OM : Payet et Harit, l'équation impossible
Par Olivier Halloua
Depuis le début de saison, deux cadres techniques s'alternent sur le front offensif. Dimitri Payet, artiste incontesté du dribble et la vista, et Amine Harit, maître de la transition et du jeu de corps. Deux éléments lumineux pourtant difficiles à associer. Face au PAOK, le premier a pris beaucoup de place. Trop pour que le second puisse s'exprimer. Autopsie d'une association quasi impossible pour l'Olympique de Marseille sous Jorge Sampaoli.
Jorge Sampaoli semble obliger de faire avec cette bivalence. L'entraîneur de l'Olympique de Marseille avait placardisé pendant de longues semaines Amine Harit. Avec la certitude de devoir faire débuter Dimitri Payet à tous les matchs, sa doublure à l'origine ne doit se contenter que du banc. Au fil des mois, l'âge avancé du vice-capitaine marseillais a laissé plus d'espaces à son remplaçant.
Plus d'entrées et même des titularisations. Les experts de la Bundesliga n'ont pas été étonnés de découvrir un joueur créatif et incisif. Le profil que les supporters apprécient. Or, contre le PSG encore, Harit a dû se rendre à l'évidence. Il y a un composition avec Payet et sans lui.
Avec Dimitri Payet
Nous avons pu l'observer à deux reprises ces dernières semaines. Tout d'abord face à l'AS Saint-Etienne (2-4). Au premier abord, nous pourrions nous dire qu'Amine Harit a rayonné. Un but et une belle activité. Or, l'analyse plus profonde démontre une réalité tout autre. L'international marocain a dû batailler pour obtenir des ballons intéressants.
Très en jambes, le milieu offensif a réussi beaucoup de dribbles et obtenus des fautes comme souvent. Avec Payet et Gerson sur le terrain, la possession penchait forcément à gauche. Le système de Sampaoli oblige à positionner l'attaquant prêté par Schalke à l'opposé. Conséquences, un électron libre comme Harit a tenté bien plus de choses sur chaque touche de balle. Un surjeu voire une frustration pour un joueur qui a besoin de sentir le cuir. A Geoffroy-Guichard, il a touché deux fois moins de ballons que son capitaine. Dans un grand jour, c'est forcément du bonus.
En revanche, dans un mauvais comme face au PAOK (0-1)... On ressent encore plus cette incompatibilité tactique. Payet a marqué puis a distribué et Harit a vendangé. Toujours environ deux fois moins de ballons touchés avant sa sortie. On retrouve un ancien Nantais en manque de confiance. Des passes manquées, des transmissions mal senties et des dribbles lisibles par l'adversaire. L'envie d'impressionner et de faire des différences l'a poussé à être maladroit. Au final, les deux hommes ont échangé très peu de ballons. Depuis le début de saison, aucun but ne les a impliqués directement.
Sans Dimitri Payet
Nous prendrons aussi un exemple récent. Le choc face à Montpellier a été particulièrement intéressant (2-0). Pas de Dimitri Payet laissé au repos. Amine Harit s'est retrouvé avec les clés du camion. Nous avons pu assister à la meilleure partition de l'international marocain cette saison. Une grande efficacité aux dribbles (75% de réussite) et une participation totale aux actions de l'équipe. Un bel appel dans le dos pour ensuite servir Bamba Dieng. Déjà, nous pensons que cet appel n'aurait été que très rarement servi avec le vice-capitaine des Phocéens sur le terrain. Le jeu se serait rapidement déversé à l'opposé.
Ensuite, il a pu participer à l'obtention du penalty. On l'a senti plus libre de ses mouvements, plus serein balle au pied. Harit était moins obligé de redoubler de touches de balle. C'était le cadre technique à qui on donnait les balles pour faire des différences. A l'entrée de Payet, forcément on l'a moins vu acteur de la rencontre.
Même constat face à Brest (1-4). Sa passe a trouvé Arkadiusz Milik qui a ensuite servi Gerson. Dans une rencontre avec "Dim", Harit n'aurait certainement pas eu ce placement et le loisir de servir son attaquant. Sa passe décisive est aussi venu d'un corner bien tiré. Aucune chance pour lui de les tirer en présence de Payet. Son but aussi a pris source de son repositionnement axial.
En clair, Amine Harit se fait régulièrement marcher sur les pieds en présence de Dimitri Payet. Tel un fantôme, il traverse le match sans vraiment laisser de traces. Sans lui, il renaît. Capable de fulgurances et de transformer un match, le meneur olympien a même la confiance de ses coéquipiers. Maintenant, à voir comment Jorge Sampaoli peut associer ces deux créateurs sans craintes.