Les 6 choses à retenir du mandat de Jacques-Henri Eyraud à l'OM

L'heure est au bilan pour Jacques-Henri Eyraud.
L'heure est au bilan pour Jacques-Henri Eyraud. / Clement Mahoudeau/IP3/Getty Images
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Depuis vendredi dernier, et un communiqué de Frank McCourt, Jacques-Henri Eyraud n'est plus le président de l'Olympique de Marseille. Face à la colère des supporters, le dirigeant a été écarté pour que le club reparte sur de bonnes bases. Retour sur le parcours de dirigeant sur la Canebière, en six enseignements.


1. Le "Champions Project"

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McCourt et Eyraud, les deux artisans de ce Champions Project. / SYLVAIN THOMAS/Getty Images

Comment l'oublier ? À l'automne 2016, Frank McCourt rachète l'Olympique de Marseille et installe directement son homme fort, Jacques-Henri Eyraud, au poste de président. S'en suit alors, une grosse opération de communication, pour envoyer un message à la France et à l'Europe. En plein rêve américain, l'OM vise l'excellence.

Le podium en Ligue 1 est rapidement visé, le titre également. Mais surtout, la nouvelle direction phocéenne entend remporter la Ligue des Champions, comme ses prédecesseurs en 1993.

Une erreur de communication, portée malgré lui par JHE, puisque le projet marseillais n'est finalement pas assez conséquent pour de telles ambitions. "Si vous me demandez si l'on aurait dû choisir un autre nom que Champions Project, la réponse est oui", regrette d'ailleurs Eyraud, dans les colonnes de So Foot cette semaine.

2. Des échecs sportifs

Dimitri Payet
La détresse de Dimitri Payet en finale de l'Europa League. / Michael Steele/Getty Images

Forcément, les équipes de McCourt ont promis de grands succès. Cinq ans plus tard, les supporters phocéens peuvent logiquement être déçus. Si la finale de Ligue Europa perdue contre l'Atletico (0-3) en 2018 s'annonçait prometteuse, le bilan reste au final très léger.

L'OM n'a gagné aucun trophée et fini qu'à une seule reprise sur le podium, l'an passé, avec une 2e place assurée notamment par l'arrêt du championnat lié à la Covid-19.

Pour leurs retrouvailles avec la Ligue des Champions cette saison, les Phocéens ont sombré, avec au final une seule petite victoire en six matchs, acquise contre l'Olympiakos (2-0). Un fiasco, qui a précipité la cassure et la chute d'Eyraud.

Car s'il ne faut pas lui imputer tous les maux du club, l'ancien président olympien a fait plusieurs mauvais choix : notamment lorsqu'il a prolongé l'entraîneur Rudi Garcia en novembre 2018, après un début de saison cataclysmique. Tout ça pour le remercier en fin de saison...

3. Des déclarations maladroites

Le président Eyraud a surtout marqué son passage à l'OM, par des déclarations qui resteront dans les mémoires. On pense forcément au moment où il a conseillé aux supporters de boire une tisane, suite au recrutement de Kostas Mitroglou, ou plus récemment à son attaque envers l'époque Tapie : "Nous sommes l'OM de la transparence, et pas celui des magouilles", a-t-il déclaré après les incidents à la Commanderie le 30 janvier dernier.

Critiqué pour un ego "surdimensionné" par de nombreux fans, le dirigeant se distinguait pourtant par une vision avancée du football moderne, avec un management digne d'une grande entreprise. Il a ainsi tenté de "professionnaliser" tous les secteurs du club selon ses dires, quitte à supprimer l'identité marseillaise du club. Une erreur fatale sur la Canebière.

4. Un manque de connaissances 

À la manière d'un Pape Diouf ou d'un Bernard Tapie en son temps, les supporters olympiens attendaient d'Eyraud un patron avec de la poigne, qui aimait surtout le football dans son ensemble. Malheureusement, celui qui a décroché une belle place au conseil des présidents de la LFP n'avait pas le profil recherché.

Il s'est d'ailleurs malheureusement distingué par quelques maladresses. Comme lorsqu'il a présenté "Alvaro Gomez" et non Gonzalez, ou qu'il a parlé d'un ancien Olympien "Pierre-André Gignac" et non pas André-Pierre Gignac.

En d'autres termes, Eyraud est parti avec un gros désavantage : un profil peut-être incompatible avec l'OM. Et ses origines parisiennes n'ont rien fait pour arranger les choses. Sans oublier sa proposition insolite qui consistait à imiter le basket et accorder deux buts à une équipe qui marquait de l'extérieur de la surface.

5. Une relation dégradée avec les supporters

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Affiche placardée dans les rues de Marseille. / NICOLAS TUCAT/Getty Images

Ce point-là était inévitable, au vu de la fin "tragique" des choses. D'abord apprécié pour sa fraîcheur, et sa volonté de remettre l'institution OM au sommet, Eyraud a progressivement perdu du crédit auprès du 12e homme phocéen. Et s'il a, un temps durant, été critiqué pour son manque d'activité et d'intervention dans les médias au cours de son mandat, l'année 2021 a précipité sa chute.

Le 30 janvier plus précisément, lorsque les supporters ont envahi la Commanderie. Une action coup de poing critiquable, qui aura au moins eu le mérite de faire bouger les choses.

Lâché par le public phocéen, JHE a pris la mauvaise décision d'essayer de forcer le destin et surtout de s'enfermer dans un combat perdu d'avance, seul contre tous. Le projet "Agora OM", finalement annulé par McCourt, a marqué le point de rupture.

6. Des regrets pour un novice novateur

Sur le plan général, le bilan est plutôt négatif. Pourtant, dans les idées, Eyraud avait de beaux projets pour l'OM avant sa fin ratée. Il a notamment essayé de remettre le centre de formation marseillais dans les standards de ceux des grands clubs. L'équipe B phocéenne est remontée puis s'est stabilisée en National 2. Puis, il a lancé le projet d'associations avec les clubs satellites de la région.

Malheureusement, le suivi n'a pas été bon et ce partenariat a affiché quelques limites. En tout cas, Eyraud avait la volonté de relancer les jeunes de l'OM. Aussi, il a réussi à négocier avec la Ligue et la DNCG des accords pour pallier les lacunes financières marseillaises, auxquelles sa mauvaise gestion avait bien sûr contribué.

Enfin, sur un plan social, l'ancien président marseillais a tenté de belles choses. Comme lorsqu'il a ouvert les portes de la Commanderie à des personnes battues durant le premier confinement en mars. Une initiative remarquable et remarquée.


Malgré les critiques, justifiées, Eyraud aura tout de même tenu cinq ans à la présidence de l'OM. Une durée qui n'est pas anodine toutefois, malgré un profil qui ne collait pas forcément aux exigences et enjeux des Ciel et Blanc.