Olivier :
C’est impressionnant parce que tu dis dans ton livre, c'est une phrase qui m'a marqué. “Le beautiful game est un domaine auquel personne n'ose vraiment toucher”. Et est ce que est ce que tu trouves que c'est une tendance qui est vouée à évoluer ?
Romain :
Non c’est de pire en pire. Regarde au G20 Gianni Infantino, il est tout le temps là. Il fait des discours sur la paix etc, il rêve du prix Nobel de la paix. La FIFA enfreint je ne sais combien de lois on ne dit rien. Je pense que déjà pour couverture de réseau pédophile, ils peuvent être pas mal. Ils s'ingèrent dans des affaires étatique. Patrice Motsepe, président de la CAF (qui a été mis ici par la FIFA) a quand même déclaré publiquement qu'il va faire tout son possible pour faire libérer Bavieux Touré, président de la fédération malienne incarcéré depuis deux mois. Mais qui dit ça ? Mais quelle organisation sort publiquement “on va tout faire pour le faire libérer”.
Normalement, c'est les groupes mafieux, c’est les groupes criminels. Si tu m'avais dit que les gars d'Al Capone disaient ça pour l’un des leurs, j'aurais bien compris. Là on parle quand même du football mondial, tu sais ce sport qui fait rêver tant de gamins à travers le monde. Donc en fait, c'est une prise en otage et on profite de tout ça. Et c'est de pire en pire parce que les intérêts aujourd'hui, on se bagarre pour les Coupes du monde, pour tout ce que tu veux, tu as des intérêts politiques en veux-tu en voilà.
Un exemple tout bête. Tu sais qu'Emmanuel Macron est persuadé qu'on lui a volé sa deuxième Coupe du monde ? Je me disais que sa stratégie sportive déjà en France, vu la personne qui gère le ministère des Sports, on était nuls. Mais quand je vois ce qu'il pense là… Pourquoi Macron a fait des pieds et des mains pour récupérer le bureau FIFA à Paris ? Parce que c'est lié à l'Agence française au développement pour avoir de l'influence en Afrique. Qui gère le bureau à Paris maintenant ? Noël Le Graët, ce qui fait qu’Emmanuel Macron n'est pas très content mais la FIFA l'a recasé là-bas. Quand Mauricio Macri, ancien président Boca Juniors qui se fait élire après en Argentine, perd les élections à la Casa Rosada, il va où ? La FIFA.
Je pense que quand tu lis le livre, tu te rends compte à quel point c'est important. Le mage, comme il se fait appeler, Jacques Attali avait dit : “Vous ne vous rendez pas compte aujourd'hui, on déroule le tapis rouge pour le président de la FIFA, c'est le seul au G20, etc”. Pour qu’un mec comme ça te dise publiquement: "vous vous rendez pas compte du pouvoir de la FIFA et du président de la FIFA et que le monde lui déroule le tapis rouge, que tout le monde l’écoute religieusement parce que tout le monde veut ses faveurs". Ça te montre le pouvoir. Aujourd'hui, c'est même la question est ce que la FIFA n'est pas l'organisme non-étatique le plus puissant du monde ? Je pense qu'aujourd'hui il y a débat.
Olivier :
Et justement, il y avait une affaire un dossier qu'on pourrait ouvrir ensemble. J'ai vu sur Twitter que ça t’a bien fait marrer justement : c'est les droits TV du football français vendus à 1 milliard d'euros. Pour donner le contexte, la LFP voudrait vendre ses droits TV, la Ligue 1 et compagnie à 1 milliard d'euros. Évidemment, le premier appel d'offres n'a rien donné.
Romain :
1.2 même parce qu’il y a aussi l’argent des NFT. Ils avaient mis sur leur business plan que ça allait rapporter 100 ou 150 millions parce qu'il y avait le copain Didier Quillot. Tu sais, le mec de Mediapro, l'ancien DG de Ligue qui avait un magnifique bilan après, dans le cyclisme aussi. Il s’est mis dedans. Qu'est ce qu'il a fait à l'époque ? Il a signé un contrat avec Reims, le copain Caillot. Ben oui, ils sont tous copains ! Et aujourd'hui, quand tu vois la valeur des NFT. Donc t'imagines, à l'époque ils ont validé le business plan tu avais 2 présidents de club qui sont comme moi sur les NFT, ils n'y comprennent rien et ils ont mis en business marketing 150 millions. Oui bon, c'est vrai que vu la valeur NFT aujourd'hui tu vas bien faire 150 millions… Mais fallait aider le copain ! Je rappelle que Quillot et Labrune sont très proches, que Quillot avait aidé Labrune à venir à la LFP.
