Portrait : Qui est Khéphren Thuram, le petit dernier d'une prestigieuse famille au prénom de pharaon

Dans la famille Thuram, je demande le petit dernier. Après Lilian et Marcus, c'est Khéphren qui a pointé le bout de son nez en Équipe de France le 24 mars 2023. Promis une succès par bien des aspects, le jeune Niçois est déjà l'un des milieux de terrain les plus fiables de notre Ligue 1 avec déjà 155 apparitions chez les Aiglons. À seulement 22 ans, c'est bien avec les Bleus que le natif d'Italie espère disputer l'Euro 2024. Retour sur l'itinéraire de Khéphren Thuram.

1. Un profil percutant

Si le terme "box to box" a été inventé, c'est sans doute pour les joueurs qui ressemblent à Khéphren Thuram. Le Niçois possède un profil rare que bien des entraîneurs aimeraient avoir dans leur équipe. Il est polyvalent et sa panoplie de passe-partout lui permet de jouer à tous les postes de l'entrejeu. Dans un milieu à deux ou à trois, le puissant droitier peut jouer en tant que meneur de jeu, relayeur ou encore sentinelle. Malgré sa grande taille d'1m92, le natif de Parme est très à l'aise techniquement et c'est balle au pied que son talent se révèle. Il s'avère être un excellent casseur de lignes que ce soit par la passe, mais surtout par la course. Au cours de la saison 2022/2023, L'Équipe révèle que selon Opta, Khephren Thuram a réussi 1,63 dribble par match. Une donnée qui le classe parmi le top 9% des milieux de terrains grands championnats européens. C'est dans sa capacité à percuter que l'Aiglon impressionne. Toujours selon l'institut de statistiques, il a effectué 3,25 possessions qui rapprochent le ballon du but adverse d'au moins 9 mètres par match, faisant de lui un des meilleurs d'Europe dans ce registre.

Vous l'aurez compris, c'est dans le jeu vertical que le fils de Lilian Thuram excelle. Toutefois, à seulement 22 ans, il est encore perfectible et peut progresser dans plusieurs domaines. Dans un premier temps, Khéphren Thuram doit progresser dans son impact défensif et récupérer plus de ballons. Un aspect qui se travaille contrairement à l'aisance ballon au pied dont il dispose déjà. Si ses huit passes décisives ont fait de lui le meilleur passeur niçois la saison dernière, l'international tricolore doit être plus souvent à la conclusion des actions car il dispose de toutes les qualités pour le faire. Enfin, son jeu long n'est pas encore au point.

Nul doute que ses qualités viendront dans les prochaines années, surtout quand on écoute ce que disait son ancien entraîneur Didier Digard au micro de RMC Sport : "Khéphren, il est fantastique. Il est très travailleur, très à l’écoute. Sur les jours de repos, il est au centre d’entraînement. Il fait sa récupération pour enchaîner les matches et les entraînements à haute intensité. Il écoute et met en application. Il bouffe de la vidéo, des séances supplémentaires." Bref, Thuram a tout pour devenir un grand joueur.

2. Il a débuté le foot au FC Barcelone

C'est une anecdote très peu connue du grand public mais Khéphren Thuram n'a pas commencé le football à Monaco, en Italie où il est né, ou même à Neuilly mais bien dans le prestigieux club du FC Barcelone. Et oui, ce n'est pas trop mal comme premier club.

Finalement, c'est plutôt logique. Le cadet de la fratrie naît en 2001, à Parme où évolue son père. Comme tout jeune enfant, il suit son père qui signera dans deux prestigieux clubs. Khéphren sillonne ainsi l'Europe de Turin à Barcelone en 2006, où son père finira sa carrière. Il a alors cinq ans. Dans une interview accordée à la chaîne Youtube Carré, le Niçois raconte comment il est tombé dans le football : "Je ne voyais pas mon père comme un joueur de foot où Lilian Thuram qui a joué à Barcelone ou à la Juve. Je le voyais juste comme mon père qui partait au travail, je l'accompagnais. Son travail c'était d'être joueur de foot, moi je venais avec lui je m'amusais, je jouais au foot donc il m'a inscrit dans mon premier club au FC Barcelone et depuis je n'ai jamais arrêté".

C'est d'ailleurs ici que sa relation particulière avec Thierry Henry débutera. Lors d'un entraînement, les enfants des joueurs sont conviés sur la pelouse et Khéphren tape la balle avec l'ancien Gunner. Une chose finalement tout à fait normale pour lui puisqu'il connaissait déjà le buteur, ami de son père et coéquipier en Équipe de France. Comme le destin fait souvent bien les choses, c'est ce même Thierry Henry qui le lancera dans le grand bain du monde professionnel une dizaine d'année plus tard, et en Ligue des Champions s'il vous plaît. Khéphren prend part à la défaite de son équipe contre l'Altético de Madrid (2-0).

