Portrait : Qui est Jonathan Clauss, le latéral droit de l’équipe de France ?

Il n'a découvert la Ligue 1 qu'à 28 ans, pourtant, Jonathan Clauss s'est très rapidement mis au niveau, au point de devenir l'un des meilleurs latéraux du pays. Défenseur, piston et parfois attaquant, le numéro 7 de l'Olympique de Marseille a conquis les supporters du Vélodrome en seulement une saison, en devenant l'une des clés de voûte de l'effectif d'Igor Tudor.

Aujourd'hui au cœur d'une polémique liée à son comportement, Jonathan Clauss demeure l'option numéro 1 de Didier Deschamps pour occuper le couloir droit à l'Euro 2024. Mais qui est donc Jonathan Clauss, le défenseur titulaire de l'équipe de France qui n'a connu le football professionnel que très tardivement ? Portrait.

1. Jonathan Clauss, l'homme du couloir droit

Jonathan Clauss est plus ou moins un inclassable dans un plan de jeu classique. Défenseur, latéral, piston, attaquant... tellement d'étiquettes que lui-même ne sait pas dire quel poste le définit réellement. En attendant, c'est bien sûr le couloir droit que l'Alsacien a élu domicile. Doté du numéro 11 à Bollaert, Jonathan Clauss est un fervent adepte du 3-5-2, formation dans laquelle il peut véritablement s'épanouir.

Son style de jeu est basé sur le rythme, et le rôle de piston est sûrement celui qui lui correspond le mieux. Très rapide, remonter le terrain en quelques secondes n'est pas un problème pour lui, que ce soit vers le haut comme vers le bas. Sa préparation physique couplée à une excellente génétique de footballeur lui a appris au gré des saisons à être crucial dans ses interventions défensives et peut aujourd'hui se retrouver dans une défense à quatre comme en équipe de France.

Mais Jonathan Clauss ne peut pas se contenter de rester derrière. Il joue un football total lui apportant de la liberté sur la pelouse afin d'étendre sa vision de jeu. En équipe de France, Clauss est un expert du dédoublement et a beaucoup d'opportunités dans un effectif aussi complet que celui des Bleus. En club, il occupe l'intégralité de l'aile, mais repique parfois dans l'axe pour récupérer des ballons précieux. Balle au pied, il n'a que très peu de déchet et son pied droit a délivré de nombreux caviars dans les surfaces adverses.

2. Formé à Strasbourg avant un long parcours en amateur

Sa carrière est plus ou moins atypique, car oui, Jonathan Clauss a davantage connu l'amateurisme que le football professionnel. Pourtant formé au RC Strasbourg pendant près de 10 ans, le club alsacien l'a finalement lâché au moment le plus crucial. Jugé trop juste, un peu désinvolte et pas assez conscient du monde professionnel, Jonathan Clauss laisse filer son rêve de rallier l'équipe première.

Dans une interview, le latéral droit raconte qu'à ce moment-là de sa carrière "le foot devient vraiment secondaire". Toujours animé par la passion, le rêve d'un contrat pro en moins, il s'engage à l’Association sportive Pierrots-Vauban de Strasbourg (National 3), et enchaîne les petits boulots en parallèle. Si l'envie de raccrocher les crampons lui a déjà traversé l'esprit, Jonathan Clauss est incapable de rompre sa relation avec le football. Trois ans plus tard, en 2013, il s'en va chez ses voisins allemands, au SV Linx (6e division) à une centaine de kilomètres de Strasbourg, pendant deux ans.

Il revient finalement en France deux ans plus tard, à l'US Raon-l'Étape (National 3), avant de finalement monter en grade en 2016, lorsqu'il s'engage à l'US Avranches, pensionnaire de National. Et c'est ici que l'épopée Clauss va véritablement commencer.

3. L'explosion

Durant sa saison 2016-2017, dans les rangs de l'US Avranches, Jonathan Clauss et son club s'offrent un très beau parcours en Coupe de France. En 32ᵉ de finale, les Normands tirent Laval à domicile. C'est ici que l'histoire du latéral droit commence son premier chapitre.

