Le patron de la DNCG livre ses solutions pour sauver le football français
Par Tibor Turpin
Jean-Marc Mickeler, le patron de la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) était présent ce jeudi sur BFM Business. Il a alarmé sur la situation du football français, avant de proposer plusieurs solutions.
Jean-Marc Mickeler, président de la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG), s’est inquiété de l'avenir du football français et notamment de la ligue 1.
Invité de BFM Business, il a tenu à présenter son plan pour le futur avec notamment un changement de modèle. Selon lui, suite au fiasco MédiaPro des droits télés et la pandémie de coronavirus, les finances des clubs français sont dans le rouge. Pour cela, le patron du gendarme du football français dresse un état des lieux et des possibles solutions pour l'avenir.
"Une industrie qui est aujourd'hui à l'os"
Jean-Marc Mickeler présente la déplorable situation dans laquelle se retrouve le football français. "On parle d’une industrie qui a perdu les deux dernières saisons plus d’1 milliard d’euros, qui a doublé son endettement (passé de 500 millions à 1 milliard) et qui présente des budgets pour la saison à venir avec un déséquilibre d’exploitation, de près d’1,3 milliard." Il enchaîne en expliquant que le modèle économique de Ligue 1 n'est plus à l'ordre du jour. "On parle donc d’une industrie qui aujourd’hui est à l’os et qui ne pourra plus continuer à être exploité avec un modèle qui, pour nous, est aujourd’hui dépassé."
Avant même la pandémie mondiale, la santé du foot français n'était pas au beau fixe. Depuis, une crise sanitaire, des diffuseurs quelque peu malhonnêtes et des stades vides se sont rajoutés pour compliquer la situation.
Selon Mickeler "la crise a définitivement précipité des difficultés qui existaient déjà. Le modèle du football français avant la crise reposait sur sa capacité à vendre ses joueurs sur les marchés étrangers et à équilibrer ses comptes avec la plus-value. Mais depuis des années, il y a un déficit d’exploitation important et ils dépensent bien plus qu’ils ne reçoivent. Mediapro et le Covid n'ont fait qu'accentuer ça."
L'idée du salary cap
Le président de la DNCG, étaye son propos en apportant des solutions selon lui facile à mettre en place et durable dans le temps. Déjà présent en NBA, le recours à un salary cap et pour lui nécessaire si le football français veut évoluer :
"Aujourd’hui, il y a plus de 35 joueurs sous contrat en moyenne par club. À ma connaissance, il n’y a que 11 joueurs sur le terrain, ça n’a aucun sens d’avoir 35 contrats pro. Comment on s’en sort ? On réforme, on limite le nombre de joueurs sous contrat, on introduit un salary cap", déclare-t-il.
Il poursuit en allumant certains présidents de club français qui refusent d'instaurer un salary cap et préfèrent laisser partir leurs joueurs dans des championnats étrangers :
"Le salary cap qu’on doit imaginer doit être global, pas par joueur, et permettra au club de recruter des talents particuliers et les payer au prix du marché. [...] Je n’arrive pas à comprendre les présidents qui m’expliquent que leur modèle est de vendre leurs joueurs forts à étranger. Vous connaissez beaucoup d’industries qui développent leurs meilleurs brevets puis vendent tous les ans leurs brevets à la compétition ?", conclut-il.
Quoi qu'il en soit, des décisions importantes doivent être prises dans les mois qui suivent si le football français veut évoluer. Alors qu'une quatrième vague pourrait mettre encore plus à mal l'économie, Jean-Marc Mickeler espère qu'un changement de modèle s’imposera de lui-même dans le futur.