Mais à quoi joue le FC Barcelone ?

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Depuis l'arrêt des compétitions, le club catalan est sûrement celui qui fait le plus parler de lui. Entre les élections de 2021 et la quête absolue d'une dernière Ligue des Champions, les Blaugrana sont pris dans un tourbillon vertigineux. État des lieux d'une situation compliquée.


Mais quelle mouche a donc piqué le FC Barcelone ? D'ordinaire, cette équipe construit ses succès dans le calme et la sérénité. Mais les mauvais résultats sur la scène européenne ces dernières années, sur fond de réélection présidentielle, pousse Josep Bartomeu et ses dirigeants à agir dans la précipitation.

Bartomeu sur la corde sensible

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Pour bien comprendre la situation, il faut d'abord comprendre Josep Bartomeu, le Président du board catalan. Et depuis l'affaire du "Barçagate", il est sur la corde raide. Au mois de février, la Cadena SER dévoilait un secret bien encombrant. La direction du club aurait engagé une agence de communication pour soigner l'image du Président, en s'attaquant notamment aux joueurs de l'équipe sur les réseaux sociaux. 

Depuis, six dirigeants ont quitté le club. Rendant encore un peu plus fragile la position de Bartomeu... qui cherche à redorer son image en prévision des prochaines élections reportées en 2021.

Fond de guerre électorale

Silvia Lore/Getty Images

Politique et sport ne font pas bon ménage. Entre promesses sportives et achats spectaculaires sur le marché des transferts, tous les coups sont permis pour séduire l'électorat des Socios.

En poste depuis 2014, Bartomeu possède un avantage sur ses concurrents. Il peut agir pour redorer son image. C'est dans ce sens que l'arrivée d'un attaquant comme Lautaro Martinez pourrait lui redonner un peu de crédit.

Ses concurrents comme Victor Font, par exemple, ne peuvent agir que sur fond de promesses, comme par exemple assurer le retour de Xavi et miser sur Mbappé et la Masia. Cette bataille politique se sert du sport, alors qu'elle devrait être à son service.

La frénésie européenne

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Mais toute cette pagaille n'est pas seulement due aux élections. Elle doit aussi son salut aux mauvais résultats sur la scène européenne. Proche du graal la saison dernière, la bande à Léo a chuté dans les grandes largeurs à Anfield, en demi-finale de la Ligue des Champions l'année dernière (0-4 après avoir gagné l'aller 3-0).

Et ça fait tâche. Car le grand Barça n'est plus que l'ombre de lui-même. Depuis sa dernière victoire en 2015, le club n'est plus autant à son aise sur la plus prestigieuse des compétitions européennes. Pas une seule finale, et surtout le triplé historique du rival madrilène qui l'éclipse du devant de la scène.

Et puis Messi n'est pas éternel. À 32 ans on ne sait pas combien il lui reste encore de saisons au très haut niveau. Avec la perspective que la Pulga vit ses dernières années en Catalogne, les dirigeants veulent lui offrir au plus vite une équipe compétitive, pour lui permettre d'aller chercher une "dernière" Ligue des Champions.

Reconstruction de l'effectif à vitesse grand V

Président chahuté, guerre interne politique et mauvais résultats sur la scène européenne. Les trois maux principaux du FC Barcelone. D'habitude si calme et serein, le club se laisse habiter par un sentiment inhabituel : la précipitation. Seul mot d'ordre pour faire front aux principaux problèmes évoqués.

Le problème c'est que ce n'est pas dans l'ADN des Blaugrana. Les succès européens acquis depuis les années 2000 trouvent leur fondement dans des stratégies bien réfléchies. Chaque nouvelle saison ne correspondait pas forcément à un renouvellement de l'effectif. Les joueurs avaient un peu plus de temps pour faire leurs preuves, et ce même si les résultats n'étaient pas toujours au rendez-vous. La patience et la stabilité étaient de mise, pour les résultats que l'on connaît. Les choses ont bien changé aujourd'hui.

Quelle équipe l'année prochaine ?

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Un des signaux les plus marquants de la précipitation du Barça ? Le cas du Brésilien Arthur. Arrivé il y a deux ans, il est vrai qu'il n'a pas encore réalisé des prestations époustouflantes. Mais si toute l'Europe s'y intéresse, ce n'est pas un hasard. À 23 ans, c'est sûrement l'un des plus prometteurs à son poste. Si un échange avec Pjanic se confirmait, l'équipe n'y perdrait pas au change à court terme. Loin de là. Même constat pour Nelson Semedo, lui aussi évoqué dans cet échange avec le meneur de jeu des Bianconieri.

Mais sur le long terme, c'est une autre histoire. Le Bosnien a 30 ans ne jouera pas encore 10 ans au haut niveau. L'international auriverde, lui, a toutes les chances de progresser et de devenir un crack dans les prochaines années. Révélateur flagrant, s'il en fallait encore un, que la patience n'est plus de mise en Catalogne.

Autre exemple, Jean-Clair Todibo. Arrivé en janvier 2019 en provenance de Toulouse, le jeune Français n'a pratiquement pas eu sa chance (quatre matchs de Liga). En prêt à Schalke, il semble devenu indésirable, alors qu'il a à peine eu le temps de faire ses preuves. Une fois de plus, le club est prêt à remettre en cause ses récentes acquisitions au profit du "tout, tout de suite".

Barcelone renie un de ses plus grands principes. Il ne prépare plus l'avenir, il mise tout sur le court terme.

Une fenêtre des transferts uniques en son genre

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Que le Barça ait besoin d'aller vite même si ce n'est pas dans son ADN, à la limite cela peut le comprendre. Mais en raison de la crise sanitaire devenue rapidement une crise économique, la plupart des clubs n'auront pas autant de moyen financier qu'à l'accoutumée. Et les Blaugrana ne font pas exception à la règle.

Pour contourner le problème, ils ont l'air prêts à échanger plusieurs joueurs pour faire baisser au maximum les indemnités. Le Barca s'est engagé dans une course contre la montre. Et peu importe si des joueurs majeurs comme Ivan Rakitic, Nelson Semedo ou Arturo Vidal (dans une moindre mesure pour les deux derniers) sont sacrifiés. On veut de la nouveauté, et à n'importe quel prix.

Décidément, ça ne tourne pas rond en ce moment en Catalogne. Et ce n'est pas la récente arrivée hivernale d'un joueur comme Martin Braithwaite qui nous fera penser le contraire.