Pourquoi Corinne Diacre est-elle autant décriée à la tête de l'équipe de France ?
En charge des Bleues depuis 2017, Corinne Diacre n'a jamais réellement fait l'unanimité. Après les annonces fortes de Wendie Renard, Marie-Antoinette Katoto ou Kadidiatou Diani, la sélectionneure de 48 ans n'a jamais été aussi proche d'un départ. Mais alors, comment a-t-elle pu en arriver là ?
1. Des résultats globalement décevants
On peut d'abord évoquer les résultats des Bleues depuis le début de son mandat. Sur le papier, l'équipe de France féminine dispose de l'un des effectifs les plus complets de toute la planète. Pourtant, la France court toujours après son premier grand sacre international.
Très attendue lors de la Coupe du monde 2019, qui était organisée en France, Corinne Diacre ne peut pas faire mieux que les quarts de finale. Après un parcours sans-faute, où elles éliminent notamment le Brésil (2-1), les Bleues sont obligées de céder face aux USA, aux portes du dernier carré (2-1).
Certes, Corinne Diacre se présente pour l'Euro 2021 (qui a eu lieu en 2022 en raison du Covid-19), avec un bilan de plus de 82% de victoires à la tête de la France. Cela ne l'empêche cependant pas de décevoir, une nouvelle fois, puisque son équipe ne parvient pas à aller au bout.
Se qualifiant tout de même, pour la première fois de son histoire, pour le dernier carré d'un Euro, la France doit s'incliner face à l'Allemagne (2-1). On vous l'accorde, les résultats ne sont pas catastrophiques. Ils sont cependant loin d'être extraordinaires !
Pouvant compter sur des cadres de l'OL ou du PSG, qui font partie des meilleures écuries en Europe, la sélection tricolore se devait d'être plus dominatrice sur le Vieux Continent.
2. Un management qui pose question
"Je ne peux plus cautionner le système actuel bien loin des exigences requises par le plus haut niveau", avait déclaré Wendie Renard, lors de sa mise en retrait avec les Bleues. Et ce n'est plus une surprise pour personne de savoir que le management de Corinne Diacre est loin de faire l'unanimité depuis ses débuts.
Ancienne internationale tricolore de 2008 à 2018, Jessica Houara-d'Hommeaux a notamment pu se confier sur le staff technique de celle qui est à la tête des Bleues. Sur le plateau du Canal Football Club, la consultante n'a pas épargné la sélectionneure :
"C’est juste un fait. Elle a comme adjoints un entraîneur des gardiens et un préparateur physique. Dans n’importe quelle sélection, à l’heure actuelle, un staff ce n’est pas ça, il y a beaucoup plus de monde. Elle se plaignent aussi des retours vidéo qui ne sont pas assez précis."
Difficile d'imaginer les Bleues venir lutter avec les meilleures sélections de la planète sans revoir considérablement ces méthodes.
3. Un manque de communication
Pour ceux qui suivent les Bleues depuis de longues années, vous n'êtes pas sans savoir que la communication de Corinne Diacre fait énormément parler ! Cela a débuté très tôt durant son mandat. En 2019, et après l'échec en quart de finale de la Coupe du monde, elle va tacler durement Eugénie Le Sommer, concernant son positionnement :
"Eugénie, même moi, je lui ai dit : "Pourquoi tu restes à gauche ?'" L'idée, ce n'était pas ça. Notre projet de jeu, ce n'était pas ça. Notre plan, ce n'était pas ça. C'est ce qu'elle a fait. Pour quelle raison ? Je pense que l'on en discutera plus tard."
Qui d'autre que des anciennes internationales pour confirmer cette atmosphère si pesante au sein du groupe des Bleues. Jessica Houara-d'Hommeaux, capée à 64 reprises et désormais consultante pour Canal +, a pu le dévoiler récemment sur le plateau du Canal Football Club : "Ce que je reproche à Corinne Diacre ? Déjà, la non-communication. C'est la deuxième capitaine sous l'ère Corinne Diacre qui se plaint ouvertement."
En effet, avant Wendie Renard, Amandine Henry avait pu s'en prendre publiquement à Corinne Diacre, en novembre 2020. De retour de blessure, elle n'est pas convoquée pour un rassemblement.
Et elle raconte la conversation lunaire qu'elle a eu avec sa sélectionneure et qui n'a duré que quelques secondes : "Ce coup de fil-là, j'étais choquée, elle me dit que la liste sort demain, ''tu n'y seras pas par rapport à tes performances actuelles" Je reste choquée, je lui dis simplement "OK, bon match et au revoir"".
4. Des failles tactiques soulevées par les joueuses
En plus de son management ou de sa communication, sa tactique laisse également à désirer. Même les joueuses tricolores doutent du schéma mis en place. Ayant eu l'habitude d'évoluer dans une défense à quatre, Corinne Diacre a choisi de passer à trois, lors du dernier Tournoi de France.
