Pourquoi Jorge Sampaoli s'est trompé face au PSG
Par Olivier Halloua
L'Olympique de Marseille a perdu un Classique sans saveur (2-1). Les Marseillais ont débarqué au Parc des Princes avec des intentions différentes de l'accoutumée. Un pressing moins présent, une possession longue et stérile et peu d'utilisations perforantes des couloirs. Des choix assumés par Jorge Sampaoli mais qui ne nous ont pas semblé porter leurs fruits.
En assistant au Classique, une question nous a taraudés l'esprit. Pourquoi l'Olympique de Marseille a-t-il changé d'approche ? Entreprenants et percutants depuis un mois, les Marseillais en sont devenus ternes et fades pendant 96 minutes au Parc. Jorge Sampaoli a préféré adopter une disposition différente que face à Montpellier ou le PAOK. Au lieu de forcer l'erreur et de lancer des flèches bien placées, l'OM a attendu. Une patience d'une heure de jeu pour assister à un mouvement construit. Un changement de mentalité qui n'a pas renforcé l'attitude de ses joueurs.
Le nul ou rien
Déjà, la composition d'équipe de Sampaoli nous donnait des indices. Pas de grosses surprises. Pas de numéro 9 et un seul ailier de couloir. Et encore, Cengiz Ünder a tendance à repiquer quand bon lui semble. En termes de projection offensive face à un bloc aussi compact que celui du PSG, difficile de créer des décalages. L'OM le savait bien. C'est la raison pour laquelle les Marseillais ont redoublé de passes. Impossible pour eux de contrer un Paris en 1 contre 3 sur chaque duel. Gerson à gauche n'a pas les meilleures dispositions dans le dribble. On lui demande en plus de surveiller un Lionel Messi remuant.
Encore plus douloureux, Dimitri Payet a dézoné très vite. Sans ballon à négocier, son apport est vite réduit à néant. Marquinhos et Presnel Kimpembe n'avaient donc aucun vis-à-vis à surveiller. Les deux centraux ont pu lire le jeu sans forcer. Seuls des triangles de passes ou des une-deux pouvaient venir les gêner. Dans la surface, Ünder ou Payet n'avaient aucune possibilité de centres. Arkadiusz Milik était absent certes. Or, pourquoi ne pas considérer bien plus la solution Cédric Bakambu ? S'il peut être trop juste pour débuter, nous sommes surpris de savoir que son apport ait pu attendre la 90ème minute. Ne parlons pas de l'utilisation de la profondeur et au duel d'un Bamba Dieng, entré à la 81ème. Simple, une des rares incursions olympiennes est intervenue en combinant les deux hommes. Bizarre... L'esprit était de jouer le nul, même lorsqu'on est menés. On avait l'impression dans le dernier quart d'heure que l'OM se contentait de ce résultat.
Les Marseillais ont donc enchaîné les transmissions dans leur camp. Peu de progressions balle au pied, une infériorité numérique sur les ailes, un entrejeu avec peu de possibilités d'allonger à la sortie d'Ünder et un Payet sevré de ballons. Tout le système a censuré un potentiel offensif pourtant bien présent. C'est encore là qu'on regrette l'absence de Milik.
Aucune réaction tactique ou d'orgueil
Dommage que l'entraîneur argentin ait décidé que son équipe ne serait pas actrice de la rencontre. L'ouverture du score est arrivée tôt dans le match. L'OM a égalisé quasi par miracle sur un cafouillage. Un but anodin... Payet peut se satisfaire de l'avoir bien tiré, c'est tout. Comme beaucoup d'équipes de Ligue 1, Marseille a adopté un esprit navrant dimanche soir : le "FC on attend l'erreur de l'adversaire". Aucune prise de risques, un jeu neutre.
Même dans les dernières minutes où Paris a reculé bas et subi, on a vu peu d'orgueil. Des enchaînements de centres, quelques passes osées mais aucune mise en danger. Même là, les Phocéens ont été timorés. On se souvient de plusieurs situations où les joueurs se marchent dessus. Amine Harit a plusieurs solutions mais a tergiversé à la 90ème minute. Mattéo Guendouzi a préféré ouvrir sur le côté plutôt que tenter sa chance juste après. Personne n'a pris l'initiative, au contraire du PSG qui a juste redoublé de maladresses.
Il faut dire que Sampaoli n'a pas aidé son équipe dans ce domaine. Son changement d'Harit pour Ünder à la mi-temps a-t-il changé quelque chose ? Peut-être plus de maitrise pour ressortir proprement. Et encore. L'OM y a perdu un joueur capable de différences et de passes lasers. Sur l'aspect tactique, il n'y aura aucune évolution malgré le but de retard. Le tacticien argentin était sûrement satisfait de ne pas avoir encaissé le break. Pourquoi changer quoique ce soit alors que Paris l'a laissé encore dans le coup ? Encore faudrait-il se créer des situations.
Pol Lirola pour Valentin Rongier semblait une bonne idée. Trop tardive (77ème) pour avoir un impact plus conséquent. Nous ne reviendrons pas sur les entrées de Dieng et Bakambu. Le "JS" n'a eu qu'une journée pour préparer ce Classique. On l'a ressenti : un plan de jeu plutôt simpliste et insuffisant face aux individualités parisiennes. Pourtant, ses joueurs avaient le coffre même après avoir joué jeudi soir.
Au final, cette formation de l'OM était à l'image de son technicien ce soir-là. Apeurés de l'adversaire, sans idées et dictée par une fausse bonne idée : celle d'attendre religieusement qu'un but s'offre à vous.