La LFP et le gouvernement se sont précipités en arrêtant la Ligue 1 !
Par Morgan Piot
La Ligue de football professionnel, sur recommandation du gouvernement français, a acté l'arrêt définitif du Championnat. Une décision pour le moins précipitée.
Comme pressenti ces derniers jours, l'instance nationale du football français a suivi les recommandations d'Édouard Phlippe, le Premier ministre, et la position de la Fédération Française de Football sous l'impulsion de Noël Le Graët. Après la Belgique ou encore les Pays-Bas, la LFP est allée à l'encontre du dispositif mis en place par l'UEFA.
Un gouffre financier pour les clubs
Avant d'aborder la notion d'équité sportive, l'arrêt définitif de la Ligue 1 pourrait représenter un coût compris entre 600 et 650 millions d'euros pour les clubs français qui ne devraient pas percevoir la dernière traite du mois d'avril de la part des diffuseurs sur le marché télévisuel français qui ont déjà fait part de leur résiliation auprès de la Ligue.
Les pertes engendrées pourraient avoir des conséquences néfastes sur le développement du football français dans les trois à cinq prochaines années. Malgré plusieurs propositions, toujours à l'étude, au sein d'un consensus de présidents, les conséquences économiques seront visibles à tous les niveaux lors du prochain exercice. D'autant plus que les institutions françaises ne devraient pas pouvoir compter sur de nouvelles rentrées d'argent à l'aube de la saison 2020-2021 qui devrait reprendre ses droits dans le cadre d'un huis clos.
En l'absence de recettes significatives, la pérennité du football français est désormais menacée. Et l'argument financier n'est qu'une partie cachée de l'iceberg.
Une équité sportive contestée
Forcément, cette décision n'a pas fait que des heureux en Ligue 1. Et pour cause, malgré la perspective de trouver une issue sportive à cette version du Championnat, la LFP a condamné en partie plusieurs projets sportifs à court, moyen et long terme.
Dans l'impossibilité de trouver un terrain d'entente malgré les nombreuses propositions de Jean-Michel Aulas, l'Olympique Lyonnais pourrait se retrouver dans une situation épineuse la saison prochaine d'un point de vue sportif et financier.
Au-delà d'une absence actée en Ligue des Champions, le club rhodanien pourrait manquer le coche en Ligue Europa si la finale de la Coupe de France ne trouve pas son épilogue dès cet été, entraînant des répercussions sur le marché des transferts. Dans cette hypothèse, l'OL devra user d'arguments convaincants afin de conserver leurs meilleurs éléments tout en se montrant intelligent lors de la prochaine fenêtre des transferts en raison de moyens limités.
Cette situation s'applique également à Amiens ou encore Toulouse qui ont été condamnés à une relégation la saison prochaine. Des recours en justice sont par ailleurs envisagés.
À l'encontre de la volonté de l'UEFA
Depuis plusieurs semaines, le comex de l'UEFA s'attarde à trouver une solution à cette problématique afin de disputer les championnats nationaux au mois de juin avec une date butoir fixée au 23 juillet dans la perspective de terminer la Ligue des Champions.
Toujours engagés à ce stade de la compétition, le Paris Saint-Germain et l'Olympique Lyonnais doivent désormais rester mobilisés pour le mois d'août. Une disposition loin d'être favorable sur le plan sportif en raison d'un manque de fraîcheur physique apparent en l'absence de compétition pendant plus de cinq mois.
La risée de l'Europe
Une nouvelle fois, les instances françaises n'ont pas envoyé un signal positif à l'Europe. Malgré la crise liée à la pandémie du Covid-19, la LFP a estimé que toutes les conditions n'étaient pas réunies pour garantir la santé des footballeurs au mois de juin. Pour autant, le gouvernement français se prépare au déconfinement le 11 mai, autorisant la réouverture des transports en commun ainsi que la reprise de l'économie.
Le double discours de la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, ou plus largement des politiciens, pénètre désormais de manière arachnéenne dans l'esprit des Français. Et face à ce flou total et aux incertitudes d'une politique de plus en plus contestée, la France entache chaque jour un peu plus son image. Une réalité déplorable.