Et qui on retrouve pour l’appel d'offres des droits TV ? Mathieu Ficot qui était le numéro deux de l’appel de Mediapro. Donc après Mediapro, ça n'a pas suffi. Ils continuent les irréductibles présidents de clubs français emmenés par leur irréductible ambassadeur. Mais pas de panique, Apple voudrait nous acheter les droits. Alors je suis très curieux de savoir qui a fait fuiter cette information dans la presse. Je me pose la question si la Ligue de Football Professionnel, un peu paniquée parce que voyant qu'elle est en train de faire chou blanc, est en train de se servir de quelques relais médiatiques, en disant “Oh les gars on a de l’intérêt !”. Même Gérard Lopez, il est plus fin quand il fait sortir des trucs dans la presse avec John Textor bordel !
Olivier : Bordeaux c'est aussi un sacré dossier non ?
Romain :
J'ai récupéré quelques papiers en interne à Bordeaux. Alors soit c'est le club le plus mal géré d'Europe, soit il y a quelqu'un qui a mangé. Mais ce n'est pas possible, je t’en donne une petite, cadeau. Là, ils ont fait fuiter que le méchant Loris Benito voulait de l'argent.
Bordeaux risquait à l'époque la liquidation, ce n'est pas drôle. Ils vendent Sékou Mara après ne l'avoir pas fait jouer quasiment de l'année puis finalement, ils le font jouer en fin d’année parce qu'il fallait faire jouer les recrues, M’Baye Niang et cie. Je veux dire, tu voyais qu'il a quand même du talent.
Tu peux te dire ils savent qui sont dans la merde financièrement, tu anticipes. Comment tu m'expliques que sur le transfert de Sékou Mara Bordeaux met un mandat de plus d'un million d'euros à un agent ? Alors officiellement, le mec aurait ramené l'offre de Southampton. Ok, donc Bordeaux est incapable de vendre Mara.
Il doit ramener un contact et tu lui donnes 10 % du transfert. Mais en fait, quand tu vois sur Mara, tu te dis mais tu peux pas être plus incompétent. Tu es au bord de la liquidation et tu donnes 1 million en plus. Ce n'est pas l'agent du joueur, l'agent du joueur il récupère sur le contrat de Southampton. Pourquoi Bordeaux donne 1 million à un autre agent qui soit-disant a ramené l'offre de Southampton ? Soit-disant hein…
Alors ça veut dire que tu es complètement incompétent, ça veut dire que les mecs t'ont fait la chansonnette et toi tu dis oui. Tu sais que c'est Sékou Mara que tu peux bien le vendre et que tu sais que t'as besoin d'argent. Et là, ils te disent mais on a fait des économies. Il y a des factures de scouting, c’est incroyable.
Alors c'est vrai que quand tu vois les recrues de Bordeaux… Rien qu’aller récupérer Badji… 1 250 000 € le prêt payant l'an dernier déjà à Amiens. Mais John Williams, il s’est amusé avec eux, il a fait : “Oui, oui, vous allez me payer le prêt un million en Ligue 2.” Et après derrière tu l'achètes…
C'est prodigieux. Non, il y a des commissions, tu ne comprends pas. La commission, par exemple du gardien polonais, elle est monstrueuse, le mec arrive libre. Donc ça veut dire qu'il a un salaire énorme parce qu'elle doit être indexée au salaire, j'imagine ? Quand tu vois son niveau, tu te dis qu’il y a un souci niveau salaire.
D'ailleurs, la métropole va être contente de savoir tout ça. Tu te rappelles qu’elle a donné des aides à Bordeaux. Elle va être contente de savoir qu’il y a un million qui est parti à un agent. C'est comme quand il a dit il faut sauver les emplois quelques mois après, il fait un plan social. Gérard, je t'aime. Voilà, voilà, c'est dit, je t'aime. Textor, c'est pas mal aussi.
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Moi je te dis, la DNCG l'aide. L’OL aurait dû être en Ligue 2 parce que Textor n'a pas mis l'argent sur le groupe OL. Sauf que, ils n’ont pas osé les mettre en Ligue 2. Labrune ferait tout pour aider Lyon notamment pour les droits TV.