Et les joueuses ont eu du mal à se trouver, comme avait pu le confier Grace Geyoro : "Ce sont des systèmes dans lesquels on n’a pas l’habitude de jouer et cela se voit. Il qu’il faut que l’on arrive à retrouver notre identité de jeu. Pour l’instant, on ne sait pas trop, mais il faut que l’on travaille. Il y a eu des changements, ce n’est pas évident pour nous."
Une situation surprenante quand on sait que la Coupe du monde ne débute que dans quelques mois. Et même les anciennes joueuses remarquent bien que les Bleues n'ont pas réellement d'identité. C'est Laure Boulleau qui le confiait récemment sur le plateau du Canal Football Club :
"On peut aussi se dire qu'elles n'ont pas gagné de titre alors qu'elles ont une génération de dingue. Elles ont un style de jeu qui est dernièrement très moyen voire plus que très moyen".
5. L'éviction des cadres n'adhérant pas à son discours
"Ce que les joueuses reprochent à Corinne Diacre c'est ce climat très pesant en équipe nationale. En face d'elles, il y a un mur. C'est un peu comme une monarchie, des choses ne se passent pas bien et si tu as le malheur de dire quelque chose, tu dégages ! Et je pense que Corinne Diacre a beaucoup joué avec ça", voilà les propos que Laure Boulleau, ex-internationale tricolore, a pu tenir sur le plateau du Canal Football Club.
Ce n'est pas pour rien qu'Eugénie Le Sommer et Amandine Henry ne sont plus convoquées depuis un long moment déjà avec les Bleues. Pourtant, on parle de deux des meilleures joueuses tricolores. Jessica Houara-d'Hommeaux va même plus loin que son ancienne coéquipière au PSG ou avec les Bleues : "C'est un règne par la terreur et ça, c'est compliqué. Quand on arrive en équipe de France, c'est une bouffée d'oxygène et là, ce n'est pas le cas."
Et ce n'est pas Amandine Henry qui dira le contraire. Plus convoquée depuis un long moment, la joueuse de l'OL avait fait une déclaration forte à Canal +. En novembre 2020, elle a déjà évoqué le climat pesant qui régnait en sélection durant la Coupe du monde, quelques mois plus tôt : "Je voyais des filles pleurer dans leur chambre, moi je pleurais dans ma chambre. Ça a été un chaos total".
6. Un vestiaire qui se rebelle
Bien évidemment, les joueuses n'ont pas mis beaucoup de temps pour se rebeller. Eugénie Le Sommer lui avait répondu après ses critiques sur son positionnement, en 2019, pour RMC : "Je n'ai pas du tout eu l'impression de ne pas avoir respecté les consignes. Je ne suis pas quelqu'un qui ne respecte pas les consignes. C'est dur d'entendre cela mais bon, elle a dit ce qu'elle avait à dire".
Sarah Bouhaddi avait annoncé sa mise en retrait des Bleues, en novembre 2020, tant que Corinne Diacre resterait en poste. Même son de cloche, en septembre 2021 pour Gaëtane Thiney, comme elle avait pu le rapporter à French Morning : "Est-ce que j’ai fait une croix sur l’équipe de France ? Non, j’ai fait une croix sur la logique de Diacre".
Sans oublier que le ton serait monté entre la sélectionneure et Amandine Henry, lorsque cette dernière a été convoquée en novembre 2020, après avoir critiqué sa coach. Et désormais, c'est au tour de Wendie Renard, Marie-Antoinette Katoto ou encore Kadidiatou Diani de prendre position, en décidant de se mettre en retrait de la sélection.
7. Une volonté de renverser la hiérarchie
Depuis de longues années déjà, l'OL domine outrageusement le football féminin. C'est presque logiquement que les cadres rhodaniennes restent aussi importantes avec la sélection. Pourtant, Corinne Diacre ne semblait pas l'entendre la même oreille.
En se mettant à dos plusieurs des stars rhodaniennes, que certains ont surnommé "le gang des Lyonnaises" (Le Sommer, Henry, Bouhaddi), Corinne Diacre a considérablement diminué l'influence des joueuses de l'OL chez les Bleues. Elle semble prête à tout pour ne pas laisser une star prendre le dessus sur le reste de l'équipe.
Ce n'est pas seulement le cas avec l'OL, puisqu'elle s'était passée des services de Marie-Antoinette Katoto, lors de la Coupe du monde 2019, alors meilleure buteuse de la D1 avec le PSG. Corinne Diacre avait bien tenté de justifier ce choix : "J'ai fait un choix fort. Il a été mûrement réfléchi. Marie-Antoinette a un énorme potentiel. Tout le monde le sait, le voit. Il m'a manqué de la performance dans les grands rendez-vous."
Pas certain que se passer de ses meilleures joueuses soit la meilleure des décisions...
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