Les 10 sélectionneurs qui sous-utilisent le plus leur effectif
Par Olivier Halloua
Cette période de trêve internationale a eu le don de révéler certains points. Plusieurs sélections sous-performent encore face à des adversaires parfois abordables. La rédaction a pu observer bon nombre de rencontres de la Ligue des Nations ou des qualifications pour la prochaine Coupe du monde voire de la CAN. Et dix sélectionneurs n'arrivent pas encore à utiliser la pleine puissance de leur vivier national.
10. Zlatko Dalic - Croatie
La Croatie possède de grands noms du football européen : Luka Modric, Marcelo Brozovic, Matteo Kovacic, Mario Pasalic ou Lovro Majer. Des cadres de grandes formations du Vieux Continent et des résultats brouillons ensuite. Zlatko Dalic a du mal à trouver la formule depuis la sortie du Mondial 2018.
Les départs de sélection d'Ivan Perisic ou Mario Mandzukic ont laissé un vide tactique. Les Croates ont été balayé à l'Euro 2020 par l'Espagne (3-5) et n'ont toujours pas remporté le moindre match en Ligue des Nations. Dalic pourrait certainement passer rapidement la main.
9. Djamel Belmadi - Algérie
Djamel Belmadi a vécu un début d'année en enfer. Son Algérie, souvent catégorisée comme la meilleure nation d'Afrique, a vite déchanté en 2022. Les Fennecs n'y arrivent plus sur le terrain. Une élimination dès la phase de poules à la CAN puis une non-qualification pour la prochaine Coupe du monde dans la foulée. Désormais, son discours n'est plus aussi rassembleur.
Sur le terrain, les Algériens ne se trouvent plus aussi facilement. La défense a souvent vacillé face à des cadors. Heureusement, ils se sont repris en ce mois de juin avec deux beaux succès en éliminatoires pour la CAN. Il est attendu au tournant, maintenu en poste par sa Fédération.
8. Aliou Cissé - Sénégal
Aliou Cissé a ramené un trophée légendaire au Sénégal. Un sacre tant attendu pour tout un pays. Au final, seul le résultat compte évidemment. Or, l'analyse des matchs des Sénégalais révèle un contenu plutôt brouillon. On assiste à des victoires à l'arrachée grâce aux exploits réguliers de Sadio Mané et Edouard Mendy, pour ne citer qu'eux.
Pourtant, le vivier est incroyable pour Cissé : Kalidou Koulibaly, Edouard Mendy, Sadio Mané, Idrissa Gueye ou Abdou Diallo. Même sur le banc, de sacrés noms attendent leur heure : Boulaye Dia, Bamba Dieng ou Pape Gueye. Sur le terrain, cette génération dorée ne domine pas outrageusement ses adversaires comme prévu. Un écart que les supporters lui reprochent souvent.
7. Diego Alonso - Uruguay
Diego Alonso a rempli son contrat : qualification directe pour la Coupe du monde 2022. Malgré tout, le vivier uruguayen reste sous-exploité, selon nous. Les stars comme Edinson Cavani, Darwin Nunez, José Maria Gimenez, Nahitan Nandez, Rodrigo Bentancur ou Federico Valverde ne sont pas aussi performants qu'ils pourraient l'être.
Des courts succès face au Paraguay, des failles visibles dans l'animation offensive et un écart abyssal observé face à l'Argentine et le Brésil. Les Uruguayens retrouvent un onze intéressant, qu'Alonso peine à faire briller. La Coupe du Monde sera l'occasion de marquer les esprits.
6. Ståle Solbakken - Norvège
Ståle Solbakken a désormais une formation d'envergure. La Norvège peut compter sur une sacrée colonne vertébrale : Martin Odegaard, Erling Haaland, Sander Berge ou Alexander Sorloth. Avec de tels éléments, le sélectionneur norvégien n'a pas réussi à se hisser jusqu'à l'Euro ou la Coupe du Monde.
Pire, sa formation ne réussit que peu de coups face aux cadors : un nul face à la Turquie ou les Pays-Bas, rien de plus. En comparaison des autres nations de la même trempe, comme la Pologne qualifiée elle pour le Mondial, le rendu sur le terrain est décevant. Peu ou pas de maitrise sur le front offensif même en comptant sur un Haaland en feu (18 buts en 19 sélections).
5. Roberto Mancini - Italie
Le bilan post-Euro est cataclysmique. L'Italie a tout perdu en quelques mois : défaite en Ligue des nations, non-qualification à la Coupe du monde et une raclée subie dans la Finalissima face à l'Argentine (3-0). Les Italiens n'y sont plus et les décisions de Roberto Mancini posent question.