Après, c’est une catastrophe la gestion car Textor s’amuse avec son club, il fait lui-même des recrues, sans compter le montage sur Nuamah. Ils ont mis une option d'achat à 25 millions d'euros sur Nuamah qui est payée par Molenbeek, mais comment Lyon peut faire ça ?
Olivier : Et il y a une enquête de la FIFA là dessus, non ?
Romain :
Eh oui, parce que c'est Molenbeek qui paye le joueur et les gens ne voient pas le problème. Je ne sais même pas si c’est Molenbeek ou s’il y avait pas aussi un tiers. La question est là, si c'est un tiers, c'est interdit mais on a fait croire que c'est les clubs français qui en voulaient à Lyon. Mais non, ce sont les Belges.
Aulas mène une guerre aussi, c’est une réalité. Aulas est l'idiot utile de Textor. Il croit que parce si ça lâche le club, on va lui dire Jean-Michel vient récupérer le club qu'il a laissé. Il croit qu’on va lui demander de trouver des fonds etc pour racheter le club. Mais t'as pas compris Jean-Michel ? Que personne va t’appeler ? T’as fait plus de mal qu'autre chose. Non, mais être aussi mauvais c'est prodigieux.
Mais Aulas je vais te dire il a eu un pare-buffles, c’était Bruno Génésio. Moi je le disais souvent c’était le pare-buffles d’Aulas. Aulas, il jouait à Football Manager à l’époque. Qui prenait dans la gueule à l'époque ? Génésio.
La déliquescence de Lyon, ce sont les mauvais choix d'Aulas, il a construit le club et il aura détruit le club. Quand lui, Pathé et Seydoux vont ramener ID Capital, les Chinois, en actionnaire minoritaire, mais ils se sont fait prendre pour des cons. Ils ont mis l’argent, ils n'ont décidé de rien. Actionnaire minoritaire, le rêve de chaque propriétaire dans le foot.
Mais à un moment donné, quand tu n'es pas très respectueux, je veux dire tu as combien d’employés qui ont quitté le club une main devant, une main derrière ? Quand tu te comportes tellement mal avec les gens, tu le payes.
Olivier :
Et tu parles d’employés qui sont maltraités, on va ouvrir la page PSG et je voulais te lancer sur un sujet. Tu avais évoqué que le PSG voulait faire un peu comme le Citigroup. C'est à dire accueillir plusieurs équipes. Ils ont déjà Braga et c’est quoi la suite ?
Romain :
Ils veulent un club au Brésil. Ouais, avec Malaga, il y a un problème. En fait, ils veulent récupérer Malaga parce qu'en fait c'était aussi lié à l'exposition universelle. Finalement, ils ont perdu. Malaga est candidat pour l'exposition universelle de 2027. Ils veulent que ça soit mieux géré parce que c'est vrai que ça n'a pas donné une bonne image du Qatar en Espagne et c'est un cousin éloigné de l'Emir actuel, le propriétaire de Malaga.
Olivier :
Nouveau sujet, tu vas me faire pleurer parce que moi, je suis un supporter d'un club qui me rend dépressif à mi temps. Je suis supporter de l'OM et quel est le mot qui te vient quand on dit Pablo Longoria.
Romain :
L'illusionniste. Il est incroyable. Non mais le contrat d’Aubameyang, c'est soit de l’incompétence soit t’as un problème ? Non mais attends parce qu'on me vante Longoria. Attention car c'est un mec qui bosse un minimum, il ne faut pas déconner. Il y en a, ils ne foutent rien. Il y a tellement de va et vient chaque année à Marseille, c'est une réalité.
Alors c'est vrai qu'il y avait des problèmes économiques, mais quand tu vois ce qui a été dépensé depuis l'hiver dernier, mais non, c'est abyssal. Mais quand tu vois le niveau de ce que tu ramènes, les salaires aussi. Je reviens sur Aubameyang, j'ai rien contre Aubameyang mais tu donnes trois ans de contrat à ce gars... Même tactiquement, je ne pige pas.
Même la complémentarité. Je ne parle que de foot. Surtout quand tu vois la forme qu'il a depuis deux ans. Il y a de bonnes idées parfois, mais que Marseille ne soit pas en Ligue des champions, c'est une faute professionnelle. C’est un scandale. Normalement, les têtes auraient dû vriller à ce moment-là.
