Médiapro, mercato, Boudjellal... Eyraud sans filtre sur l'actualité de l'OM

Le président de l'OM a tenu à prévenir les supporters que le mercato sera difficile
Le président de l'OM a tenu à prévenir les supporters que le mercato sera difficile / FRANCK FIFE/Getty Images
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Dans un entretien devant les micros de France Bleu Provence, ce mardi matin, Jacques-Henri Eyraud est revenu sur les sujets qui font l'actualité à Marseille. L'occasion pour le président de l'OM d'éclaircir certains points et de répondre aux différentes polémiques.


À quelques jours de l'ouverture du mercato hivernal, Jacques-Henri Eyraud a tenu à balayer l'actualité pour tenter de répondre aux différentes questions des supporters marseillais. Un exercice médiatique qui a permis d'éclaircir certains points sur la situation de l'OM en ce début de saison.

Actuel quatrième de Ligue 1 avec deux matchs en retard, les hommes d'André Villas-Boas ont montré de belles choses en championnat sans réussir à convaincre au niveau européen. Pourtant, la cote de popularité du président est toujours en chute libre auprès des supporters. L'occasion était donc belle pour le président de l'OM qui a pu s'exprimer sans filtre et exposer sa vision de la situation.

Eyraud sur tous les fronts

Absent de la scène médiatique depuis quelque temps, le président de l'OM a cette fois-ci voulu prendre les devants. Une discrétion souvent reprochée par les supporters marseillais qui accusent Eyraud de ne pas monter au créneau pour épauler son entraîneur qui ne semble pas savoir pratiquer la langue de bois. S'attirant ainsi les foudres des journalistes.

Mais l'entrepreneur n'est pas du même avis. Pour lui, sa discrétion est un atout qui peut lui permettre de contre-attaquer sur les dossiers compliqués :

"Dans les vieux modèles, on pense que c'est à un président de s'exprimer sur Pierre, Paul ou Clément. Quand un de nos joueurs a eu un carton rouge, vous pensez que ça va aider si je pousse une gueulante dans les médias ? L'arme du droit est importante. Je préfère faire avancer mes dossiers en coulisses, faire en sorte que Pape Gueye joue contre Reims plutôt que de montrer les muscles dans une interview".

"Il faudra être malin pendant ce mercato."

Jacques-Henri Eyraud

Concernant le mercato, Eyraud a clarifié la situation et reste lucide. En proie à des problèmes d'ordre financier, l'OM n'a pas grand chose à jouer dans les prochaines semaines :

"Il faudra être malin pendant ce mercato. On ne va pas forcément vendre des joueurs, et s'il y a des choses intéressantes à faire, bien sûr qu'on le fera. Mais il faut qu'on soit réaliste par rapport à ce marché, impacté par la Covid 19."

Le président semble assez clairvoyant dans son analyse du contexte dans lequel évolue l'OM. Mais cela ne suffit pas pour éteindre les différentes polémiques qui alimentent les réseaux sociaux depuis plusieurs semaines.

Eyraud face à ses détracteurs

Eyraud en a profité pour renouveler sa confiance inexorable à son entraîneur dans cette situation de crise sanitaire sans précédent :

"Je pense que c'est un excellent entraîneur. Il a la meilleure performance de tous les entraîneurs de l'OM au XXIe siècle. Je ne lui ai rien caché quand je l'ai recruté. Le contexte est encore plus particulier, il le sait, il le comprend, on discute et j'espère que ça évoluera de manière positive".

Le président de l'Olympique de Marseille n'a pour autant pas peur d'affronter ses détracteurs. Et ils sont nombreux à vouloir sa démission. Un bon signe selon lui :

"Ca fait partie du job et ce n'est pas grave (...)Mon objectif, c'est de faire partie des 10 plus grands clubs d'Europe. Une manière de rendre les Marseillais fiers, c'est aussi de faire en sorte que le club quitte la chronique judiciaire".

