Portrait : Qui est Christopher Nkunku, l'attaquant indispensable de Chelsea jugé trop frêle dans sa jeunesse

De sa révélation parisienne à son explosion à Leipzig, Christopher Nkunku n'a cessé d'impressionner par son aisance technique et sa qualité devant le but. Malheureusement, le natif de la région parisienne a vu sa carrière trop souvent freinée par de graves blessures. Pourtant, on ne peut s'empêcher de penser qu'il deviendra un jour un incontournable de l'Équipe de France. Après la désillusion du mondial raté en 2022, l'attaquant se tourne vers l'Euro 2024. On part sur les traces de Christopher Nkunku. Portrait.

1. "Rapidité, technique et vision de jeu"

"Quel que soit le poste, j’essaie de faire le geste juste pour faire avancer le jeu. Je n’essaie pas de faire le plus beau geste, mais de faire le geste le plus efficace, dans le bon tempo. Ça peut être, par exemple, une orientation du corps, un contrôle de l’extérieur du pied plutôt que de l’intérieur. Ma perception du jeu, c’est de faire le geste qui fait avancer l’action, qui crée un espace et qui, au bout, va nous faire marquer " confiait Christopher Nkunku dans un entretien accordé à L'Équipe. Force est de constater que la personne qui décrit le mieux le style de jeu de l'attaquant de Chelsea est... l'attaquant de Chelsea lui-même.

À seulement 26 ans, le natif de Lagny-sur-Marne fait partie des rares attaquants qui possèdent toutes les qualités pour évoluer sur tous les fronts du secteur offensif. L'ancien du Paris Saint-Germain est doté d'un palette très étoffée. Norbert Boj, son entraîneur dans la catégorie "benjamins" au club du RCP Fontainebleau résume ses qualités : "Il est rapide, technique et doté d'une bonne vision de jeu." Lors de son passage en Bundesliga, l'international français a aussi renforcé son corps pour devenir un joueur très athlétique. Pour faire simple, Christopher Nkunku est ultra complet. Il est rapide, puissant, sait éliminer par la passe ou le dribble et est même doté d'une redoutable précision devant le but. "Il a une main à la place du pied" ajoutait Laurent Bonadei, son ancien entraîneur au centre de formation du PSG, dans les colonnes d'Eurosport.

Toutes ses qualités font que le droitier peut évoluer en tant que meneur de jeu, numéro 9 et même ailier. Mais, c'est sans doute dans l'axe du jeu qu'il s'épanouit le plus. Christopher Nkunku est un vrai catalyseur. La plupart de ses gestes vont dans le sens du jeu et il est capable de casser des lignes par le dribble ou sa grande qualité de passe. Avec son petit gabarit d'1m77, le Français sait tout faire et bonifie les déplacements de ses coéquipiers. Tous ses atouts ont permis à Nkunku de finir quatrième joueur le plus décisif d'Europe lors de la saison 2021/2022 avec Leipzig, lors de laquelle il a inscrit 34 buts et délivré 16 passes décisives.

2. Jeune, il était en retard athlétiquement

Si Christopher Nkunku s'initie au ballon rond à Marolles-sur-Seine, c'est au RCP Fontainebleau que son talent commence à exploser aux yeux de tous. Alors qu'il évolue en benjamins, celui qu'on appelle souvent Christo est repéré par plusieurs clubs dont Le Havre, le RC Lens et l'AS Monaco. Mais, les essais ne sont pas concluants et les trois équipes ne le retiennent pas, notamment en raison de son retard athlétique. Finalement, celui qui a grandi en région parisienne signe au Paris Saint-Germain afin de pouvoir suivre sa formation de deux ans dans le prestigieux INF Clairefontaine. Après ces deux années, Christopher Nkunku intègre définitivement le centre de formation du PSG.

Sa carrière commence ici pourtant, rien n'a été facile, en particulier au début. Malgré des qualités au-dessus de la moyenne ballon au pied, le jeune joueur a dû batailler pour se faire sa place de titulaire, et ce dès les équipes jeunes. "Au début, il n’était pas titulaire. Il a mis du temps à se développer physiquement, il était plus petit que les autres" se rappelait Nathan Épaillard, qui l'a côtoyé des U14 à l'équipe réserve du PSG. Ce passage douloureux, Christopher Nkunku l'a surmonté à force de travail.

