Toulouse FC : Le renouveau d'un club ambitieux qui veut vivre son rêve américain
Par Nathan Themines
Rétrogradé en Ligue 2 la saison dernière et étiqueté comme une équipe de losers après la série historique de 23 matchs sans victoire, le Toulouse Football Club est entré dans une nouvelle ère. Suite au rachat du club par le fond d'investissement américain RedBird Capital, le Téfécé nourrit désormais des ambitions digne de la quatrième ville de France.
"Remonter immédiatement en Ligue 1 et installer, à terme, le TFC dans le top 8". Le discours était clair, les ambitions affichées, les supporters toulousains pouvaient de nouveau rêver. Le nouvel investisseur n'arrivait pas en ville rose pour jouer les petits bras. Lors de la conférence de presse organisée pour présenter le nouveau président du club Damien Comolli, ce dernier avait affiché des ambitions extrêmes, que le club peut désormais envisagées.
Fort d'un recrutement intelligent malgré les départs de ses cadres, c'est tout l'organigramme du club qui a été bouleversé à travers ce rachat. Voulue par l'ancien président Olivier Sadran depuis plusieurs mois, c'est finalement le 20 juillet 2020 que la vente du club toulousain s'est officialisée. Le club entre dans une nouvelle ère, et devient propriété de RedBird Capital Partners à 85%.
Nouveau propriétaire, nouveau départ
"RedBird Capital Partners, probable futur actionnaire majoritaire du TFC, est une plateforme américaine d'investissement basée sur des capitaux propres et aux participations diversifiées."
Le quotidien l'Équipe, lorsqu'il dévoilait l'identité des nouveaux propriétaires du club toulousain, présentait un fonds parmi de nombreux autres aux États-Unis. Cette société, fondée en 2014 par Gerry Cardinale, a pris des parts dans 20 entreprises situées dans les secteurs de la communication, du sport, des services aux entreprises et de l'énergie, pour un total de 2,84 milliards d'euros.
Pour lancer ce nouveau projet en France, Damien Comolli est choisi comme président, lui qui a officié comme directeur sportif à l'AS Saint-Étienne, à Liverpool ou encore au Fenerbahçe. "On a cassé la dynamique de l'année avec des changements à tous les niveaux. De la direction à l'entraineur en passant par le staff et les joueurs. On a fait un recrutement de qualité. On a un budget, on a un statut, on a une expérience, tout cela fait qu'on a quelque chose qui se dégage. Même si on sait d'où on vient", analyse Jean-Baptiste Jammes, créateur du site LesViolets.com.
Car le TFC revient de loin, dernier de Ligue 1 l'année dernière, voilà quelques années que le club jouait avec cette relégation. À force de jouer avec le feu on se brûle, et il a fallu éteindre l'incendie en deuxième division.
Recrutement intelligent
Une deuxième division homogène, où seul le Paris FC semble au dessus cette saison. Le club de la capitale, comme son homologue en Ligue 1 parait armer pour surclasser la Ligue 2. Derrière, ce sont 17 équipes qui se tiennent à seulement neuf points de différence. Un panel d'équipes dont fait partie le TFC, pour l'instant classé 10ème à trois points du deuxième Troyes. Des bonnes performances dues notamment à un recrutement qui donne satisfaction.
En témoigne l'arrivée de joueurs comme Stijn Spierings ou Brecht Dejaegere, deux joueurs d'expérience qui apportent beaucoup à cette équipe. "Il y a beaucoup de nouveautés, admet JB Jammes. On a fait un recrutement plutôt positif. Des joueurs sont partis : Dossevi, Gradel, Sangaré, Reynet, Sylla, Vainqueur, Bostock, Sanogo, Makengo et d'autres. Ce n'est pas rien, mais ce n'est pas plus mal car ils étaient des joueurs qui n'étaient plus dans la dynamique du TFC. Dans les recrues il y a du très bon : Spierings, Dejaegere. Du bon pour la Ligue 2 : Machado, Dupé. Et d'autre où il y a quelques interrogations : Healey, Van den Boomen ou Bayo."