Dès la retraite de son père, la famille Thuram s'installe à Paris et le petit Khéphren s'engage avec le club de Neuilly. Comme dans de nombreuses familles, le cadet s'inspirera de l'aîné pour débuter sa carrière, À ses onze ans, il signe avec l'Athlétic Club Boulogne-Billancourt avant d'être accepté dans le prestigieux INF Clairefontaine, où bien des Français ont débuté leur carrière. Pour lui aussi, c'est ici que tout commence.

3. De Monaco à Nice, il n'y a qu'un pas

Si certains ne parviennent pas à trouver de club après les deux années à Clairefontaine, pour Khéphren Thuram, les choses sont beaucoup plus simples. Alors qu'il entre dans sa deuxième et dernière année de formation dans l'institut, un recruteur de Monaco se rapproche de Lilian Thuram pour lui faire part de la volonté d'engager son deuxième fils. "J'étais emballé par l'idée d'aller à Monaco. Il y avait d'autres clubs mais c'est Monaco qui m'attirait le plus" expliquait le jeune milieu de terrain à la chaîne Youtube Carré. Même si lui le nie, on peut se dire que même inconsciemment, le fils a sans doute voulu suivre les traces de son père qui, lui aussi, avait vu sa carrière décoller en principauté.

Finalement, on pourrait qualifier le parcours de Khéphren Thuram de plutôt classique. Une fois rentré dans le centre de formation de l'AS Monaco, le droitier gravit les échelons petit à petit. Il traverse les équipes jeunes avec succès jusqu'à basculer avec l'équipe réserve monégasque qui évolue en Nationale 2. L'international français n'a que 16 ans à ce moment-là mais c'est à ce niveau qu'il prendra de l'épaisseur avant que quelques mois plus tard, Thierry Henry ne lui fasse connaître ses premières minutes professionnelles. Mais, après des mauvais résultats, Leonardo Jardim arrive en principauté et il ne comptera pas sur son jeune talent. Avec le Portugais, le Tricolore ne jouera que huit petites minutes avec les A. Khephren le comprend bien, ce n'est pas à Monaco que s'écrit son avenir, mais non loin de là.

Le frère de Marcus rebondit chez l'autre équipe de la Côté d'Azur, l'OGC Nice. Là-bas, il retrouve un autre ami de son père. "Le choix de Nice s'est fait naturellement, je voulais rester en France et ne pas être dépaysé. Le club avait un beau projet et il comptait sur moi, j'en avais parlé avec le coach qui était Patrick (Vieira, NDLR) donc ça s'est fait naturellement " se souvenait le géant d'1m92 au micro de Carré. C'est ainsi auprès d'un de ses modèles que Khéphren Thuram va désormais apprendre. En effet, il a souvent dit s'inspirer de deux joueurs français : Patrick Vieira et Paul Pogba.

4. Un prénom de Pharaon

Vous n'êtes sans doute pas sans savoir que Lilian Thuram s'est souvent positionné contre le racisme, en particulier dans le monde du foot. Ce que vous savez peut-être moins, c'est la signification du prénom de ses deux fils.

Lors d'un rassemblement avec les Bleus, l'ainé des deux frères expliquait le choix de son père : "Khéphren c'est la pyramide et Marcus c’est pour Marcus Garvey. On sait l’attachement de notre père pour les causes qui lui tiennent à cœur dans la société. Il nous les a retransmises donc bien sûr que ce sont des causes qui nous tiennent à cœur." Doté du nom d'une des sept merveilles du monde antique et du grand pharaon égyptien qui l'a bâtie, le Niçois était presque prédestiné à réussir des grandes choses.

Pour le champion du monde 1998, le choix d'un prénom n'est pas anodin. Donner le prénom de grands personnages de l'histoire du peuple noir a un objectif. Sur le plateau de C à Vous, en 2023, Lilian justifiait : "Ça part de l’estime de soi c’est-à-dire que lorsque vous êtes un jeune garçon noir ou une jeune fille noire, parfois vous rencontrez des personnes qui vont mettre en doute vos capacités. Et donc c’est très important que dès le départ lorsque vous êtes parents, vous essayez de sensibiliser les enfants sur ce sujet et y’a rien de mieux que le prénom. Ils sont obligés de s’intéresser à ces sujets et ils vont grandir différemment et surtout, bien comme il faut.”

RETROUVEZ TOUS LES DERNIERS PORTRAITS DES JOUEURS DE L'ÉQUIPE DE FRANCE

5. Il est présent dans l'équipe type UNFP 2022/2023

Quand il arrive à seulement 17 ans au Gym, Khéphren Thuram ne se fait pas sa place instantanément. Patrick Vieira préfère prendre son temps et gère sa jeune pépite, n'hésitant pas à l'envoyer avec la réserve pour qu'il gagne du temps de jeu. La première année, l'ancien monégasque ne participe qu'à 14 rencontres de Ligue 1. Mais, sept minutes par ci, douze par là, puis 45 ailleurs, le géant fait son petit trou et gagne du crédit. À partir du mois de décembre, le jeune milieu de terrain est systématiquement présent sur la feuille de match et il finit même la saison titulaire. Malheureusement, le Covid vient le couper dans son élan.