Parce que t'as une Ligue 1 qui est d'une faiblesse abyssale l'an passé. Ne pas être deuxième, c'est une faute professionnelle. Je vais aller plus loin l'an passé, ne pas aller titiller un peu le PSG, c’est une faute professionnelle. Si tu ne vas pas les titiller vu leur niveau, ça te montre à quel point la Ligue1 est une faiblesse abyssale.
Olivier :
Mais tu n’as qu'à voir cette saison, les cadors du championnat Rennes, Lyon, Marseille.
Romain :
Rennes c'est une faute pro aussi, mais il faut se poser des questions. Non, l'OM ce n’est pas le plus scandaleux cette année, c'est vraiment Rennes et Lens aussi. Après Rennes, ils ont vendu.
Non mais honnêtement, quand tu regardes l'effectif, alors moi je trouve que défensivement ce n’est toujours pas ça à Rennes. Et encore, Kim Min-jae doit venir à Rennes l'an dernier. C'est juste que Rennes fait n’importe quoi. C'était fait. Honnêtement, tu le ramènes l'an passé… Attention, parce que là, c'est quand même un joueur important. Ah oui Maurice, il a des défauts mais globalement quand même, je comprends ce qu'il veut faire. Ils ne vont pas faire des mauvais coups. Rennes paye beaucoup trop cher les joueurs. Premier problème. Deuxième problème, c’est le centre de formation qui est en open bar.
Je pense qu'il y a des trucs qui vont sortir et il y a des gens qui vont terminer en prison à Rennes. D'ailleurs, ils ont des repris de justice au centre de formation mais visiblement ce n’est pas grave. C'est vrai, il y a des super formateurs à côté, mais tu as des gens, ça fait peur.
Troisième point, tu as un effectif qui est quand même presque correct, surtout offensivement. Et en plus, tu as des profils plus ou moins complémentaires parce que t'as des mecs qui punchs, t'as les mecs pour récupérer, t'as les mecs sur phases arrêtées. Tu as Kalimuendo qui est comme un super joueur parce qu'il court beaucoup et il n’est pas perso.
Mais là, les résultats c'est faute pro parce qu'en plus c'était tranquille, pas de pression. C'est comme Lens, c’est faute pro. Mais bon, en même temps ça pouvait pas durer ad vitam eternam. Parce que quand tu fais que des arrangements… Moi j'en parle depuis un moment, je n’ai jamais trop fait de vidéos dessus.
Mais j’ai toujours dit d'arrêter de croire que Lens, c’est bien géré. C'est arrangement et compagnie. Par chance, les mecs connaissent le foot. Si tu veux la preuve que c'est des arrangements, va demander le transfert l'an dernier à mi-saison en joker du latéral du Paris FC ? Tu surpaies sa valeur parce qu’en fait tu as à 40 % de la somme qui va à Bastia qui est un peu dans la merde, etc.
Tu regardes les agents au milieu et tu comprends exactement qui et pourquoi ? C’est pour avoir plus d'influence là-bas. Sauf que vu que tu as un propriétaire qui voit que ça marche sportivement, il ne regarde pas mais ils sont en train de le plumer.
Olivier :
En fait, des clubs qui vont mal on peut en citer pleins : Marseille, Rennes, Lyon, Bordeaux…
Romain :
Saint-Etienne. Caen, ce n’est jamais la faute d'Olivier Pickeu. Il y a aussi Nancy, Dijon, Sochaux. Nîmes, ce sont des chouchous aussi. Il n’y a même plus d’eau chaude. C'est génial, c'est génial, J'adore Rani Assaf, je suis fan. Franchement, je te dis un jour, je me dis je, reconvertis en one man show. En fait, je reprends juste les histoires du foot.
Honnêtement, tu peux en faire un sur Niort et Nîmes, c'est bon, je t'assure. Il faut que je te raconte un truc qu'ils ont fait. C'était pendant le covid. L'histoire, elle est franchement à mourir de rire. Les présidents de clubs devaient voter un truc, sauf qu'ils n'étaient pas d'accord et ça s'engueulait. Et là d’un coup il y a Waldemar Kita qui fait : "On vote oui, on vote". Tous les mecs étaient d’accord et il sort mais "on vote sur quoi au fait ?". Ils ne savaient même pas je pense.