"J’ai toujours eu un retard de croissance depuis la préformation confiait-il à Onze Mondial. Quand je suis arrivé au PSG, il y avait un gros écart entre les autres et moi. Après, j’ai commencé à rattraper les autres, mais je restais toujours frêle. J’ai dû compléter avec des exercices de renforcement comme le gainage, les abdos ou parfois aller à la salle et pousser un peu. Ça ne me ressemble pas trop, mais il le fallait et j’ai dû le faire." Malgré une aisance technique hors du commun, rien n'était acquis pour le Français qui a tout donné pour basculer dans le monde professionnel. Mais, ses efforts n'allaient pas tarder à payer puisqu'en 2015, Christopher Nkunku bascule dans le monde professionnel.

3. Son anecdote avec Zlatan à l'entraînement

Lors de la saison 2015/2016, Laurent Blanc intègre Christopher Nkunku dans le groupe A du PSG. Le 8 décembre 2015, le technicien français lance son protégé dans le grand bain puisqu'il dispute ses premières minutes chez les professionnels en Ligue des Champions contre le Shakhtar Donetsk. À peine deux semaines plus tard, le natif de Lagny-sur-Marne signe son premier contrat pro. Alors qu'il a seulement 18 ans, la carrière de Christopher Nkunku commence à décoller et le titi commence à se faire un nom dans un vestiaire qui ne manque pas de caractère. Pour sa première année dans la cour des grands, il côtoie des joueurs comme Marco Verratti, Edinson Cavani, Lucas Moura ou encore un certain Zlatan Ibrahimovic.

D'ailleurs sa présence aux côtés de sa majesté Zlatan nous délivre une anecdote hilarante que l'ancien parisien racontait à L'Équipe : "Un jour, c'était ma première année en pro. On se faisait une petite opposition de veille de match, il y avait 1-1, il restait quelques secondes à jouer. Je voulais mettre une diagonale mais elle est partie directement sur l'adversaire. C'était Edi (Cavani, NDLR.). Il a mis la tête et but. On a perdu. Le lendemain, Ibra m'appelle et me dit droit dans les yeux : "Hier, j'ai perdu." Je ne savais pas trop quoi lui répondre. Il était sérieux, mais il rigolait, mais c'était sérieux. Il m'a fait comprendre que c'était la première et dernière fois qu'il perdait un match. Derrière, Blaise (Matuidi, NDLR.) est venu me voir en me disant : "Voilà, maintenant, tu connais l'exigence de nos entraînements. Ici, on ne perd pas" . On ne rigole pas avec le géant suédois.

4. Un tremplin outre-Rhin

"Je rêvais d'être un jour capitaine du PSG" confiait Christopher Nkunku dans les colonnes de France Football en 2020. Pourtant, quatre saisons passent mais ni Laurent Blanc, ni Unai Emery, ni Thomas Tuchel ne font véritablement confiance au jeune parisien. Malgré des performances encourageantes, Chris est confronté à la concurrence de grands joueurs comme Angel Di Maria, Neymar et Kylian Mbappé. Jamais, il n'est parvenu à gagner une place de titulaire. Cet échec, le titi l'a vécu comme une injustice. C'est ce qu'expliquait son ancien coéquipier Nathan Épaillard : " Quand il était titulaire, il était toujours bon, il se montrait décisif. Il était un peu déçu parce qu’il trouvait qu’il n’était pas estimé à sa juste valeur."

Comme beaucoup, c'est de l'autre côté du Rhin que Christopher Nkunku décide de s'aguerrir. En 2019, il rejoint le très ambitieux RB Leipzig, en quête de temps de jeu.

Dans la Saxe, son intégration est grandement facilitée par la présence de trois autres jeunes français, Dayot Upamecano, Ibrahima Konaté et Nordi Mukiele. Son entraîneur Julian Nagelsmann gère parfaitement son adaptation et l'incorpore petit à petit à son XI de départ. Lors du mercato, le technicien allemand n'avait pas hésité à mettre la pression à ses dirigeants pour s'attacher les services de la pépite française. Et, elle ne tardera pas à lui donner raison puisque dès son premier match sous les couleurs de Leipzig, Christo marque seulement quatre minutes après son entrée en jeu. Julian Nagelsmann comprend comment tirer le meilleur de son joueur en le positionnant en tant que meneur de jeu, derrière ses deux attaquants. L'adaptation de Christopher Nkunku est expresse et il délivre 15 passes décisives en Bundesliga lors de sa première saison.

