Real Madrid - Chelsea (2-3) : Les 6 leçons de la qualification incroyable des Merengue
Par Olivier Halloua
Au bout du suspense, le Real Madrid a éliminé Chelsea (2-3, 5-4 CUM). Après seulement un quart d'heure de jeu, les Blues ont refait une partie de leur retard. Une combinaison légèrement déviée par Timo Werner a permis à Mason Mount de transformer d'une belle frappe. Etonnement, les Merengue n'ont jamais réussi à mettre la main sur le ballon. Au retour des vestiaires, Antonio Rüdiger a encore plus remis l'équipe sur le droit chemin. Un coup de casque sur un corner de Mount encore. L'écurie londonienne avait refait son retard.
On a cru au drame au Santiago Bernabeu. Marcos Alonso a cru offrir le but de la victoire aux siens à l'heure de jeu. Or, la VAR a refusé cette réalisation pour une faute de main plutôt fallacieuse. Une décision qui risque de faire jaser Outre-Manche. Alors que son équipe sombrait, Luka Modric a réveillé le stade. Un extérieur du pied de 30 mètres pour la finition de l'entrant, Rodrygo. Malgré de grosses situations, le CFC est obligé d'aller en prolongations.
Pratiquement aux prémices de cette demi-heure supplémentaire, l'inévitable Karim Benzema est trouvé dans la surface. Sur le centre de Vinicius Junior, le capitaine madrilène a catapulté sa tête au fond des filets. Avec une défense inédite, le Real a tenu bon pour rallier les demi-finales.
Les 6 leçons de la rencontre
1. Tuchel presque récompensé de ses choix
Thomas Tuchel a fait des choix forts ce soir. Pas de Jorginho, ni de Christian Pulisic. Le tacticien de Chelsea a préféré Ruben Loftus-Cheek et Timo Werner. Le deuxième a offert le but de la victoire à son équipe. Ces deux ajouts ont offert de meilleures solutions entre les lignes. Le premier a apporté le petit plus physique nécessaire, tandis que l'international Allemand offrait la profondeur et des espaces aux siens.
En clair, ça bouge beaucoup à l'approche des trente derniers mètres. Mattéo Kovacic et N'Golo Kanté n'ont qu'à distribuer au joueur disponible. La doublette des Blues n'a eu aucun déchet pour récupérer et orienter. Le but de Mason Mount provient de la multiplicité de ses appels des éléments offensifs. Ensuite, les deux rideaux défensifs restaient difficiles à surpasser. Malheureusement, ses attaquants n'ont pas été à la hauteur dans la finition.
2. Des ratés techniques incessants au Real
Que ce fut dur pour le Real Madrid de compenser le pressing de Chelsea... Au milieu de terrain, les maux d'hier sont aussi ceux d'aujourd'hui. Toni Kroos a eu beaucoup de mal à répondre au défi physique adverse. Casemiro est devenu un poids par sa relance hasardeuse. En défense, peu de prises de responsabilités. On s'est perdu dans ses transmissions latérales sans valeur ajoutée. Ferland Mendy a perdu un nombre incalculable de ballons... Le troisième but refusé est encore sur une perte de balle.
Seul Luka Modric et Karim Benzema semblaient à même de ressortir proprement les ballons. Rajoutez-y un Vinicius Junior très maladroit et vous avez un bloc madrilène inopérant. Des vagues sur les cages de Thibaut Courtois sans occasion cadrée en général heureusement. Bizarre pour le Real de se laisser dominer à domicile.
3. Benzema obligé de descendre trop bas...
Forcément, quand Karim Benzema est si bas sur le terrain, que c'est douloureux de mettre du danger. L'international Français est obligé de dézoner en permanence pour toucher du ballon. Alors, personne ne peut proposer un quelconque appel ou proposition dans la surface ou profondeur. Les centraux ont de ce fait toute la liberté de gérer les assauts adverses.
Sur la seule sortie de balle offensive de son équipe, Benzema a pu se positionner parfaitement. Une tête magnifique sur la barre... Comme quoi, un attaquant qu'on distribue, c'est tout de même plus dangereux. De plus, Antonio Rüdiger comme Thiago Silva étaient particulièrement en forme ce mardi soir. Le but n'est même pas venu d'une construction, mais d'un exploit de Luka Modric.
Sur le second, le KB9 a profité d'une grosse perte de balle. Dans la surface, évidemment ça fait mouche sur un beau coup de casque. Il lui en faut pas beaucoup à notre Karim. Heureusement parce qu'il n'en aura pas plus...
4. L'agressivité et les mouvements infernaux de Chelsea
Une démonstration de cette dimension physique et tactique. Sur le dernier but de Chelsea, Marcos Alonso a joué les buteurs, tout en déviation et en aspiration. Timo Werner a l'occasion de prendre la profondeur puis fait l'enchaînement qu'il faut. Un différentiel énorme de mouvements et même d'agressivité.
Les Londoniens en voulaient bien plus que leurs adversaires. Chaque duel semblait à la faveur des locaux. On voulait côté Chelsea mettre une pression infernale sur les Espagnols de Thibaut Courtois à Karim Benzema. A l'opposé, aucune envie, peu de percussion et un désastre physique conclu par ses multiples blessures. Il a fallu qu'un génie du football et son élève viennent sauver la Casa Blanca pour compenser.
5. Modric et Camavinga ont réveillé le Real
On sentait le Real à genoux. Deux hommes de l'entrejeu ont pris les choses en mains. Luka Modric nous a fait ce soir : extérieur du pied décisif, récupération, compensation défensive et même sorties de balle. La seule prestation linéaire de la rencontre côté madrilène. Ensuite, son successeur l'a accompagné.
Eduardo Camavinga a métamorphosé le milieu de son équipe. Plus de percussion et de propositions à la relance. Sur le deuxième but, son envie lui a permis de récupérer et casser le bloc de Chelsea. Une détermination voire une agressivité que l'on ne voyait plus chez les pensionnaires du Bernabeu. Un profil bien plus intéressant que Casemiro ce soir. On le reverra certainement face à Séville le week-end prochain.
6. Le réalisme légendaire des Merengue
Comme face au Paris Saint-Germain (1-3), le Real Madrid a pu compter sur son réalisme. Christian Pulisic a vendangé deux énormes occasions avant les prolongations. Les locaux, eux, ne se sont pas laissés prier. Rodrygo : un tir, un but. Benzema : deux tirs dans la surface, une barre, un but. Le réalisme que l'on attend d'un prétendant au sacre européen.
En face, une dizaine de ratés dans la surface adverse au pire moment : juste avant et pendant les prolongations. Les mêmes joueurs sauvent Carlo Ancelotti chaque semaine. Le trio Courtois - Modric - Benzema. Une colonne vertébrale impossible à faire faillir cette saison.