Mais en réalité, cette période ne l'arrête pas, elle ne fait que le ralentir. Dès le début de la saison 2020/2021, son mentor et entraîneur Patrick Vieira décide d'en faire un élément essentiel de son milieu de terrain. Cette saison est celle de l'éclosion et Khéphren Thuram réalise son premier exercice plein dans l'élite. L'année suivante confirme les espoirs, le colosse prend de plus en plus de place et il se met à être décisif avec quatre buts et trois passes décisives.

Les entraîneurs passent mais lui reste indéboulonnable du milieu de terrain de l'OGC Nice. Point d'orgue de cette ascension fulgurante, à seulement 22 ans, il est reconnu par ses pairs. Ses collègues footballeurs votent pour lui et le sélectionnent dans l'équipe type UNFP de la saison 2022/2023. Le Français fait partie du milieu à trois avec Valentin Rongier et Seko Fofana. Devant lui, on retrouve des certains Kylian Mbappé et Lionel Messi, rien que ça. Subsiste une légère déception. Nominé dans la catégorie meilleur espoir, c'est finalement Nuno Mendes qui s'empare du trophée devant le Tricolore.

6. Il rêve de Ligue des Champions

Désormais joueur confirmé de Ligue 1, Khéphren Thuram espère maintenant briller sur la plus belle des scènes européennes. À seulement 17 ans, Thierry Henry lui avait laissé un petit aperçu de ce qu'était la Ligue des Champions. L'Aiglon a disputé 48 minutes de C1 avec l'AS Monaco et cela lui a ouvert l'appétit. Pourtant, cinq ans plus tard, le compteur est resté bloqué à ce même total.

Au micro de Prime Video, les yeux pétillants, Khéphren Thuram revenait sur ce rêve : "J'espère que je vais avoir la chance de rejouer la Ligue des Champions. C'est la plus belle compétition à jouer. C'est quelque chose de merveilleux. Tous ceux qui ont joué cette compétition ont le même sentiment. Ils veulent rejouer des matchs, entrer sur le terrain et écouter l'hymne, c'est quelque chose d'incroyable."


L'année prochaine pourrait être la bonne. L'OGC Nice est troisième et donc virtuellement qualifié pour la prochaine Ligue des Champions. Si ce n'est pas avec le Gym, ce pourrait être avec un autre club qu'il ait sa chance. Le Niçois arrive en fin de contrat en juin 2025 et le club pourrait décider de le vendre en cas de belle offre. On sait notamment qu'à un moment le Bayern Munich, Liverpool et même le Paris Saint-Germain étaient intéressés par le joyau.

7. 8 petites minutes en Bleu aux côtés de son frère

Jamais deux sans trois. Le 24 mars 2023, Khéphren Thuram a perpétué une tradition familiale en devenant le troisième de sa famille à porter le maillot des Bleus. Un moment d'autant plus particulier qu'il a connu sa première sélection aux côtés de son grand-frère, Marcus. Les Thuram sont ainsi devenus la quatrième fratrie à évoluer ensemble avec les Bleus après-guerre. Ce moment incroyable a laissé place à une scène cocasse. Lilian, en papa fier, filmait le départ de ses deux fils vers Clairefontaine et lance à son aîné : "Marcus, souris à papa !" . Un brin gêné, l'Intériste lui répond : "On est en retard papa " avant que Khéphren ne lui ferme la vitre au nez.

Après un match de Conference League face au Sherif Tiraspol, l'ancien monégasque racontait au micro de Canal + Foot comment il avait appris cette première sélection : "On était en train de manger. J’étais sur mon téléphone et on a tous regardé la liste avec mes coéquipiers. Ils étaient très, très contents pour moi. Jean-Clair Todibo m’a fait beaucoup de câlins, je le remercie beaucoup." Peu de temps après, à Clairefontaine, il évoquait la fierté d'être sélectionné aux côtés de Marcus : "C'est un rêve d'enfant d'être sélectionné avec mon frère mais ça doit être plus fort pour mes parents ."

Khéphren Thuram n'a disputé que huit petites minutes avec l'Équipe de France contre les Pays-Bas. En novembre, il a été rappelé par Didier Deschamps pour pallier l'absence d'Eduardo Camavinga mais n'a pas foulé la pelouse. Fils de Lilian, frère de Marcus, Khephren Thuram espère comme ses prédécesseurs disputer une grande compétition en bleu. C'est donc vers l'Euro 2024, que son regard se tourne.

De l'AS Cannes jusqu'aux sommets de la Serie A, en passant par l'équipe de France, Sébastien Frey s'est livré au micro d'Elvin de Fazio et de 90min au cours d'un long entretien où il retrace sa carrière, évoque les légendes qu'il côtoyé ou affronté, de Roberto Baggio à Gianluigi Buffon, en passant par Zlatan Ibrahimovic, Francesco Totti ou Alessandro Del Piero, sans oublier le légendaire Ronaldo.

Abonnez-vous à notre chaîne Youtube !