Sinaly Diomandé : A la taille de ses nouveaux crampons
Par Jean Dubas
Parti de rien, Sinaly Diomandé s'est fait un nom en peu de temps au sein de l'effectif pro de l'OL et n'en finit plus d'être plébiscité par ses supporters. Le jeune défenseur central a d'abord dû jouer avec les crampons trop grands d'Andersen avant de prendre sa place dans la hiérarchie.
Portrait d'un nouveau crack découvert par Lyon avec les conseils avisés de @Nabilon_15, @Aymeric de Café du Commerce OL et @Borgia, twittos influents de la communauté lyonnaise et fin suiveurs de l'actualité du club rhodanien.
Arrivé sur la pointe de ses crampons usés en septembre 2019 à Lyon, le jeune défenseur central de 19 ans a gravi les échelons a une vitesse fulgurante pour se retrouver troisième dans la hiérarchie des défenseurs centraux à l'Olympique Lyonnais. Historique d'un parcours inspirant.
Une intégration fulgurante
Le 9 septembre 2019, Sinaly Diomandé débarque à Lyon en parfait inconnu. Le jeune défenseur central ivoirien formé à l'Académie de Jean-Marc Guillou à Abidjan et passé par le Guidars FC au Mali signe à l'OL contre 550 000 euros et 2 millions de bonus et avec 30% d'intéressement à la revente.
"On l'achète très cher pour un jeune venu d'un club africain et pour un "no name" donc certains doutaient au moment de son arrivée."
- Aymeric, Café du Commerce OL
Des doutes effacés au fur et à mesure par Diomandé qui s'impose comme l'un des meilleurs joueurs de la réserve lyonnaise en National 2. "16 titularisations consécutives à partir de la 6ème journée début septembre 2019. Ce qui en faisait le joueur le plus utilisé, avant l'arrêt de la compétition au printemps dernier. [...] Cela démontrait la confiance du club" précise Borgia.
Des performances qui lui valent d'être convoqué sur le banc pour les matches de Ligue des champions face à la Juventus, Manchester City et le Bayern.
Des crampons d'Andersen à sa place dans la hiérarchie
Rien n'était pourtant écrit d'avance, loin de là, pour le natif d'Abidjan, qui avait à peine de quoi se nourrir à ses débuts. Retour en arrière sur un parcours aussi inspirant que sinueux.
"Le soir, il y avait toujours à manger et ma mère faisait le maximum. Mais le matin ou le midi... Des fois, je faisais la sieste car ça permettait d'arriver plus vite au seul repas de la journée [...] Quand je n'avais pas de chaussures, je partais aider un maçon pour avoir de l'argent et m'en acheter," confiait Diomandé au journal L'Equipe le 19 février dernier.
A son arrivée en France, le jeune défenseur ivoirien n'est pas totalement tiré des problèmes et se retrouve confronter à quelques situations improbables.
"Je suis arrivé avec les chaussures de Côte d'Ivoire, mais quand les crampons ont été un peu usés, je glissais. [...] Joachim (Andersen) m'en a donné. Mais lui chausse du 45 je pense, et moi du 44. J'ai joué avec ça pendant trois ou quatre mois. Ensuite, quand j'étais dans le groupe, mes agents s'en sont occupés" ajoute l'international ivoirien (3 sélections) dans son entretien avec Hervé Penot.
Malgré quelques petits tracas, Diomandé vit sa grande première en Ligue 1 face à Nîmes le 18 septembre dernier. L'ascension est ensuite express. Il est titulaire contre Lorient la semaine suivante et enchaîne les rencontres avant d'assurer à merveille l'intérim d'un Denayer blessé.
"J’ai été assez épaté car il s’est tout de suite mis au niveau des titulaires malgré son inexpérience. Par rapport à ce qu’on était en droit d’attendre de lui, il a surperformé," s'étonne agréablement @Nabilon_15.
Celui qui était quatrième de la hiérarchie à l'arrière-garde lyonnaise n'a pas seulement pris les crampons d'Andersen sinon sa place de troisième défenseur après le départ de celui-ci, en prêt vers Fulham.
Des qualités athlétiques impressionnantes
Preuve de l'importance de Diomandé sur le terrain, Lyon n'a perdu qu'une seule fois lorsque ce dernier a été aligné sur la pelouse (contre Montpellier, 1-2, le 13 février dernier). L'OL restait sur 19 rencontres sans s'incliner avec son précieux porte-bonheur sur le terrain.
Tout sauf une question de chance pour celui dont les qualités athlétiques impressionnent son entraîneur mais aussi ses supporters.
"Je n'aimerais pas jouer attaquant quand il est en défense" confiait Rudi Garcia à L'Equipe, vantant les qualités physiques de son jeune défenseur. "C'est un joueur qui a un formidable potentiel athlétique, il a une bonne capacité de relance quand il ne se précipite pas et fait les bons choix."
Sur le sujet, les fans du club rhodanien, souvent en désaccord avec leur coach, ne peuvent que valider les propos élogieux de Garcia envers l'Ivoirien.
"Sur le terrain il apporte du calme et de la promptitude. Sa plus grosse qualité est la détente verticale. La sienne est particulièrement impressionnante et rare. Elle intègre des capacités athlétiques notables chez lui. Ajouter à cela une relance courte/mi longue verticale assez sûr, ce qui en fait un défenseur relativement complet malgré son jeune âge" analyse Nabilon.
"Son jeu de tête, mais aussi la verticalité de ses passes, elle permet de casser les lignes et de créer des situations dangereuses dans la profondeur. Il ne se cache pas," ajoute Borgia.
"Il est très rapide pour un défenseur central, il a une détente phénoménale, très dominateur dans les airs, surtout défensivement, pour l'instant il ne brille pas encore sur les coups de pieds arrêtés offensifs mais ça ne devrait pas tarder. Il conduit la balle sans la regarder, très serein. Une bonne qualité de relance avec une faculté intéressante pour casser les lignes. Il est très agressif mais fait finalement assez peu de fautes." conclut Aymeric.
Le futur de l'OL ?
"C’est l’un des défenseurs centraux de l’avenir de l’OL" terminait finalement d'argumenter Garcia. Un aveu que les supporters lyonnais, prudents, aimeraient bien voir se confirmer. "J'aimerais bien, mais cela dépendra de l'entraîneur en place," signale Borgia.
"Le futur de l'OL c'est dur à dire car je pense que des clubs pourraient vite se pencher sur son cas, avertit Aymeric. Pour sa place de titulaire l'année prochaine ça va dépendre d'énormément de facteurs dont le départ de Garcia qui voulait recruter un DC et ne croyait pas du tout en lui à la base, c'est Juni qui a énormément insisté".
La prolongation de Marcelo et le départ, ou non, de Denayer devraient forcément entrer en jeu au moment de reconsidérer la place de Diomandé qui a récemment prolongé avec l'OL jusqu'en 2025.
"Il était déjà à un niveau proche de Marcelo, pourtant très expérimenté, et qui donne entière satisfaction cette saison. Alors on peut imaginer qu’avec une saison en professionnel derrière lui, il puisse le supplanter sur la saison 2021-2022, ou au moins encore plus le concurrencer," affirme Nabilon, confiant.
Ce dimanche soir, contre l'OM dans l'une des plus belles affiches de la saison, Sinaly Diomandé aura certainement une occasion de plus de le prouver, lui qui se sent parfaitement bien dans ses propres crampons désormais.