Patrice Evra évoque le racisme dans le monde du football
Par Jean Dubas
L'ancien international français et ex-joueur de Manchester United a fait le point sur le racisme dans le football et en France.
Dans son livre intitulé "I love this game", à paraître le 13 janvier 2022, Patrice Evra évoque longuement dans un chapitre la perception raciste d'une partie de la France à l'égard de la sélection nationale. Interrogé à ce sujet dans la matinale de France Inter, ce mardi, l'ex-international français est d'abord revenu sur ses premières mauvaises expériences, très jeune.
"C’était incroyable. J’avais 17 ans, je sortais du quartier. J’arrive en Sicile et puis je vois un monsieur avec son fils, qui n’arrêtent pas de me regarder. Je me dis: 'attends, je ne peux pas être déjà connu', il me demande de faire une photo. Et puis après la photo, le petit commence à toucher mon bras, il ne comprenait pas, il pensait que j’étais sale. Il n’avait jamais vu un noir. Parfois, c’est de l’ignorance. Quand j’avais 17 ans on me jetait des bananes, mais j’étais encore plus fort sur le terrain."
Une double perception de l'équipe de France
L'ancien latéral gauche de l'Equipe de France est ensuite revenu sur le cas de son pays, où il dénonce une certaine double perception de la sélection nationale.
"Je n’ai jamais été dupe d’une façon dont l’opinion publique nous percevait, nous autres joueurs. Quand on gagnait, on était cette belle équipe black blanc beur symbole de l’unité nationale, et quand on perdait on redevenait les immigrés qui foutent le bordel." écrit Patrice Evra dans son livre, déjà paru au Royaume-Uni.
L'ancien joueur de Manchester United est notamment revenu sur ce passage et sur la discussion qu'il a eue avec Noël Le Graët, président de la FFF, après le dérapage de ce dernier, minimisant le racisme dans le football.
"Ce n’est pas qu’en France, on l’a vu aussi lors du dernier Euro en Angleterre. C’est dans le monde du football, il ne faut pas pointer du doigt la France, mais c’est comme ça que ça se passe. Quand Le Graët a dérapé en disant que le racisme n'existait pas quand un black marque, tout le monde se lève, je l’ai remis à sa place. Il m’a appelé pour me dire: 'mais Pat je croyais qu’on était amis'. Je lui ai dit: 'président, il faut dire les choses comme elles sont'."