Ronald Koeman ou le sauveur du FC Barcelone
Par Morgan Piot
Fraîchement nommé sur le banc catalan, Ronald Koeman a pour mission d'instaurer un équilibre, de développer des valeurs et de redonner l'aura si propre à une institution de cette envergure.
Josep Maria Bartomeu est le pire président de l'histoire du FC Barcelone. L'article pourrait se terminer sur ces belles paroles loin d'être intelligibles mais qui reflètent une certaine réalité de l'histoire. Pour autant, les journalistes ont cette douce envie de se palabrer en long, en large, et en travers sur un sujet déjà épié par la presse internationale.
Oui mais voilà, pour comprendre comment Lionel Messi a pu prendre une telle décision absurde, qui dépasse de loin l'entendement, il faut remonter dans un premier temps aux prouesses salvatrices et sans précédent d'un homme qui a flingué toute une institution en moins de trois ans. Un record de précocité.
Par ici les casseroles
On ne va pas se mentir, la coque du navire s'est fissurée un été de 2017 quand un certain Neymar s'est envolé pour le Paris Saint-Germain contre un chèque de 222 millions d'euros.
Sur le papier, la transaction, à la fois historique et rocambolesque, mériterait certainement à ce bon vieux président d'être décoré par la médaille du mérite, celle qui a permis au Barça d'encaisser sept fois le budget de Brest. Mais comme l'être humain est de nature contradictoire, Josep Maria Bartomeu s'est attiré les foudres des fans catalans qui lui reprochent toujours d'avoir mis en péril le projet sportif.
À première vue, cette première approche est littéralement affligeante pour le dirigeant catalan qui a ensuite dépensé sans compter en dilapidant les ressources du club pour des joueurs qui ont terminé au goulag seulement un an après (Malcom). Bref, Neymar, le choix Valverde, une planification laborieuse, la Romatada, la Redsmontada, la déculottée face au Bayern, sans oublier Quique Setién, Lionel Messi ne pouvait guère prêté plus d'attention à ce club qu'en cette belle soirée du 25 août où la nostalgie de futures retrouvailles avec Pep Guardiola gagnait sans cesse du terrain dans son esprit.
Ronald Koeman : le sauveur
Six années, c'est le temps qui a été nécessaire à Ronald Koeman pour écrire sa légende au FC Barcelone (1989-1995). Six, c'est également le nombre d'heures qui ont été nécessaires au tacticien néerlandais pour virer le petit sanguinaire du Barça.
Cannibale compulsif et dévoué à percer les filets adverses, Luis Suarez a massacré plus d'un gardien en torpillant sans relâche et avec beaucoup d'extase les équipes qui ont eu le culot de pouvoir un jour le défier.
Sniper hors pair, auteur de 198 buts en 283 matchs, l'international uruguayen a été balayé d'un revers de main, sans en ressentir pour autant le moindre plaisir, lui qui apprécie pourtant ces délicieux moments intensifs et revigorants sur le pré. C'est aussi ça la magie Koeman : celle de lancer une grande lessive estivale sans avoir le moindre remord.
Bien au contraire, le renouveau passe par le changement et le changement passe par le renouveau. C'est en quelque sorte une logique imparable qui, peu importe son sens, doit quoi qu'il arrive nettoyer une grande partie du vestiaire catalan.
Parlez-en à Sergio Busquets, ce personnage si discret, qui a œuvré pendant de nombreuses années dans l'ombre de ses illustres prédécesseurs. La langue, il n'a jamais eu le temps de la tourner sept fois dans sa bouche, bien obligé de se mettre au garde à vous lors de l'élocution du Pape. Car ne vous y méprenez pas, Ronald Koeman vient de bousculer une certaine hiérarchie qu'il était encore impensable à imaginer deux-trois mois en arrière.
L'amour réciproque
Pour justifier cette révolution, l'ancien joueur du PSV Eindhoven a misé dans un premier temps sur l'un des nombreux joueurs qui n'a jamais évolué à son poste sous les ordres de Quique Setién : Frenkie de Jong.
Probablement suicidaire ou ignare concernant les dispositions tactiques, l'ex-entraîneur du Betis Séville a expérimenté des approches farfelues pour convaincre l'opinion publique de son ingéniosité et de sa faculté à prendre des risques. Le résultat est sans appel : Antoine Griezmann a mangé la ligne de touche pendant un an et le coach en personne s'est fait remercier.
Aujourd'hui, la situation tend enfin à s'inverser et c'est le fruit d'un travail loin d'être acharné mais simplement logique de prime abord : repositionner les joueurs au bon endroit sur le terrain. Sans avoir besoin de breveter cette idée, Ronald Koeman va privilégier Frenkie de Jong dans un poste de sentinelle et installer le Français dans l'axe. Un raisonnement cohérent qui pousse inévitablement Sergio Busquets vers la sortie ou du moins sur le banc des remplaçants, mais qui apportera à terme une certaine stabilité sur le carré vert.
Tchao les passe-droits
Si l'entraîneur néerlandais aurait pu être préoccupé par l'ingérence incessante de Lionel Messi, l'international argentin lui a facilité la tâche en exigeant son départ.
Visiblement déconcerté par les propos tenus par le nouveau coach catalan, la Pulga ne serait plus disposée à poursuivre l'aventure en Catalogne. Un bien pour un mal qui devrait permettre à Ronald Koeman d'accentuer sa confiance vis-à-vis de Phillipe Coutinho dont la renaissance lors du Final 8 est une excellente nouvelle pour tout un club.
Désormais, les entraînements vont s'intensifier, les joueurs vont travailler en équipe et chacun se verra conférer le même statut au sein du vestiaire. En réalité, quand on y regarde de plus près, c'est simplement une issue logique et inéluctable pour sauver une institution à la dérive sur le plan national et européen. Ça va dépoter la saison prochaine !