Ouais, mais c'est qui qui s'est dit oui on va vendre les droits TV un milliard ? Deux milliards tiens pendant que tu y es. Labrune tient en privé, le discours qui dit que la Ligue 1 viendra juste après la Premier League. Ça doit être de la bonne à la Ligue de Football Professionnel.
Olivier :
Quand on voit les perfs des clubs de L1 en Europe, on se pose la question hein…
Romain :
C’est sûr que ce n'est pas avec les perfs du PSG qu’on va avancer en Ligue des Champions. C'est 400 millions avec un mercato d'exception on le rappelle. Bravo au talent de gestionnaire, les mecs ont quand même réussi à vendre des joueurs au Qatar. Ce n’était pas évident. On imagine la négociation compliquée.
Olivier :
Et ils ont appelé Jorge Mendes pour avoir des joueurs. Il fallait quand même passer un coup de fil quand même.
Romain :
Jorge Mendes est fort. Même sur Kang-in Lee, il a trouvé le moyen d'être dedans. Très bonne idée, ça par contre ce joueur.
Olivier :
Mais tu vois tous ces trucs là, on s'en doute même pas. On s'en rend même pas compte de ces magouilles…
Romain :
Partout, hein. À bas niveau c'est pareil. Là j'attends, Sadio Mané vient d'investir dans son club à Bourges. Je lui donne un an avant qu'il se fasse plumer. Mais un mec qui met de l'argent dans le foot, c'est un pigeon à plumer. Triste mais réel...
Prends Didier Drogba, il s'est présenté dans son pays pour les élections de la Fédération ivoirienne de football. Il n'a pas été élu mais ils l'ont saboté. Il s'est pris tout le système mafieux footballistique de son pays. Personne n'est à l'abri. Quand tu aimes ce sport là, tu dois continuer à te battre. Sinon quel intérêt ?
Olivier :
Justement continuer à se battre. C'est quoi ? C'est quoi tes futurs projets ?
Romain :
Déjà, j’espère que le premier livre permettra aux gens de passer un bon moment. Je pense quand même qu’il y a quelques rebondissements. Vous remarquerez qu'il y a toujours un Russe marrant. J'aime toujours quand il y a un mec qui vient un peu de Russie. Tu sais que tu vas toujours rigoler. Je sais qu'il y a toujours un truc, tu vas te dire : il y a un mort bizarre quand même.
Il y a toujours un peu de folklore dans le sport russe. Remarque l’histoire dans le livre avec le mec du Ku Klux Klan, c’est pas mal aussi. C’est le Hall Of Fame, il faisait partie du Ku Klux Clan et était au panthéon de la Concacaf parce qu’il n’a pas été réélu. Comme c’était le pote des dirigeants, ils l’ont mis au panthéon. Ce mec a fait de la prison pour tentative de coup d'état avec le Ku Klux Clan.
Je ne sais pas si on se rend compte du truc. En plus, comment ils ont fait leur coup d'état foireux… C’est à mourir de rire avec les drapeaux nazis et tout. Le mec s’est affiché avec des drapeaux nazis et est au panthéon de la Concacaf.
Mais que dire derrière ? En projet, je finis le kickboxing. Cela m'a pris dix mois. Il y a aussi la suite et fin des dossiers d'Haïti, du Gabon, dans les abus sur mineurs. J'espère qu'en France on va quand même arriver au bout et que les choses vont bouger, il y a pas mal de dossiers comme ça qui vont tomber.
Et c'est vrai que il y a pas mal de trucs multi-sports. Et puis je pense qu'il y a un truc vis à vis du basket français là qui ne va pas tarder à arriver, ça va faire boom. Ouais, je pense que là ils sont moins protégés que la Fédé Française de foot. Parce dans un monde normal, avec tout ce que j'ai sorti et autres sur la Fédé Française de foot, c'est anormal que le Comex reste en place.
Quand je prends en Islande en 2017, quand un viol caché sur un enfant est sorti, ils ont tous démissionné. Quand tu vois comment ça s'est passé avec l'affaire Outreau, est ce qu'on peut être étonnés ? Donc ça. Et puis essayer d'être heureux.
Olivier :
Le bonheur, ça fait tout et keep the faith non ?
Romain :
Toujours toujours. Mais Haïti et Gabon en premier. Le basket malien sur les abus ensuite, parce qu'il ne faut jamais oublier tout ça.
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