Alors qu'Avranches se rapproche d'une qualification en 16ᵉ de finale en menant 2-1 à la 76ᵉ, Jonathan Clauss est lancé à vive allure sur le couloir droit. Il élimine un défenseur, puis le gardien, puis à nouveau un défenseur avant de loger le ballon au fond des filets, synonyme de qualification. Le défenseur n'y croyait pas lui-même. Cette action a fait le tour des réseaux sociaux, permettant enfin de mettre Jonathan Clauss au centre de l'attention. L'équipe de National s'imposera par ailleurs face à Strasbourg en 16ᵉ avant de chuter 4-0 en 8ᵉ face au PSG.

Ses performances en National le conduisent à signer son premier contrat professionnel en Ligue 2, à l’US Quevilly-Rouen pour la saison 2017-2018. Alors âgé de 24 ans, Jonathan Clauss découvre enfin le football de haut niveau. À l'issue de son contrat (un an), le club est finalement relégué et Clauss repart à nouveau pour l'Allemagne, à l'Arminia Bielefeld, en deuxième division allemande. Malgré ses petits retards à l'entraînement, Jonathan Clauss explose dans son nouveau club. Et lors de sa deuxième et dernière année à Bielefeld, Jonathan Clauss participe activement à la remontée du club en Bundesliga, sacré champion avec 10 longueurs d'avance sur Stuttgart.

4. Fer de Lens des Sang et Or

Nous sommes le 1ᵉʳ juillet 2020, Jonathan Clauss a 27 ans et s'apprête à profiter de l'été après son titre. Mais voilà qu'un certain RC Lens lui offre un contrat de trois ans sur un plateau d'argent. Enfin. "Djoninho", comme le surnommaient ses coéquipiers d'Avranches, décroche son billet pour la Ligue 1. Un rêve qu'il avait pourtant complètement abandonné dix ans plus tôt.

Cette fois-ci, Jonathan Clauss n'a pas le droit à l'erreur. Même si la première image qu'il donne de lui est un retard à son tout premier entraînement, il va bel et bien saisir sa chance. Sa première saison dans le haut du panier est un succès. En plus de terminer 7ᵉ, Clauss inscrit 3 buts et délivre 6 passes décisives. La saison suivante ne sera que plus belle.

2021-2022 sera la consécration. Pas moins de 5 buts et 11 passes dé' qui élèvent Jonathan Clauss parmi les latéraux les plus décisifs du "big five". Son profil devient alors pisté par les plus grands cadors européens dès le mercato hivernal tandis que les supporters Sang et Or militent pour le voir en équipe de France. Un signal d'alerte qui a retenti jusqu'à l'oreille de Didier Deschamps.

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5. Première titularisation en Bleu

Le 17 mars 2022 dans les vestiaires de Bollaert, les Sang et Or sont scotchés devant l'écran, attendant avec impatience la liste de "DD" pour les deux prochaines échéances amicales, face à la Côte d'Ivoire puis l'Afrique du Sud. Jonathan Clauss est, lui aussi, les yeux rivés sur le sélectionneur derrière la télé, quand vient alors. "Défenseurs... Jonathan Clauss". Seulement trois mots auront suffi pour retourner le vestiaire et le cerveau du défenseur au passage.

Quelques jours plus tard, à son arrivée devant les célèbres marches du château de Clairefontaine, "Djoninho" a du mal à trouver les mots justes. "Alors c'est ça ? J'imaginais un peu différemment (rires). Ouah.. je suis comme un enfant, désolé, mais je n'ai pas de mots pour décrire ce qu'il se passe", lâche-t-il devant la horde de journalistes avant de rejoindre ses coéquipiers.

Jonathan Clauss débute officiellement en Bleu, 2 petites minutes face à la Côte d'Ivoire avant de figurer dans le XI de départ contre l'Afrique du Sud, à Lille. Lensois à l'époque, les supporters du LOSC lui réservent un accueil amer, avec un tag de mauvais goût sur son portrait devant le Stade Pierre-Mauroy. À son entrée sur la pelouse le soir-même, le public donne le ton et les sifflets recouvrent entièrement les chants. Et dès lors qu'il touchait la balle, les sifflements repartaient de plus belle. De quoi troubler le "petit nouveau" de 29 ans pour sa première titularisation.