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5. Quatrième joueur le plus décisif d'Europe en 2021/2022

L'ascension de Christopher Nkunku semble inéluctable. Pourtant, sa deuxième saison en Bundesliga est relativement moyenne. En 28 rencontres, le Français ne trouve que six fois le chemin des filets et ne donne que sept offrandes. Le génie n'allait pas tarder à se réveiller.

Lors de la saison 2021/2022, Christopher Nkunku arrive à maturité à 24 ans et devient incontournable dans son équipe. Jesse Marsch en fait son maître à jouer. Mais, au départ, l'international a du mal à s'adapter au style de jeu de son nouvel entraîneur américain. Il n'est pas décisif lors des cinq premières rencontres. Ce n'est que le calme avant la tempête. La tornade Nkunku n'allait pas tarder à déferler sur les défenses allemandes. En pleine forme physiquement, le titi parisien dispute la totalité des matchs du RB Leipzig. Le 25 septembre 2021, le chef d'orchestre débloque son compteur en marquant un doublé et en délivrant deux passes décisives face au Herta Berlin. Aux côtés d'André Silva, Christo dispose de liberté et peut montrer l'étendue de son talent. En décembre, Dominico Tedesco prend la place de Jesse Marsch sur le banc de touche. Le changement d'entraîneur ne freine pas le maestro. L'Italo-Allemand confie lui aussi les clés du camion au Français. Aucune équipe n'arrive à résoudre l'équation et à brider le droitier. Cette année-là, Christopher Nkunku marque 34 buts, soit plus que dans toute sa carrière auparavant. Son entraîneur est conquis, conscient de l'importance de son protégé : "Quand Nkunku prend du plaisir, toute l'équipe en prend."

Mieux, l'ancien du PSG est décisif dans les grands rendez-vous. Lors de la finale de coupe d'Allemagne, c'est lui qui égalise contre Fribourg pour amener son équipe aux tirs au but. Il permet au RB Leipzig de remporter pour la première fois ce prestigieux trophée. Bilan des courses, le numéro 18 achève sa saison avec 34 buts et 16 passes décisives, faisant de lui le quatrième joueur le plus décisif d'Europe derrière Karim Benzema, Kylian Mbappé et Robert Lewandowski, excusez du peu. Point d'orgue de cette saison titanesque, Christopher Nkunku est élu meilleur joueur de Bundesliga.

6. 2022 : de la première sélection à la déception de la Coupe du Monde 2022 ratée

Comme une évidence, le virtuose de Leipzig connaît sa première sélection en mars 2022 et Didier Deschamps avoue même qu'il aurait pu le convoquer plus tôt. Qu'importe, la consécration est là. Le sélectionneur sait déjà comment il va utiliser son nouvel atout offensif. Il explique : "Aujourd’hui, il est plus axial, presque deuxième attaquant. Avec Leipzig, il a beaucoup de liberté, il est aujourd’hui plus proche du but et avec nous, il sera utilisé dans ce secteur-là." Lors de ses deux premières apparitions, il ne se met pas vraiment en évidence. Au mois de juin 2022, il se montre décisif pour la première fois chez les Bleus en délivrant deux passes décisives.

La saison 2022/2023 arrive et Christopher Nkunu ne baisse pas en régime. Il démarre ce nouvel exercice tambour battant. L'attaquant est ultra décisif avec le RB Leipzig. Les fans de l'Équipe de France se languissent. La perspective d'une association Mbappé-Benzema-Nkunku fait saliver autant qu'elle fait trembler les défenses du monde entier. Ça tombe bien, les trois stars qui font partie des cinq joueurs européens les plus décisifs, arrivent en pleine forme à quelques encablures du début de la Coupe du monde 2022. Mais là, c'est le drame. Seulement quelques jours avant de s'envoler pour le pays du Golfe, Christopher Nkunku se blesse à l'entraînement lors d'un choc avec Eduardo Camavinga à Clairefontaine. La sentence est dure, les regrets éternels. L'international souffre d'une déchirure du ligament externe du genou et doit déclarer forfait. Didier Deschamps lui-même semble touché par son absence et prononce des mots forts : " Tout le groupe pense bien sûr très fort à lui. On a pu voir son immense déception hier. Ceux qui sont là ont le sourire et le privilège de faire ce vol pour la Coupe du monde. On sait très bien qu'ils sont à fond derrière nous. L'ensemble du groupe, et moi le premier, je penserai très fort à lui."

