Opinion : L'Atlético de Madrid comme à ses plus grandes heures
- L'Atlético de Madrid s'est qualifié pour les quarts de finale de Ligue des Champions
- Les Madrilènes ont éliminé l'Inter au terme d'une double confrontation épique
- Antoine Griezmann a brillé pour son retour
Par Quentin Gesp
Victorieux de l'Inter Milan après une double confrontation immense, l'Atlético de Madrid a retrouvé son ADN le temps d'une soirée européenne grandiose. Opinion.
Il est des soirées figées dans le temps, où le football rappelle parfois son aspect magique, unique. Avant même le coup d'envoi des huitièmes de finale de Ligue des Champions, tous les regards étaient tournés vers une affiche : Inter Milan - Atlético de Madrid.
Combat entre deux clubs à l'identité très forte et aux idées de jeu bien définies, cette confrontation s'annonçait épique. Elle l'aura été. Si la manche aller s'est muée en une véritable bataille tactique qui aura finalement tourné en la faveur du pensionnaire de Serie A, le score (1-0), laissait présager d'un match retour homérique.
Mercredi au Wanda Metropolitano, supporters comme simples spectateurs et amoureux du football se seront régalés. Car l'Atlético a (re)sorti son habit de lumière. Celui-là même qui était le sien dix ans plus tôt.
RETROUVEZ LES DERNIÈRES ACTUS AUTOUR DE LA LIGUE DES CHAMPIONS, LES RUMEURS DE TRANSFERTS ET LES DERNIÈRES NEWS
L'Atlético, au courage et au coeur
Comme un véritable voyage dans le temps, Diego Simeone a trouvé la clé pour venir à bout d'un Inter pourtant sûr de sa force, invincible en 2024, finaliste de la dernière édition et qui avait pourtant ouvert la marque (Dimarco, 33e).
Fidèle aux paroles de l'hymne du club, c'est par son courage et son coeur que l'Atlético a fait déjouer son adversaire. "Moi je vais au Manzanares, au stade Vicente Caldéron, d'où arrivent par milliers, ceux qui airment du football d'émotion. Parce qu'ils luttent comme des frères, défendant leurs couleurs, avec un jeu noble et sain, en y mettant du courage et du coeur."
La meilleure définition sans doute de l'identité de jeu madrilène. L'Atlético s'est mué en chevalier Bayard le temps d'une soirée, pour bouter hors de la Ligue des Champions son adversaire italien.
Griezmann, Monsieur football
Pour y parvenir, l'Atlético s'est reconstruit autour d'un axe fort : sa défense. Sans jamais abandonner son football, le club espagnol est revenu aux fondamentaux de Diego Simeone : le Cholismo. Un axe défensif fort et un jeu de transitions maîtrisé à la perfection. Avec en fer de lance un axe Witsel - Savic (68 ans à eux deux), épaulé par la grinta et l'envie d'un Rodrigo De Paul toujours aussi agressif et brûlant de passion.
La passion, c'est aussi cela qui a animé l'entame des Colchoneros. Dans l'arène du Nord-est de la capitale espagnole, les gladiateurs étaient de sortie. Euphorisés par l'ambiance électrisante du Wanda Metropolitano, Antoine Griezmann et ses coéquipiers ont été portés par bien davantage que leurs simples qualités techniques. Ils étaient animés d'une rage de vaincre, d'une volonté de fer d'écrire une nouvelle page de leur histoire.
S'il n'en portrait pas le brassard, le Français avait bien des allures de capitaine. Rayonnant balle au pied, si intelligent dans ses déplacements, il a été récompensé par le but égalisateur (1-1, 35e). Mais "Grizou", c'est bien qu'un but. Il est la quintessence du football. Tout juste de retour de blessure, l'attaquant de l'équipe de France aura disputé pas moins de 106 minutes de jeu. Près de deux heures d'efforts constants, de sens du sacrifice pour le bien du collectif, de tacles rageurs. Si l'équipe est son moteur, la gagne, elle, son ADN.
Le Cholismo n'est pas mort
Chef d'orchestre de toute cette organisation tactique, Diego Simeone a lui aussi vécu une soirée rappelant les plus grandes heures de son Atlético. Vivement critiqué pour son style trop défensif, qui ne se réinventait pas ces dernières saisons, l'Argentin a travaillé. Beaucoup. Il est revenu l'été dernier avec des idées nouvelles, l'envie de prouver que "le Cholismo n'est pas mort". "Le rôle d'un manager, comme celui d'un professeur, est d'inspirer les gens à être meilleurs", a dit Sir Alex Ferguson. Diego Simeone l'a appliqué ce jeudi. Pas un joueur n'a failli.
Plus offensif, plus efficace, plus séduisant, le style Simeone a retrouvé de sa splendeur. En Liga, certes, son équipe manque encore de régularité et ses performances inégales en attestent. Mais cette double confrontation prouve bien le changement de visage de cet Atlético. Celui capable de déplacer des montagnes. Celui qui n'abdique jamais. Celui qui est à éviter pour tout adversaire. Le poil à gratter européen est de retour.
C'est en sortant Lino (71e), puis Molina et Morata (79e) que l'homme fort de l'Atlético de Madrid a trouvé la clé. En faisant entrer Riquelme, Barrios et Depay, Simeone a tout changé. Et gagné sa bataille tactique face à Inzaghi. Plus direct, plus en jambes et surtout plus efficace, l'Atlético de Madrid s'est offert la victoire (2-1, 87e), synonyme de prolongation. Avec un brin de réussite supplémentaire, les Madrilènes auraient même pu s'éviter ces 30 minutes supplémentaires et une séance de tirs au but. Car Depay (85e) puis Riquelme (90e+3) ont eu les occasions. Depay frappera même le montant en début de prolongation (97e).
Simeone aura également offert en bord terrain quelques-unes des scènes dont lui seul à le secret, s'allongeant sur la pelouse après le manqué de Riquelme, ou pleurant de jeu au terme de cette double confrontation exceptionnelle.
Le grand Atlético de retour
L'histoire était sans doute plus belle ainsi. Il fallait en passer par une séance de penalties en fin de rencontre pour rendre la soirée encore plus magique pour les Espagnols. Au coeur de la prestation collective aboutie du club de Liga, un homme n'avait pas encore eu l'occasion de rappeler, lui aussi, sa grandeur. Jan Oblak.
Le portier slovène le fera à cette occasion. Immense sur sa ligne, il sauvera deux tentatives italiennes, avant de voir Lautaro Martinez se manquer complètement lors du tir au but décisif. Une performance singulière témoignant du retour au premier plan de l'Atlético de Madrid.
"Seul est digne de la vie celui qui chaque jour part pour elle au combat.” Le précepte de Goethe a trouvé résonance à l'Atlético.
Formé au Stade Lavallois et passé par l'Olympique Lyonnais, Oumar Solet a rejoint, en 2020, l'ambitieux Red Bull Salzbourg. Pilier de la défense du champion d'Autriche, il s'est confié en exclusivité pour 90min. Il évoque son parcours, ses rêves de grand club, de football international et l'Euro 2024, où l'équipe de France croisera le fer avec son pays d'adoption, l'Autriche.
Abonnez-vous à notre chaîne Youtube !