"Le corner de Lisbonne" : Le jour où un adjoint de Guardiola a eu une vision de génie en Ligue des Champions
Par Jean Dubas
Le journaliste Marti Perarnau s'est glissé pendant trois ans dans les coulisses du Bayern Munich et relate dans son livre, "La Métamorphose", une anecdote fascinante sur le coup de génie tactique de l'un des adjoints de Pep Guardiola.
Lisbonne, 13 avril 2016, quarts de finale retour de Ligue des Champions entre le Benfica et le Bayern. Vainqueurs à l'aller (1-0), les Bavarois arrivent au Portugal avec un léger avantage mais la seconde confrontation s'avère plus étriquée que prévue.
Au stade de la Luz, le match est tendu et le score fixé à un but de chaque côté quand, à la 52ème minute, Thomas Muller débloque la situation sur un corner tiré de la gauche par Xabi Alonso.
Un but a priori anodin, mais déterminant pour la qualification et derrière lequel se cache une histoire surnommée "Le corner de Lisbonne" dans le livre "Pep Guardiola : la métamorphose", écrit par Marti Perarnau, journaliste sportif espagnol.
Une faille tactique décelée par les adjoints de Guardiola
Alors que Carles Planchart et Domenec Torrent analysent le huitième de finale entre le Benfica et le Zenit pour préparer leur quart de finale, ils remarquent une faille dans le dispositif adverse sur coup de pied arrêté.
En effet, sur les sept corners tirés par les Russes, l'un d'eux a révélé une brèche dans la défense des Portugais. L'intégralité des joueurs lisboètes est amassée dans la surface et seul un joueur couvre le deuxième poteau.
La phase de jeu en question n'a pas débouché sur un but contre le Zenit, mais a été suffisante pour convaincre le staff du Bayern de préparer une combinaison spécifique à cette faille.
Une combinaison travaillée quarante fois
Dans son livre, le journaliste Marti Perarnau détaille ainsi le travail de cette combinaison à l'entraînement, "vingt fois le lundi" et "vingt fois le mardi" sous les mots d'ordre suivants "diversion, précision, anticipation".
Les Bavarois travaillent donc leur botte secrète, à l'abri des regards et cachés par une bâche sur un terrain annexe, jusqu'à ce que la combine soit parfaitement exécutée.
Douglas Costa et Xabi Alonso s'essayent à tour de rôle avec comme unique consigne : un corner tiré fort au deuxième poteau, là où la densité portugaise est beaucoup plus faible. La combinaison s'avère efficace "six fois sur dix, sans opposition" selon le rapport de Marti Perarnau.
Le Jour-J
13 avril 2016 donc, 52ème minute de ce quart de finale retour, encore voilé de suspens, et corner concédé par le Benfica sur la gauche des buts d'Ederson. Xabi Alonso s'approche pour le frapper de son pied droit avec une seule idée en tête : taper long et fort au deuxième poteau.
A cet endroit se trouve Javi Martinez. La majorité des autres joueurs du Bayern ont pour consigne de rester en dehors de la surface, faisant semblant de ne pas être concernés par l'action pour ensuite courir vers le but, entre les défenseurs du Benfica, et reprendre la remise de Martinez. Seuls Ribery et Vidal se trouvent dans la surface, en leurres.
Le plan se passe comme prévu, le corner est frappé fort avec un effet rentrant vers le second poteau. Les Portugais sont tous surpris et seul Eliseu a le temps de comprendre l'entourloupe... trop tard. Martinez remet de la tête vers le point penalty où Thiago, Kimmich et Muller se sont infiltrés en courant.
Le dernier cité n'a plus qu'à pousser le ballon dans les filets, mais les deux autres auraient tout aussi bien pu terminer le travail. Conscient du coup de génie réalisé par leur staff, les joueurs bavarois et Pep Guardiola se précipitent tous vers Domenec Torrent pour rendre hommage à son intelligence tactique.
Le Bayern encaissera un deuxième but, sans conséquences donc, et se qualifiera pour les demi-finales de la compétition reine sur ce qui peut-être appelé à première vue et à tort : un "détail".