Au fil de la rencontre, le latéral droit prend ses marques et oublie son environnement. Passes, dribbles, courses puis grosse volée dans les bras du gardien. Avant de continuer le récital en seconde période. Petit à petit, les sifflets disparaissent au profit des applaudissements. Remplacé à la 88ᵉ par Christopher Nkunku, lui aussi pour sa première, Jonathan Clauss reçoit, par miracle, l'ovation du public.

6. Un accueil en grande pompe au Vélodrome

À l'approche de la fin de saison 2021-2022, Jonathan Clauss est l'un des meilleurs joueurs de couloir du championnat. Ses performances attirent les convoitises de nombreuses écuries lors du mercato estival et notamment celles de l'Olympique de Marseille qui accueille l'Alsacien pour 7,5 millions d'euros. Engagé jusqu'en 2025, Jonathan Clauss se lance un nouveau défi dans sa carrière aux côtés d'un club emblématique de la Ligue 1.

À presque 30 ans, il réalise un début de saison flamboyant sous les ordres d'Igor Tudor. Le 3-5-2 du technicien croate permet au piston droit de s'épanouir dans son système préférentiel. En 42 matches toutes compétitions confondues, Clauss a définitivement élevé le niveau dans la cité phocéenne. Il termine l'année avec un total de 2 buts pour 12 passes décisives et le titre de deuxième meilleur passeur de Ligue 1.

L'OM et Jonathan Clauss filent donc le parfait amour et le latéral est devenu l'un des éléments cruciaux de cet effectif. Plus discret en Ligue 1 cette année, il a fortement contribué à la qualification de son club en Ligue Europa avec 1 but et 4 passes dé en 6 matchs de poule.

7. La blessure du Mondial

Nous sommes en fin d'année 2022 et la Coupe du Monde approche à grands pas. Toute la France retient son souffle à l'attente de la liste des 26 retenus qui s'envoleront pour le Qatar pendant un mois. Malgré les dernières sélections un peu décevantes de Jonathan Clauss en équipe de France, couplées du véritable manque à ce poste, il ne fait aucun doute que le nouveau Marseillais figurera dans la liste. D'autant plus après l'annonce d'un nombre incalculable de blessés (Kanté, Pogba, Maignan, Kimpembe, Nkunku...).

Mais ce soir-là au JT de 20 heures sur TF1, Didier Deschamps termine sa liste sans jamais prononcer le nom de Jonathan Clauss. On raconte même que les caméras de Téléfoot étaient chez lui au même moment. Douche froide pour "Djoninho", son rêve ultime de participer à une compétition internationale s'échappe devant ses yeux. Et pour remuer le couteau dans la plaie, Clauss apparaissait systématiquement dans une publicité alimentaire avec une partie de l'équipe de France, à chaque mi-temps du Mondial.

Si aujourd'hui il affirme que la déception est digérée, le latéral droit a passé une fin d'année 2022 très difficile : "Comment j’ai réussi à me remobiliser après cet échec ? Je m’enfermais dans d’autres mondes. La pêche, la PlayStation. Il fallait vraiment que je coupe du foot", avait-il confié sur le plateau du Canal Football Club.

Le joueur a fait de la pêche un véritable exutoire : "Je vais à la pêche avec mon cousin ou tout seul. On ne parle pas de foot, on parle pêche, et au pire on ne parle pas. Et parfois, ce n’est pas plus mal. On a chacun nos téléphones dans la voiture. Il faut s’évader. La pêche pour moi, c’est le meilleur remède du monde", poursuivait Jonathan Clauss.

8. La renaissance

La pêche a bien tenu ses promesses puisque Didier Deschamps lui renouvelle finalement sa confiance, en octobre 2023, durant la campagne de qualification à l'Euro 2024. Alors qu'on ne l'attendait plus, il est sélectionné pour les quatre prochaines échéances face aux Pays-Bas, l'Écosse (en amical), Gibraltar et la Grèce.