L'imbroglio Mediapro

Le président olympien a mis en exergue comme la faillite de Médiapro a gravement mis en péril l'équilibre financier du club et de la Ligue 1 :

"C'est une catastrophe parce qu'on vit une double peine. C'est une défaillance incroyable, inexplicable (...)C'est 65% du chiffre d'affaires qui s'envole. Ce qui se passe avec Mediapro est grave, c'est une trahison (...) Maintenant il faut préparer l'avenir, comprendre comment on en est arrivé là et se demander comment le football doit évoluer la saison prochaine. Il y a énormément de colère. Au moment de l'appel d'offres, ils faisaient 1,7 milliard d'euros de chiffre d'affaires et étaient présents partout dans le monde. Il y a donc ce sentiment de trahison, d'irresponsabilité. Trouver des solutions sur cette année ça va être difficile".

Reste à savoir comment la LFP, dirigée par Vincent Labrune, va réussir à sortir les clubs français de cette crise.

L'instant de vérité

Après avoir recontextualisé la situation de l'OM en ce début de saison et expliqué les raisons de ses différentes prises de positions, les journalistes de France Bleu Provence ont voulu aborder le projet de rachat du club par Mourad Boudjellal. Un épisode qui a agité la planète football.

Eyraud a été clair. Ce projet était avant tout un coup médiatique pour déstabiliser le club avant d'être une réelle proposition :

"Tout journaliste sérieux a compris qu'on était dans la supercherie et l'imposture. On nous a expliqué qu'on était en discussions alors qu'il n'y a jamais rien eu. Donc c'est de la déstabilisation et ça va se régler devant les tribunaux. Je vous ai parlé du top 10, ça va prendre du temps, Frank McCourt est là pour le long terme". 

Pour le président, l'OM n'est pas juste un club de football, il représente une institution qui permet de faire rayonner la ville partout dans le monde. C'est pour cette raison que l'éventuelle vente du Vélodrome suite à la nomination de Benoît Payan à la mairie de Marseille ne l'intéresse pas dans l'immédiat :

"Racheter le stade, ce n'est pas notre principale préoccupation. On est un club de football, on est le plus gros investisseur de la ville. On ne veut pas de médaille ou de tapis rouge, on veut juste participer au développement de Marseille. On a des intérêts communs, quand l'OM va bien, Marseille va bien. On a envie que cette nouvelle équipe réussisse et j'espère qu'ils ont envie qu'on se développe"

Pourtant, cet amour pour le club olympien a été lourdement remis en question ces derniers temps après la publication d'un extrait vidéo sur ses méthodes de recrutement et le fonctionnement d'OMtv. Heureusement, le président Eyraud a apporté des arguments à cette maladresse :

"C'est tout sauf un dérapage. L'un des défis, c'est l'équilibre entre passion et raison. Bien sûr qu'on aime ce club (...) On cherche à recruter les meilleurs. Des gens intègres, professionnels, et s'ils sont supporters de l'OM, c'est un plus. Pitié, arrêtons de caricaturer mes propos, je ne suis pas contre les Marseillais, on est fiers de l'être et c'est très bien. L'OMtv, il y avait des choses de grande qualité. Mais à l'heure des réseaux sociaux, il faut communiquer différemment. On a 14 millions d'abonnés sur les réseaux sociaux. Ce n'était pas une critique sur ce qu'ont fait les équipes à l'époque mais je pense juste que ce n'était plus le moyen de les diffuser, sur le satellite"

Alors, les supporters vont-ils se montrer clément envers leur président après cette longue interview ? En tout cas, le président semble pressé de revoir les supporters dans les stades :

"Depuis six mois c'est l'enfer pour les joueurs, pour les supporters. Il faut vite que ce virus s'en aille et que les supporters retrouvent les stades. Ce qu'on voit nous fait comprendre à quel point les supporters sont au cœur du foot. On en est tous conscients au club"