OM : Pourquoi la gronde contre Sampaoli monte malgré les résultats
Par Thomas Clerbout
Même si l'Olympique de Marseille est installé à la deuxième place du classement de Ligue 1, les supporters commencent de plus en plus à perdre patience sur certains points. Peu rassurants depuis le début de l'année 2022, voici pourquoi la gronde contre Sampaoli monte malgré les résultats.
1. Les conflits avec plusieurs joueurs appréciés des supporters
On le sait, à Marseille, il y a certains joueurs très appréciés par les supporters. Quand on est coach, ceux-là, on essaye de se les mettre dans la poche. Mais avec son caractère bien trempé et ses idées bien à lui, Jorge Sampaoli est rentré en conflit avec notamment trois d'entre eux. Arkadiusz Milik, Steve Mandanda, et surtout Alvaro Gonzalez. Si les deux derniers ne donnaient peut être plus satisfaction à l'entraîneur sportivement parlant, c'est la manière dont il les a traités qui pose problème.
Prenons le cas de Steve Mandanda. Joueur emblématique, le plus capé du club, le capitaine historique, les adjectifs ne manquent pas pour qualifier le gardien de but de 36 ans. Mis au placard par Sampaoli, lui préférant Pau Lopez, ce qui d'un point de vue purement sportif peut être compréhensible, c'est la manière dont il a été écarté qui pose problème. Sans réel respect de l'aura et du statut du joueur au sein du club.
On sait que des tensions existent entre les deux hommes, ce qui se traduit par un mécontentement de certains supporters. De même pour certains acteurs au sein du club. L'Equipe révélait qu'en interne, nombreux sont ceux qui pensent que la situation du portier n'a pas été traitée avec la transparence que méritait la légende du club.
Pour Alvaro Gonzalez, ses conflits avec l'entraîneur lui ont valu de ne plus jouer depuis décembre 2021 en Ligue 1. Il n'a disputé que cinq minutes de jeu en 2022 face à Champigny en Coupe de France.
Son refus de partir en janvier n'a pas aidé, mais déjà avant, Sampaoli avait mis le guerrier phocéen à la trappe. Choix très contesté par les supporters qui estiment que le joueur peut encore apporter à l'effectif.
Enfin, le Polonais Arkadiusz Milik. Le fameux grand attaquant que cherchait l'OM depuis quelques saisons, ne joue finalement que très peu en comparaison avec ce qui était attendu par les fans marseillais. Pourtant performant à chacune de ses rentrées, l'ancien joueur du Napoli subit les humeurs de son coach.
Le numéro 9 de l'OM ne cache pas son incompréhension après ce fameux match face aux Messins, où il a inscrit un retourné acrobatique de grande classe, après être entré en jeu : "Comment j'ai pris le fait de ne pas être titulaire ? Il y a des choses que je ne comprends pas, mais je fais mon boulot". Les supporters phocéens non plus, ne comprennent pas, et sont agacés de ces situations conflictuelles entre ces joueurs et le coach argentin.
Pol Lirola peut aussi être cité, même si ses performances sont moins convaincantes que lors de la deuxième partie de saison 2020-2021. L'Espagnol a été mis de côté par l'entraîneur, même lorsque personne d'autre ne peut jouer à son poste. Utilisé comme ailier en première partie de saison, rappelons que son poste d'origine est celui de latéral droit.
2. Les compositions d'équipes douteuses
Si vous êtes amateur de Ligue 1 et que vous avez déjà vu une composition de l'OM avant un match, vous comprenez tout de suite de quoi on parle. Pour les autres, voici quelques lumières qui vont vous permettre de mieux visualiser la situation. Sur la feuille de match, il est coutume de voir des joueurs alignés à des postes qui ne sont pas les leurs.
L'Argentin donne l'impression d'expérimenter de nouveaux joueurs à de nouveaux postes quasiment à chaque match.
Certains joueurs sont hors de leurs fonctions et peinent à être performant, alors qu'ils le sont dans leur position préférentielle. Exemple, William Saliba au poste de latéral droit dans une défense à quatre face à Nice.
Très performant depuis le début de la saison dans la charnière centrale olympienne, pourquoi le mettre à ce poste alors que ses qualités ne peuvent pas faire de lui un latéral ? C'est une question que les supporters se posent encore aujourd'hui, et quand on voit le résultat (défaite 4-1), leur colère est compréhensible.