Depuis ce triste évènement, le joueur de Chelsea a enchaîné les blessures et n'a connu que deux caps de plus avec l'Équipe de France. En dix sélections, le natif de Lagny-sur-Marne n'a pas marqué un seul but. Mais, à seulement 26 ans, Christopher Nkunku n'a pas dit adieu aux Bleus. Même si l'histoire a pour l'instant un goût amer d'inachevé, elle reste pleine de promesses pour l'avenir.

7. Le blues chez les Blues

Durant sa dernière saison à Leipzig, Christopher Nkunku connaît ses premières blessures, comme un mauvais présage. Avant de partir d'Allemagne, le Français laisse un magnifique cadeau d'adieu aux supporters. Pour son dernier match, c'est encore lui qui débloque la situation contre Francfort (2-0 ) et offre un deuxième sacre au Roten Bullen en coupe d'Allemagne. La boucle est bouclée

Le Bleu arrive chez les Blues de Chelsea en 2023, pour 60M€ et avec un nouveau statut sur les épaules. Il a changé de dimension. Mais, la mission est périlleuse. Chelsea est malade, le projet bancale et le nouveau propriétaire s'engage dans une frénésie consumériste qui n'a pas vraiment de sens. Les fans attendent beaucoup de l'international français et la présaison laisse place à un immense enthousiasme. L'ancien de Leipzig continue sur sa lancée. Son association avec Nicolas Jackson et Mykhailo Mudryk est prometteuse. Le catalyseur fait ce qu'on attend de lui : il fluidifie l'attaque des Blues, marque et fait marquer. Malheureusement, les débuts rêvés tournent au cauchemar. Lors d'un match de préparation face à Dortmund, il sort après seulement 20 minutes de jeu, gravement touché au genou. La sentence est terrible, le numéro 18 ne pourra pas jouer jusqu'au mois de décembre.

Depuis l'infirmerie, Christopher Nkunku voit son équipe plonger dans les tréfonds de la Premier League. Pourtant, en guise de cadeau de Noël, les supporters des Blues voient le Français revenir à la compétition. Le 24 décembre, Christo dispute ses trente premières minutes avec sa nouvelle équipe. Même s'il ne peut empêcher la défaite de son équipe face aux Wolves, il donne de l'espoir à tout un peuple en marquant son premier but sous ses nouvelles couleurs. L' espoir est de courte durée. Quinze jours plus tard, le titi se blesse à la hanche et loupera trois semaines supplémentaires. Une nouvelle fois, il signe son retour en marquant face à Liverpool. Là encore, ce beau présage est éphémère. Comme pris dans un cercle vicieux, c'est sa cuisse qui le lâche quelques jours plus tard. "Hier, nous avons appris que Nkunku s’était blessé, annonce un Mauricio Pochettino résigné, presque abattu en conférence de presse. Nous ne savons pas quand ni comment, il y a trop de circonstances. Nous l’avons observé en présaison : il était redoutable sur le terrain, jusqu’à ce qu’il ait ce problème au genou. Cela fait maintenant près de huit mois. Nous avons en tête le meilleur Nkunku que tout le monde a connu en Allemagne, mais ce n’est pas le même joueur."

C'est une saison frustrante pour le peuple Blues, mais encore plus pour Christopher Nkunku. Telle une promesse pour l'avenir, le meneur de jeu laisse entrevoir une partie de son talent avant de repartir à l'infirmerie, à chaque fois qu'il revient sur les pelouses. Alors qu'il n'avait jamais été blessé lors de ses quatre premières saisons au haut niveau, le Français a loupé 48 matchs depuis la Coupe du Monde 2022, comme si son corps le lâchait après l'avoir forgé des années durant. Désormais, Christopher Nkunku entame une course contre la montre. À trois petits mois du début de l'Euro 2024, il espère revenir en forme pour disputer sa première grande compétition internationale.

De l'AS Cannes jusqu'aux sommets de la Serie A, en passant par l'équipe de France, Sébastien Frey s'est livré au micro d'Elvin de Fazio et de 90min au cours d'un long entretien où il retrace sa carrière, évoque les légendes qu'il côtoyé ou affronté, de Roberto Baggio à Gianluigi Buffon, en passant par Zlatan Ibrahimovic, Francesco Totti ou Alessandro Del Piero, sans oublier le légendaire Ronaldo.

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