Sur le terrain comme dans ses choix d'hommes, tout sonne faux. Face à la Macédoine du Nord en barrages pour le Mondial, le tacticien a décidé de positionner la majorité de ses joueurs en repos. Résultat, élimination. On ne retrouve plus le collectif tant souligné par ses pairs l'été dernier. Mancini semble avoir perdu la main et ses choix d'hommes ne payent pas encore.
4. Luis Enrique - Espagne
Sur le papier, il y a tout de même moyen de proposer mieux. Luis Enrique possède l'un des meilleurs tridents du monde : Pedri, Gavi et Koke avec Thiago, Sergio Busquets ou Marcos Llorente en soutien. Pourtant, chaque opposition avec un adversaire coriace mène à des déconvenues.
Une défaite en finale de Ligue des Nations l'année dernière et des nuls contre le Portugal (1-1) et la République Tchèque (2-2) récemment. De plus, le tacticien ibérique est souvent critiqué pour ses choix de joueurs. Sa liste porte souvent à de gros débats. Une majorité de vieux loups de mers sont maintenus en poste.
3. Fernando Santos - Portugal
Le minimum syndical à chaque fois... Fernando Santos possède un groupe de haute voltige : Bruno Fernandes, Bernardo Silva, Joao Cancelo Ruden Dias, Raphael Guerreiro, Rafael Leao et l'incroyable Cristiano Ronaldo. Sur le terrain, on ne retrouve presque aucune cohérence et des joueurs livrés à eux-mêmes.
Le talent individuel finit toujours par payer. Néanmoins, collectivement, nous sommes loin d'une organisation optimale. Les résultats sont donc poussifs avec une qualification au Mondial arrachée en finale des Barrages. Sans des joueurs de grand talent, les carences tactiques de Santos seraient révélés aux yeux de tous.
2. Didier Deschamps - France
Didier Deschamps a sûrement le plus important vivier du monde. Quatre ou cinq joueurs de grand talent peuvent concourir à chaque poste. Il faut faire des choix, mais c'est tout de même une liberté que d'autres n'ont pas. Sur le terrain, les joueurs peinent à se montrer dangereux collectivement.
Récemment, la doublette Karim Benzema-Kylian Mbappé a sauvé les meubles. Défensivement, l'Equipe de France se cherche encore un système adapté.
Les choix de joueurs aussi posent questions en France : Olivier Giroud écarté au pire moment, Boubacar Kamara préféré à Eduardo Camavinga et des mystères autour du totem d'immunité d'Antoine Griezmann par exemple. En clair, "DD" pourrait faire mieux avec un tel arsenal sur la pelouse. D'autant que l'équipe de France est à 5 mois de défendre son titre lors de la Coupe du monde.
1. Gareth Southgate - Angleterre
Pour ceux qui ont eu la chance de regarder Allemagne - Angleterre, avez-vous compris l'animation de Gareth Southgate ? Lui-aussi possède des joueurs de grand talent qui éblouissent la Premier League chaque saison. Au final, le rendu tactique soulève des questions évidentes.
Un passage à une défense à trois pour mieux défendre et non pas mieux perforer sur les ailes. Southgate se base une défense solide, sans utiliser la pleine mesure des calibres offensifs comme Harry Kane, Raheem Sterling ou Jack Grealish. Ses changements sont souvent téléguidés et Southgate ne s'adapte pas suffisamment à l'adversaire ni à la physionomie du match. Bien trop souvent dans la réaction, le sélectionneur de l'Angleterre déçoit. On se souvient de son choix de faire tirer à Bukayo Saka et Jadon Sancho les tirs au but en finale de l'Euro...
Le technicien britannique s'appuie constamment les mêmes joueurs, peu importe leur état de forme alors qu’il parle lui-même de "sélections basées sur le niveau de performance". Fukayo Tomori ne joue pas, Harry Maguire si, James Maddison n'est pas même sélectionné, Kieran Trippier, pourtant à peine revenu de blessure, lui l'est.
Les résultats parlent malheureusement contre lui : aucun succès face aux cadors, hormis face à l'Allemagne à l'Euro (2-0) et une illustration déconcertante lors de la défaite récente face à la Hongrie (0-1). Parfois, on se demande si le niveau international n'est pas trop haut pour lui. Malgré un des groupes les plus fournis depuis belle lurette en Angleterre, Gareth Southgate n'en fait pas grand chose.