Ainsi, au cours de cette saison, nous avons pu voir Valentin Rongier évoluer comme milieu défensif, Saliba se retrouver en latéral droit ou encore Lirola comme ailier à droite ou à gauche...
Autant de raisons qui ont le don d'agacer les supporters, souhaitant voir leurs joueurs jouer à leur poste. Si on rajoute à cela ses changements plus que surprenants en cours de matchs, on tient le combo parfait pour énerver et laisser perplexe n'importe quel suiveur du club Olympien.
3. Les changements permanents de système
Un matin l'équipe joue en 4-1-4-1, le soir en 4-3-1-2, la semaine d'après en 4-3-3, bref, Sampaoli donne l'impression de ne pas savoir sur quel pied danser. En soit, si les résultats étaient mauvais et que l'équipe n'avait toujours pas trouvé de solution miracle, cela pourrait être compréhensible. Mais le problème, c'est que même lorsque l'OM performe et donne satisfaction dans un système donné, Sampaoli décide de le changer au match d'après.
Dans l'animation et le rôle de certains joueurs, c'est pareil, dans le plan de jeu aussi. L'exemple parfait est le match face à l'Olympique Lyonnais, où les rhodaniens devaient composer avec énormément de joueurs cadres absents. En première mi-temps, les Marseillais ont le ballon, le font tourner, se jouent de la défense lyonnaise mais ne parviennent pas à inscrire le but du 0-2 qui aurait été probablement fatal aux Lyonnais. Arrivés en seconde période, c'est un tout autre OM qui rentre sur la pelouse, avec des idées de jeu tout à fait différentes, qui laissent donc entrevoir un potentiel exploit du côté de l'OL.
Les joueurs reculent sur le terrain, ne pressent plus haut à la relance, ne tentent plus de contre pressing et n'essayent plus de créer du jeu et de garder le ballon comme ils ont su le faire. On comprend que les trois points sont importants, et qu'à ce moment du match, l'OM menait (0-1). Mais de là à bouleverser ses principes de jeu, alors que ces derniers fonctionnaient très bien pendant 45 minutes, le choix devient très difficilement compréhensible.
Au final, les Gones reprennent confiance et s'imposent deux buts à un dans un match que l'OM n'a pas su maîtriser. Les exemples sont tellement nombreux qu'il faudrait presque en faire un article à part en entière, mais ce match est symptomatique des changements de système du coach argentin.
4. La dynamique inquiétante de l’OM en 2022
Les Phocéens sont certes deuxièmes du classement de Ligue 1, mais depuis le début de l'année 2022, la dynamique sportive est inquiétante. Sur neuf rencontres toutes compétitions confondues, l'OM compte tout de même six victoires, un seul match nul et deux défaites.
Vu de cet angle, on peut se dire que le bilan n'est pas si mauvais que ça, mais quand on y regarde de plus près, des inquiétudes commencent à naître. Dans les six victoires de l'OM, une seule l'a été contre une équipe du haut de tableau (RC Lens). Le reste, sont des victoires contre des clubs mal classées (Metz, Angers, Bordeaux, Montpellier) ou en Coupe de France face à un club de N3 (Champigny).
Ce qui inquiète aussi, ce sont ces deux défaites et ce match nul face aux seules équipes du haut de tableau que l'OM avait à affronter. D'abord la défaite face à l'Olympique Lyonnais où les Phocéens ont montré un cruel manque de caractère après avoir ouvert le score (2-1 score final), puis celle face à Nice en Coupe de France.
Ce revers quatre buts à un à fait très mal au moral du côté du vieux port, surtout quand le club annonçait que la Coupe de France était un objectif à atteindre cette saison. Le match nul face à Lille pourtant réduit à 10 (1-1) ne fait que conforter cette dynamique curieuse.
5. Une communication critiquée
Les supporters phocéens se lassent des explications données par Jorge Sampaoli en zone mixte après les matchs de l'OM. L'incompréhension règne autour de ce qu'il fait, et de pourquoi il le fait, ce qui n'arrange rien aux points cités précédemment. L'Argentin donne le sentiment aux fans de ne jamais admettre ses tords, ou quand il le fait, son discours est souvent biaisé.
"On essaye de prendre les meilleures décisions, parfois ça marche, parfois non. Si jamais on avait remporté ce match, l’analyse aurait été différente", avait retorqué le coach après la défaite face à Nice en Coupe de France. Alors que certains fans s'attendaient plutôt à des explications tactiques qui justifieraient le fait d'avoir mis Valentin Rongier en milieu défensif à la place de Mattéo Guendouzi par exemple.