Pourquoi l'OM n'y arrive plus contre les "petits" cette saison
Par Jordan Proisy
L'Olympique de Marseille est une équipe pleine de surprise. Sous Rudi Garcia, le club n'arrivait pas à vaincre un membre du top 5 de Ligue 1. Depuis l'arrivée d'André Villas-Boas, le constat a bien changé. Les gros ne font plus peur aux Marseillais. Par contre, les points se perdent face aux plus "petits". Explication.
Une motivation moindre que lors des gros chocs
La raison numéro un est simple. Le béaba du football : la motivation. Une équipe qui donne tout sur le terrain, soudée, là les uns pour les autres et courant plus que l'adversaire, a souvent plus de chances de l'emporter.
Face aux gros en championnat, l'OM s'est montré à la hauteur, aucune défaite face à Lille, Lyon, Paris ou Monaco. Dans ce genre de rencontre, André Villas-Boas n'avait sûrement pas grand chose à dire ou faire pour que ses joueurs soient à 100%. Et cela s'est senti.
Inversement, les rencontres face à Nîmes, Angers, Metz, Reims ou Dijon ont toutes un point commun. Le manque de rythme. Dans une position de favoris, le groupe manque de hargne pour faire mal à l'adversaire. Pensant sûrement que la victoire sera de toute manière acquise dès le coup d'envoi, les efforts sont moins réalisés.
Le relâchement est plus flagrant et les erreurs ou imprécisions plus nombreuses. C'est humain certes, mais c'est surtout une faute professionnelle pour une équipe dont l'ambition premier est d'accrocher une qualification en Ligue des Champions.
Une dépendance envers des cadres trop irréguliers
Quand un match est compliqué, difficile, et que l'équipe semble en plus grande difficulté, les cadres sont normalement sur le terrain pour prendre le jeu à leur compte et sortir leurs coéquipiers de ce mauvais pas.
Malheureusement, à l'OM, les titulaires indiscutables se montrent tout aussi impuissants dans ce genre de matches avec moins "d'enjeu". Les stars n'ont pas le niveau escompté. Florian Thauvin a effectivement des statistiques flatteuses depuis le début de saison et se montre malgré tout l'un des meilleurs sur le terrain a chaque rencontre mais l'investissement ne semble pas total. Son pénalty manqué contre Nîmes par exemple prouve un manque de concentration indispensable à ce niveau.
La tête peut-être déjà sur son avenir à l'étranger. Mais Flo Thov est loin d'être le plus a blâmer. Dimitri Payet est à lui seul la preuve qu'un joueur non motivé, avec tout le talent pourtant qu'on lui connait, est un poids pour ses partenaires. Déjà critiqué sur son physique loin d'être irréprochable, il n'est plus que l'ombre de lui même. Il doit être le meneur de jeu mais ne mène pas grand chose.
Il est capable sur un ou deux gestes de faire la différence, mais ce n'est pas suffisant sur toute la durée d'une rencontre face à des adversaires qui ont le couteau entre les dents dès qu'ils affrontent les Olympiens. Quand à côté de ça, Dario Benedetto gâche des occasions à la pelle et que la défense lâche un peu du lest, la sanction est logique.
Le caractère c'est bien, mais il faut aussi du fond de jeu
L'une des valeurs primordiales réclamées par les supporters concerne le caractère dont doit faire preuve les joueurs avec le maillot de l'OM sur les épaules. "Mouiller le maillot" comme on dit. Et en effet, lors de ces matches, il n'y a pas eu tous les éléments pour "refuser la défaite".
Mais le caractère ne fait pas tout non plus. AVB est un homme qui arrive à transmettre majoritairement sa force et son abnégation à son groupe. Jouant beaucoup sur le mental, la fierté et l'envie des siens. Mais une fois ceci fait, il faut aussi travailler le fond de jeu. Ce qui ne transpire pas sur le terrain.
Depuis son arrivée il y a deux ans, le jeu n'a pas évolué. Si jeu il y a d'ailleurs. Les résultats lors de la première saison ont caché cette limite, mais cette année est différente. Les adversaires lisent facilement la stratégie, ainsi que les points forts de l'OM. Quand les individualités sont bien cadrées par les défenseurs, il semblerait que le groupe ne soit pas en mesure de répondre collectivement.
Trop de jeu latéral, pas assez de prise de risque dans les passes, qui facilitent la tâche face à des blocs bas solides. Comme le sont souvent les équipes dites "inférieures" quand elles jouent contre Marseille. Des carences vues et revues mais pas encore corrigées.
L'OM ne fait plus peur
Le constat le plus implacable et qui d'ailleurs ne vaut pas que pour l'OM. Dans une Ligue 1 serrée, où même le PSG n'est plus aussi dominant, n'importe qui peut battre n'importe qui. La confiance est grandissante pour des équipes jouant de base le ventre mou ou le maintien.
Face à des cadors du championnat, la crainte est moindre. Les Olympiens en ont fait les frais. De plus, le Vélodrome, l'autre arme principale est absolument vide. Les 60.000 passionnés dont le rôle en plus d'encourager les siens, et d'effrayer l'adversaire ne sont pas là, pénalisant fortement les Phocéens.
Et évidemment, quand vous accumulez des mauvais résultats, l'équipe que vous affrontez ensuite se dit qu'il y a un coup a jouer. C'est le cercle vicieux dans lequel sont tombés les joueurs d'AVB. La rencontre face à Lens mercredi risque d'être un mini tournant pour la suite de la saison.