Titulaire face aux Oranje (2-1), Jonathan Clauss est méconnaissable. Le Marseillais se lie d'une complicité sans pareille avec son capitaine Kylian Mbappé. Pourtant, rivaux en championnat, leur connexion nationale se révèle être un véritable danger pour la défense hollandaise. Dès la 7ᵉ minute, Clauss lui offre un véritable caviar qu'il transforme d'une superbe reprise de volée. Sur les réseaux sociaux, Jonathan Clauss recevra même quelques louanges des supporters parisiens, tous ébahis face à ses performances.

Un mois plus tard, il est de nouveau aligné au Stade de France face à Gibraltar (14-0). Alors que ses compatriotes livrent un véritable spectacle devant leur public, Jonathan Clauss participe à la punition en inscrivant le 5e but des Bleus et son tout premier en sélection par la même occasion. Le latéral est auteur d'une frappe puissante et limpide en dehors de la surface qui vient se loger dans le petit filet des Gibraltariens, impuissants. Il révèlera quelques jours plus tard que ce but était "la plus grande émotion de sa carrière".

De son côté, Didier Deschamps lui a déclaré sa flamme. Tous deux invités de Téléfoot après le revers infligé à Gibraltar, le sélectionneur de l'équipe depuis maintenant 12 ans affirme qu'il lui apporte "une pleine satisfaction" sur le côté droit. Puis vient la question tant attendue : "Didier, il est bien parti pour y aller à l'Euro Jonathan ?". Pas une seconde d'hésitation, "DD" hoche la tête accompagné d'un "oui" très franc. Assis à côté, Jonathan Clauss a difficilement réussi à cacher son sourire.

9. Polémiques sous fond d'Euro 2024

Toutes les étoiles sont donc alignées pour Jonathan Clauss. Une confiance retrouvée en équipe de France, un niveau de jeu qui le classe parmi les meilleurs latéraux du pays et un billet pour l'Euro tout proche d'être composté. Mais voilà qu'à Marseille rien ne va plus... Irréguliers, les hommes de Gennaro Gattuso sont en chute libre dans le classement. Et malheureusement, Clauss participe à la descente aux enfers des siens.

Obsédé par l'Euro, le piston droit de l'OM tient absolument à se préserver. Une situation qui le pousse à demander son remplacement à la mi-temps face à Monaco (2-2), alors gêné au genou. Un détail pourtant anodin qui déclenche finalement une véritable crise à la Commanderie. Quelques jours avant la fin du mercato, les dirigeants du club le placent en urgence sur le marché des transferts et ainsi le feuilleton Clauss commença.

Si Marseille n'a pas trouvé preneur en seulement deux jours, Mehdi Benatia a fait savoir son mécontentement. D'après les révélations de L'Équipe, le nouveau coordinateur sportif de l'OM a laissé une note vocale à l'entourage du joueur dans laquelle il assure que Clauss "ne porterait plus jamais le maillot de l'OM" et qu'il ne "jouerait plus de la saison". Mais la situation semble pourtant s'arranger, tandis que le piston a finalement été aligné face à Metz (1-1).

Jonathan Clauss est aujourd'hui le propre acteur de son avenir. Alors que cet Euro 2024 pourrait bien être sa première et dernière compétition internationale, le défenseur de 31 ans doit absolument montrer un visage digne d'un cadre de l'équipe de France. S'il croit encore à une place en Europe à la fin de saison avec Marseille, Jonathan Clauss a un gros poids sur ses épaules. Sûrement observé de très près par Didier Deschamps, il ne reste que quelques mois, avant de connaître la liste du sélectionneur et le sort du latéral droit au passage.

De l'AS Cannes jusqu'aux sommets de la Serie A, en passant par l'équipe de France, Sébastien Frey s'est livré au micro d'Elvin de Fazio et de 90min au cours d'un long entretien où il retrace sa carrière, évoque les légendes qu'il côtoyé ou affronté, de Roberto Baggio à Gianluigi Buffon, en passant par Zlatan Ibrahimovic, Francesco Totti ou Alessandro Del Pierro, sans oublier le légendaire Ronaldo.

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