Pourquoi l'interdiction pour les gardiens de déstabiliser les tireurs sur penalty est une mesure inutile
Par Jean Dubas
Cette semaine, l'IFAB a annoncé qu’il sera désormais interdit pour les gardiens de but de déstabiliser les tireurs durant un penalty !
Il ne sera par exemple plus autorisé de retarder l’exécution d’un penalty, de toucher les poteaux ou sa barre transversale avant que le tir au but ne soit frappé. Et voici pourquoi chez 90min nous pensons que c'est une mesure aussi utile que le passage de Julien Faubert au Real Madrid.
C'est le jeu ma pauvre Lucette
Déjà, il paraitrait que cette mesure fait suite au "comportement" d'Emiliano Martinez lors des tirs au but de la dernière Coupe du monde contre les Pays-Bas mais aussi la France en finale. Une technique qui avait d'ailleurs bien marché.
Mais voilà, arrêtons un peu d'être chauvins et soyons francs deux minutes. Depuis les échelons les plus bas du football français, la déstabilisation fait partie intégrante de ce sport. Qui n'a jamais vu un gardien de district montrer ses fesses pour déstabiliser le tireur adverse ? Bon, on a pris l'exemple extrême mais c'est du même acabit.
Le professionalisme pour répondre à l'anti-professionalisme
Ici, on parle de football professionnel. Alors oui, on peut comprendre l'idée de supprimer un soi-disant geste "anti-professionnel" qui pourrait ternir l'également soi-disante beauté de ce sport.
Mais on va vraiment nous expliquer que des joueurs de football professionnels, disputant dans le cas précédent qui plus est, une finale de Coupe du monde, ne sont pas capables de faire abstraction d'un gardien trop fantasque après avoir fait abstraction d'un public de 80 000 personnes dans une échéance ultra-décisive ?
Le joueur doit s'adapter, pas la règle
Et puis ces comportements font le charme du football et du jeu mental entre le tireur et son vis-à-vis. D'ailleurs le gardien aussi s'expose à une belle séquence de chambrage après avoir tenté de déstabiliser le frappeur adverse qui finit souvent néanmoins par la rentrer au fond des filets. C'est de bonne guerre.
C'est aux footballeurs de s'adapter au folklore de ce qui donne lieu à des moments mémorables de l'histoire du football, pas à la règle de se rabaisser à une volonté de protéger le tireur là où on demande déjà beaucoup au gardien pour ne pas voir un tir au but être à retirer.
Sommes-nous en train de finalement dire que Emiliano Martinez a joué avec ses armes là où on aurait aimé justement voir Hugo Lloris faire preuve d'un peu plus de vice ? Absolument. Alors merci de ne pas perdre de temps à rédiger une nouvelle règle inutile qui laissera place à encore plus de complications et d'interprétation sur "à partir de quelle limite on parle de chambrage ?" et de se concentrer par exemple sur une définition plus claire de "quand accorder un penalty" puisque l'on a vu récemment que ce souci était loin d'être réglé.
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