Un constat simple sur le recrutement du Toulouse Football Club, qui avait besoin d'un tel remaniement dans son effectif pour aller chercher l'objectif principal, celui de remonter en Ligue 1, une division qui a tant fait fait souffrir les supporters violets ces dernières années.
Club jeune et malade...
"On sait d'ou on vient, on reste un malade. Alors certes ça va mieux mais il peut y avoir des frémissements de la maladie. On prend pas un but pendant 4 matchs et d'un coup on prend 5 à domicile face au 15ème de Ligue 2", constate JB. Car en effet, le TFC a souffert ces dernières années. 17ème en en 2014/2015 et 2015/2016 avec, cette saison-là, la patte de Bodiger pour sauver le TFC lors de la victoire à Angers.
Sauver de la relégation lors d'un barrage en 2017/2018 et 16ème en 2018/2019, le TFC est finalement logiquement relégué en 2019/2020. Une descente inéluctable à laquelle les supporters violets s'étaient préparés.
"Je me suis toujours positionné en me disant que si on descendait ça ne serait pas la fin du monde, confie JB. Mais on l'a vu arriver quand même. On n'a pas manqué qu'une seule saison. On aura pendant longtemps cette réputation de loser mais il faut se rendre de ce qu'il s'est passé. On n'a pas gagné pendant 23 matchs, 23 matchs ! On l'a cherché cette étiquette. On l'a, maintenant il faut l'assumer."
Un constat terrible mais tellement réaliste de la part de JB. Mais ce supporter préfère relativiser: "Ce que pensent les autres après on s'en fout, nous on veut des victoires. Regardons Rennes. Ils étaient catégorisés comme losers aussi, aujourd'hui ils sont deuxièmes ou troisièmes de Ligue 1 et ils sont en Ligue des Champions". Suivre l'exemple rennais serait une magnifique preuve de réussite pour les Toulousains, qui peuvent désormais nourrir des ambitions à la hauteur des moyens entrepris.
... mais plein d'ambitions
Cette relance commence d'ailleurs cette saison, où la montée en Ligue 1 est obligatoire. Damien Comolli le confiait, le fait de rester en Ligue 2 serait un échec. Pour remonter, Toulouse met les moyens. Recrutement de qualité et surtout, un football retrouvé au TFC. Sous la houlette de Patrice Garande et son 3-5-2 qui fonctionne, les joueurs toulousains montrent de belles choses sur le terrain et exposent leurs arguments dans le jeu.
"J’ai d’abord apprécié sa personnalité, il est déterminé, avec une motivation qui sort de l’ordinaire. Il déteste la défaite, et a beaucoup d’ambitions pour le club, comme moi. Lors de nos entretiens, il a exposé sa vision du jeu de manière très claire, cela nous a séduits."
- Damien Comolli sur Patrice Garande
Avec une philosophie de jeu offensive, portée sur l'attaque et le jeu à la verticale, le coach des Violets aime imposer son rythme et défendre en avançant. Mais le Toulouse FC est encore une équipe jeune, dont beaucoup de joueurs sont arrivés récemment, et tout ce beau monde doit encore apprendre à se connaître.
"Il nous manque du vécu ensemble, les joueurs ne se connaissent que depuis un ou deux mois. Il nous faut trouver une régularité et la course contre la montre est déjà lancée donc on va devoir faire vite", témoigne JB qui essaie de trouver ce qu'il manque au TFC pour être au niveau du Paris FC par exemple.
Le TFC a été créé en 1970, tout comme le Paris Saint-Germain, qui a vécu une seconde jeunesse avec son rachat en 2011. Souhaitons au Tef une issue à la parisienne, pour pourquoi pas "rêver plus grand". Le retour en Ligue 1 est inévitable et cette montée sera le début du rêve américain, pour le Toulouse Football Club.