Les oubliés : Éric Bautheac, que deviens-tu ?

Eric Bauthéac (22 buts en 109 matchs) a marqué l'OGC Nice.
Eric Bauthéac (22 buts en 109 matchs) a marqué l'OGC Nice. / VALERY HACHE/Getty Images
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Il est l'une des figures de la renaissance de l'OGC Nice au tournant des années 2010. Éric Bauthéac, 172 matches de Ligue 1, s'est exilé depuis quatre saisons à l'étranger. Avec l'aide du twittos Sky Nissa, mise en lumière d'un joueur au parcours atypique. Et absolument honorable.


Éric Bautheac. Né à Bagnols sur Cèze, dans le Gard, en 1987. Centurion de l'OGC Nice, homme de base de l'équipe flamboyante de Claude Puel. "Un petit ailier de poche, dynamique et combatif, adroit face aux buts, altruiste avec ses coéquipiers", résume le journaliste et twittos Sky Nissa, spécialiste du Gym.

Bautheac a été l'âme, durant trois saisons (2012-2015), d'un OGC Nice en incessante reconstruction, parfois en perdition, parfois éblouissant. Car avant de partir pour tenter l'aventure hors de France, le petit milieu d'1m68 a été l'un des acteurs majeurs des pelouses de l'Hexagone, où il a évolué durant 17 ans.

La révélation azuréenne

"Éric Bauthéac est arrivé à l'été 2012, explique Sky Nissa. 2012, c'est l'arrivée de Claude Puel à Nice, et aussi celle d'un grand recyclage (douze départs, huit arrivées). Le Gym n'avait pas d'argent et était obligé de flairer les bons coups gratuits des clubs qui descendaient en Ligue 2. Bauthéac est arrivé avec cet esprit là."

Lors de sa premièe année, la fameuse saison 2012-2013 niçoise, les Aiglons terminent à une étonnante quatrième place en Ligue 1 : "Il fait partie de cette génération qui a relancé l'OGC Nice. L'un des grands artisans de cette saison, avec Eysseric et Cvitanich. Il avait pourtant la lourde tâche de remplacer Anthony Mounier, recruté par Montpellier."

Avec 9 buts et 7 passes décisives en 35 rencontres de Championnat, Éric Bauthéac s'est très vite adapté à la philosophie de jeu de l'exigeant Claude Puel, ancien coach de Monaco, Lille et Lyon. Mais comme la plupart des joueurs qui ont éclos sur le tard, le gaucher possède ce supplément d'âme. Porté par une expérience qui l'a forcément endurci.

Celle d'un chemin embûché de footballeur qui ne lui semblait pas, à l'origine, tout tracé. Formé à Saint-Étienne (2000-2007), l'ailier se heurte à un refus des Verts de lui faire signer un contrat professionnel, avant de rater des tests à Brest et Arles. Il débute donc sa carrière en troisième division, à l'AS Cannes (2007-2010) puis se révèle à Dijon (2010-2012) en L2. Mais le Français n'explose véritablement qu'à son arrivée à Nice, à 25 ans passés.

Bauthéac, chouchou de l'Allianz Riviera

Porté par son tempérament de teigneux, Éric Bauthéac est devenu en peu de temps l'un des chouchous du stade du Ray, puis de l'Allianz Riviera. Pour Sky Nissa, "il était à la fois la touche technique que l'OGCN voulait se donner à l'époque, mais aussi la mentalité du guerrier comme on l'aimait alors. "

Comme signe de sa popularité, l'ancien Dijonnais possédait même son chant personnalisé de la part des supporters. Un hymne intitulé "Bauthéac, fais-nous un carreau", montant couramment de la Brigade Populaire Sud. Un témoignage de "sa bonne humeur, sa proximité avec les supporters, et évidemment, son amour pour la pétanque."

"C'était l'un des préférés des supporters. Il n'a jamais triché, en plus de se révéler efficace."

Sky Nissa

Car, un peu à l'image de son compère Alexy Bosetti, Éric Bauthéac valorisait la contiguïté avec les supporters niçois, qu'il n'a jamais vraiment déçus à l'heure des sommets (la 4ème place) ou lors de la lutte pour le maintien les deux saisons suivantes.

L'Australie, "une grosse claque"

Bauthéac, sans surprise, a donc saisi l'opportunité d'intégrer une grosse pointure française, le LOSC, où il signe à l'été 2015 pour 3,5 millions d'euros. Mais son passage chez les Dogues s'avère être un couac. En deux saisons, l'ailier ne dispute que 51 matches, et est placé dans le "loft" des joueurs indésirables par Marcelo Bielsa, alors entraîneur du club nordiste.

Alors, le tricolore prend une décision qui va changer sa carrière. Libre de tout contrat, il décide de voguer vers les antipodes, et découvrir un championnat peu emprunté par les joueurs européens. Brisbane Roar, écurie australienne évoluant en A-League, le convainc, avec tous les atouts que cette destination comporte.

"Plutôt que d'aller jouer en L2, sans faire injure à cette ligue, il est aller 'kiffer' au bout du Monde, dans un championnat mineur mais professionnel, avec la qualité de vie qui suit. L'Australie, c'était quand même osé pour un footballeur français, mais je pense qu'il y a vécu sa meilleure vie", conclut Sky Nissa.

"Je me suis régalé. "

Éric Bauthéac

Le trentenaire le déclarera même lors de son entretien pour l'Équipe : "J'avais envie de découvrir autre chose, une nouvelle culture, un nouveau football, un nouveau pays. On n'a qu'une vie. Peu de joueurs français sont partis là-bas, pourquoi pas moi ? Je ne regrette rien du tout, j'y ai passé deux ans exceptionnels. Je me suis régalé. Sur le plan humain, j'ai découvert des choses incroyables. J'ai pris une grosse claque en allant là-bas".

Car oui, le footballeur reste avant tout un être humain. Avec ses désirs et ses contrariétés.

Nicosie, un choix de vie...et un choix sportif

Mais le besoin de refouler les pelouses européennes a donc orienté Éric Bauthéac vers son choix de rejoindre Chypre, à l'intersaison 2018-2019. Le 25 juillet 2019, l'ex-Aiglon signe un contrat de trois ans avec l'Omonia Nicosie, historique écurie de l'île méditerranéenne, et grand rival de l'Apoel Nicosie.

Certes, les contours paradisiaques de cette nouvelle adresse ont prodigué au Gardois tout leur charme : "C'est un climat méditerranéen, il fait très beau. J'ai la mer juste en bas de chez moi. La qualité de vie est folle, les gens sont gentils ici aussi." Mais Éric Bauthéac n'a pas seulement été trouver des éléments de décor de contrée orgastique.

L'intérêt footballistique est, et plus que jamais depuis le début de sa carrière, présent. Il est devenu champion national pour la première fois en 2020, avec l'Omonia. Un sacre qui lui a permis de découvrir les joutes européennes, avec le tour principal de l'Europa League cette saison.

Éric Bauthéac cette saison face au PSV en UEFA Europa League.
Éric Bauthéac cette saison face au PSV en UEFA Europa League. / Soccrates Images/Getty Images

Le tout à 33 ans. Et ça, aucune écurie française ne lui avait accordé. Tout vient à point à qui sait attendre. Le dicton dit vrai, surtout pour les méritants. Éric Bauthéac en est un.