Le come-back de Zlatan Ibrahimovic loin de faire l'unanimité en Suède
Par Kristen Collie
"Dieu est de retour". Avec l'humilité qui le caractérise, Zlatan Ibrahimovic a officialisé, ce mardi, son grand retour en sélection, cinq ans après avoir laissé la Suède orpheline de sa plus grande star. Pourtant, ce come-back est loin de faire l'unanimité au sein du pays scandinave. Enquête.
116 sélections, 62 buts. Les chiffres suffisent pour quantifier l'aura de Zlatan en sélection. Cinq ans après un premier épilogue à la suite d'une rencontre de prestige face à la Belgique (0-1), lors de l'Euro 2016, la légende des Blågult amorce un come-back retentissant à l'orée de l'Euro 2021.
"Le retour de dieu"
Tel un Messie, ou même un "dieu" si l'on en croît les propos de l'attaquant de 39 ans, ce retour sonne comme une bénédiction. "Il y a un énorme engouement c’est certain, admet Johanna Franden, journaliste suédoise pour SVT et Aftonbladet. Cela fait deux semaines qu’on savait qu’il allait probablement faire son retour."
"C’est à l’image de sa personnalité clivante. Il divise. "
- Johanna Franden
Et pourtant, le buteur de l'AC Milan ne revient pas tel un prophète en Terre promise. "La plupart des Suédois sont heureux de ce retour de Zlatan, mais il y aussi de nombreux sceptiques", souligne la correspondant football suédoise, dans un français parfait.
"Ce retour ne fait pas l'unanimité"
Et pour cause : "Il faut rappeler que la Suède a atteint les quarts de finale au Mondial 2018 quand il n’était plus là, précise justement Johanna Franden. Il risque de bousculer l’équilibre du collectif bien huilé de Janne Andersson (le sélectionneur de la Suède, NDLR)".
"Avec Andersson c’est le collectif qui compte. Il prône une équipe sans star, mais qui se bat l’un pour l’autre. C’est l’équipe la star."
- Johanna Franden
En effet, depuis le départ du meilleur joueur de son histoire, rarement la sélection suédoise ne s'est aussi bien portée. Outre le Mondial 2018, où elle a notamment terrassé le Mexique (3-0), les hommes d'Andersson ont bâti un collectif capable de bousculer les meilleures nations. La France peut d'ailleurs en témoigner (défaite 2-1 en juin 2017).
"Sur le papier, le meilleur joueur suédois fait son retour en sélection : oui c’est une bonne nouvelle. Mais si l’on regarde les performances de la Suède en sa présence, c’est plus mitigé", se permet-elle de nuancer.
Ainsi, les Emil Forsberg, Alexander Isak ou encore Dejan Kulusevski peuvent parfaitement exprimer leurs qualités, alors qu'ils vont désormais devoir se contenter de seconds rôles, au service de sa Majesté.
Comment intégrer Zlatan ?
C'est le cœur de la problématique : comment intégrer l'omnipotent Zlatan au sein de ce collectif ?
"Janne Andersson va devoir s’adapter. Il faudra qu’il se montre flexible, car tu n’appelles pas Zlatan pour le reléguer au second plan, assure Franden, qui se montre cependant confiante. Mais c’est un très bon leader. En 40 ans de carrière ce sera son plus grand challenge, mais c’est la meilleure personne pour relever le défi Zlatan."
"Il sera le leader de l’équipe à l’Euro. C’est indéniable."
- Johanna Franden
Premier changement majeur, l'animation offensive : "L’attaque va être modifiée en profondeur. Zlatan n’a plus la même activité qu’auparavant, on ne va pas lui demander de chercher des ballons très bas. Il sera seul en pointe et la ligne offensive va être bâtie autour de lui".
Titulaire indiscutable, capitaine, aimant des actions offensives suédoises, Ibrahimovic sera, sans surprise, le cœur et le poumon de la Suède à l'Euro.
"L’avantage, c’est qu’il va attirer toute l’attention. D'une part des médias, pour enlever la pression sur ses coéquipiers, ou sur le terrain pour leur donner plus de liberté, argue la journaliste suédoise. Le point peut-être négatif c'est que les jeunes joueurs suédois ont grandi avec Zlatan comme idole. Et ce n’est pas simple de s’exprimer aux côtés de son idole."
Seule certitude, la présence d'Ibra ravive un peu plus l'intérêt des fans de football pour le tant attendu rendez-vous continental.